
Un nouveau système d’assistance à la conduite, plus coopératif, a été mis au point par des chercheurs de Nantes.
Tout déléguer à la voiture, le rêve ? Pas forcément celui de tout le monde. Avant de lâcher totalement pédales et volant, il existe une solution intermédiaire qui est celle de l’assistance à la conduite. Les systèmes actuels d’assistance interviennent sur le freinage : freinage pur pour l’ABS(1), contrôle de la trajectoire par des freinages différents selon les roues pour l’ESP(2), et sur la direction pour le LKA (Lane Keeping Assist). Une prise de contrôle, ignorant les actions futures les plus probables du conducteur, n’est pas toujours bien perçue, surtout dans le cas d’une action partagée sur la colonne de direction. Les chercheurs de l’équipe Commande de l’Irccyn(3) (Nantes) ont choisi une autre voie, plus coopérative.
Mettre l’humain dans la boucle
La démarche s’illustre par le nom même du projet : Partage(4) mené de 2009 à 2012. « Dans ce projet, nous avons pris en compte le comportement du conducteur, ce qui n’est pas une mince affaire, plaisante Philippe Chevrel, professeur de l’École des mines, et responsable de l’équipe Commande de l’Irccyn. La mécanique, on sait comment elle se comporte, mais l’humain... »
Les chercheurs ont utilisé un simulateur de conduite permettant d’observer un conducteur en situation (photo). Quelles forces applique-t-il sur le volant dans les virages ? Où regarde-t-il ? À 5 m devant son véhicule et en même temps au loin... « Nous nous sommes entourés de nos collègues psychologues (équipe PsyCoTec) qui nous ont aidés, nous les automaticiens, à donner du sens au modèle en analysant le comportement humain, en associant une perception à une action, en modélisant les réflexes... Le but étant de tout traduire en paramètres de façon à recréer un modèle qui conduise comme un humain ! »
Renault toujours dans la course
Au bout des trois ans qu’a duré le projet, c’est une sorte de main virtuelle qui a été créée. Elle agit sur le volant (et non sur les freins) de manière douce et continue. Elle ne contrarie pas le geste du conducteur. Ces résultats ont été mis à disposition de Renault, un des partenaires du projet Partage, qui continue à faire des tests sur un simulateur de conduite dynamique plus réaliste (monté sur vérins), qui reproduit les accélérations.
« Aujourd’hui, ce système coopératif pourrait s’intégrer dans un véhicule normal pour l’assistance à la conduite. Demain, il pourra être utilisé dans un véhicule autonome, pour rendre graduelles les phases de transition entre conduite manuelle et conduite automatique », précise encore Philippe Chevrel. En attendant, la coopération avec le constructeur français et l’Irccyn continue autour d’une thèse Cifre(5) sur la détection de distraction. Toujours en s’appuyant sur un modèle de comportement de l’humain...
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