Ressources locales, traitements combinés, ce mode inédit de production d’énergie renouvelable servira-t-il de modèle ?
À Locminé, dans le Morbihan, un véritable centre d’énergie renouvelable(1) est en train de voir le jour sur un site de quatre hectares. Le principe ? Associer la biomasse du bois et la méthanisation de ressources organiques issues des différentes activités locales (industries agroalimentaires, collectivités, exploitations agricoles) pour produire de la chaleur et du biogaz. Lancé en 2010, le projet est unique en France.
Une empreinte carbone nulle
La chaufferie à bois, mise en service en 2012, permet de produire de l’eau chaude à 90 °C pour alimenter un réseau de chaleur de 4 km, desservant des installations collectives (le centre aquatique, le collège, la salle culturelle), un industriel de l’agroalimentaire et un hameau de sept habitations. Elle a été imaginée (procédé et système de sécurité) pour fonctionner en parfaite complémentarité avec l’unité de méthanisation, qui sera, quant à elle, opérationnelle en juin 2016. Celle-ci promet de fournir, chaque année, cinq millions de m3 de biogaz. Une fois raffiné, ce biogaz produira, via un moteur de cogénération, de l’électricité à redistribuer sur le réseau ErDF, de la chaleur pour alimenter les collèges, lycées, salles de sport et industriels de proximité, et du biocarburant gazeux(2) sous la marque déposée Karrgreen. « Ce biométhane est une énergie entièrement propre en plus d’être renouvelable. Il n’émet aucune particule et son empreinte carbone est nulle », explique Marc Lemercier, directeur de la Société d’économie mixte (Sem) Liger qui porte le projet. Pour renforcer sa démarche, la Sem Liger prévoit d’interdire tout véhicule roulant à l’énergie fossile dans l’enceinte de son site, dès la fin de l’année 2016. « Le Karrgreen ravitaillera les flottes captives de l’entreprise qui récupéreront les 60000 tonnes de matières premières destinées au méthaniseur directement chez les clients fournisseurs, dans un rayon de 9 km, et les transporteront jusqu’au site de Liger. On peut très bien imaginer aussi l’autonomie totale des transports scolaires dans le Morbihan, soit cent bus qui parcourent chacun 60000 km par an. » La station de distribution, installée à 500 m du site de Liger, a été inaugurée le 19 mai dernier.
Une économie circulaire locale
L’objectif de la Sem Liger est d’exploiter au maximum les matières obtenues à la sortie de l’unité de méthanisation. « Le digestat servira de fertilisant biologique. Et par la suite, même le dioxyde de carbone pourrait être réutilisé, pour cultiver des microalgues, par exemple, explique le directeur de Liger. La lutte contre le changement climatique est notre première motivation. Sans oublier que la fin du pétrole est proche, nous ne voulons pas subir cette échéance. Nous voulons ouvrir de nouvelles voies économiques ! »
(1) Projet soutenu par le Conseil général du Morbihan, la Région Bretagne, l’Ademe et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.
(2) Appelé aussi BioGNV. Vingt millions de véhicules dans le monde roulent au Gaz naturel véhicule (GNV) non biologique, aujourd’hui composé essentiellement de méthane d’origine pétrolière.
Marc Lemercier
marc-lermercier@liger.fr
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest