Les bienfaits du brocolis

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N° 342 - Publié le 23 juin 2016
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Des Bretons ont isolé un principe actif issu du brocoli et démontré son activité contre le cancer de la prostate.

Manger cinq fruits et légumes par jour a de nombreuses vertus. Depuis les années 1990, plusieurs études épidémiologiques suggèrent que leur consommation réduit le risque de cancer. Le brocoli retient particulièrement l’attention des chimistes de Nutrinov(1). Après quinze ans de recherche, ils ont mis au point un complément alimentaire, appelé Prostaphane®, à partir des graines de ce légume.

Mieux que le brocoli cru

Prostaphane® est composé de sulforaphane, une molécule connue pour ses effets antioxydants et anti-inflammatoires notamment. « Le brocoli n’en contient pas directement, précise Théo Efstathiou, responsable Recherche et Développement de Nutrinov. La molécule est produite lors de la mastication, grâce à une enzyme endogène du crucifère. » Cette enzyme, moins efficace si le brocoli est cuit, est également présente dans l’intestin mais de façon aléatoire selon les individus. Nutrinov a donc breveté sa propre méthode d’hydrolyse enzymatique pour que la molécule de sulforaphane soit disponible avant même l’ingestion. De nature instable, elle se dégrade en quelques jours et n’a pas pu, jusqu’ici, être développée en médecine. Mais Nutrinov pourrait changer la donne : « Nous sommes parvenus à extraire et à stabiliser la molécule grâce à un procédé que nous avons breveté », explique Théo Efstathiou. Depuis 2012 et suite à une première étude clinique(2), le produit est disponible sous forme de comprimés en pharmacie. Mais il n’est pas considéré comme un médicament. En 2014, une seconde étude clinique a été réalisée auprès de quatre-vingts volontaires de quatorze centres médicaux en France(3). Les patients avaient subi une ablation de la prostate et étaient en début de récidive de leur cancer, comme en témoignait l’augmentation de leur taux de PSA(4) dans le sang. « Le PSA nous a servi de marqueur biologique pour évaluer l’activité de Prostaphane® chez ces patients. » Les résultats ont montré que l’évolution du taux de PSA était 43 % moins forte chez les patients prenant Prostaphane® que chez les autres. De nouveaux essais cliniques devront être menés pour confirmer ces données.
« Les doses de sulforaphane ayant démontré un intérêt représenteraient environ 600 g de brocoli cru par jour ! », précise le chercheur.

Un vide thérapeutique

Les patients en récidive après une ablation de la prostate suivent une chimiothérapie ou une radiothérapie lorsque le taux de PSA est trop élevé. « Mais tant que ce taux n’est pas atteint, il n’existe aujourd’hui aucun traitement adapté. Les patients sont donc en surveillance active. » Chez ces patients, Prostaphane® pourrait jouer un rôle médical majeur. Le sulforaphane agirait comme un protecteur des gènes suppresseurs de tumeur qui, au fil des années, ont été inhibés par la présence d’éléments chimiques provenant de l’environnement (pollution, stress, mode de nutrition...). Le sulforaphane permettrait donc à ces gènes spécifiques de s’exprimer à nouveau... mais pas seulement. « Son action est multiple, ajoute Théo Efstathiou. Il réduit également la surexpression de fragments d’ARN qui, elle, engendre la multiplication des cellules cancéreuses. » Le sulforaphane stabilisé de Nutrinov serait donc efficace pour prévenir le cancer de la prostate et éviter son aggravation.

Klervi L'Hostis

(1) Le département Recherche et Développement du groupe agroalimentaire Triballat Noyal.
(2) Étude de phase 1, réalisée entre 2012 et 2015 pour vérifier la tolérance des consommateurs au produit.
(3) Publiée en mai 2015 dans le journal Cancer Prevention Research.
(4) PSA : antigène spécifique de la prostate.

Théo Efstathiou
tél. 02 99 31 25 72
theo.efstathiou@nutrinov.com

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