Des drones qui fouillent le sol

N° 312 - Publié le 3 septembre 2013
© Photogramétrie INRAP - Hervé Paitier
En juillet dernier, lors du chantier archéologique des Portes mordelaises. Le bâtiment a été photographié 120 fois à différentes hauteurs, grâce à des perches. Chaque losange indique l’emplacement d’un capteur photo, le trait noir l’angle de la prise de vue. L’an prochain, un drone complétera ces prises de vues, pour une reconstitution 3D complète, plus haut et à l’intérieur.

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Après les ULM, les archéologues utilisent des drones. Pour des plans en 3D, y compris à l'intérieur des bâtiments.

Les archéologues font déjà voler des drones. En 2011, l’Inrap(1) a mené une série de fouilles préventives sur le tracé de la nouvelle ligne du TGV, entre Rennes et Le Mans(2). « Nous avons utilisé un drone équipé d’un magnétomètre(3), pour détecter la présence de fer dans le sol et repérer des traces de métallurgie », explique Hervé Paitier, le photographe de l’Inrap grand Ouest, à Rennes. Des sites de transformation du minerai, en activité depuis l’âge du fer jusqu’au Moyen Âge (puits pour l’extraction, fours et forges) ont été localisés. La startup Tellus Environnement(4), familière des drones et spécialisée dans le traitement de données pour des cartes haute définition, a collaboré à ce projet.

« Les 100 km du tracé de la LGV ont été photographiés grâce à l’ULM, qui reste indispensable sur les grandes distances, précise Hervé Paitier. Mais le drone est complémentaire. » À la différence d’un avion, il peut rester immobile. Il permet de prendre des photos plus hautes qu’au bout d’une perche (7 m) ou d’une nacelle (20 m). « Pour un vol en ULM, ou lors du déplacement d’une nacelle, nous sommes régulièrement bloqués par la météo. Avec les drones, il est possible d’intervenir rapidement, dès qu’il fait beau. Ils seront bientôt utilisés par l’Inrap, sur presque tous les chantiers, pour des relevés. »

Pour le plan de vol, le photographe de l’Inrap, également pilote d’avion, détermine les points de cheminement au dessus desquels l’appareil fera ses prises de vues. Il peut aussi l’orienter quand il le souhaite, vers la droite ou la gauche. Un retour écran sur la station de contrôle permet de suivre la visée de l’appareil et de modifier les paramètres de la prise de vue (angle, diaphragme). En vol stationnaire, l’appareil peut réaliser une prise de vue à 360 °. « Pour l’archéologie du bâti ancien, le drone est une aide à la prise de vue. Il permet de restituer précisément une architecture en 3D. Y compris de l’intérieur des bâtiments, en photographiant des endroits peu accessibles, entre des éléments de charpente, par exemple. » À partir du fichier 3D, il suffit de cliquer entre deux points pour obtenir la distance qui les sépare !

L’Inrap devrait prochainement s’équiper de son propre drone. Ce type de machinepourra voler en ville et au-dessus du public, dans un rayon de 150 m autour du pilote(5). À Rennes, il servira pour la prochaine étape des fouilles aux Portes mordelaises, lors de la campagne 2014. Il dévoilera les faces de l’édifice, scanné sous tous les angles, à toutes les hauteurs, de l’extérieur et de l’intérieur.

Nicolas Guillas

(1)Inrap : Institut national de recherches archéologiques préventives.
(2)Les fouilles ont été financées par Eiffage, qui aménage la ligne à grande vitesse (LGV).
(3)Le magnétomètre mesure le champ magnétique terrestre, perturbé par des objets enfouis. (4)Actuellement installée à Guichen, Tellus Environnement est une start-up créée en 2012 à l’UBO, à Brest. (5)Lire l’encadré, p. 11.

Hervé Paitier Tél. 02 23 36 00 40
herve-pierre.paitier [chez] inrap.fr (herve-pierre[dot]paitier[at]inrap[dot]fr)

Geoffroy Étaix Tél. 06 66 61 90 88
geoffroy.etaix [chez] tellus-environnement.com (geoffroy[dot]etaix[at]tellus-environnement[dot]com)

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