4000 tonnes de béton flottant

N° 345 - Publié le 19 octobre 2016
IDEOL
Ce chantier carré, dans un bassin de Saint-Nazaire, est la base de l'éolienne flottante conçue par Ideol. Ce bloc de béton flottera l'an prochain au large du Croisic (image de synthèse).

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Un immense carré de béton armé, avec des bulles à l’intérieur, se construit à Saint-Nazaire. Il fera flotter une éolienne.

L’innovation dans la construction passe aussi par l’océan. La société Ideol(1) a conçu la première éolienne flottante française. Sa construction a démarré à Saint-Nazaire (Pays de la Loire). Le projet Floatgen associe plusieurs acteurs locaux, dont l’École centrale de Nantes. La base de l’éolienne a la forme d’un donut carré. Plus précisément, c’est un octogone irrégulier, dont les grands côtés mesurent 36 m de long pour 9,50 m de haut, avec un grand trou au milieu.

« Ce puits central confine une masse d’eau et joue le rôle d’amortisseur des efforts de la houle, explique Thomas Choisnet, le directeur de l’innovation chez Ideol. Cela réduit les mouvements de la plate-forme et de l’éolienne. »

La construction de ce flotteur original, qui pèsera environ 4000 tonnes, vient de commencer sur trois barges soudées dans un bassin nazairien. Bouygues TP le réalise pour Ideol. « Nous sommes en train de poser le bois de coffrage, sur lequel nous fixerons les armatures, puis nous coulerons le béton du fond de la coque. Le jeu consiste à contrôler le ballastage : nous avons rempli les compartiments des barges d’eau, du poids de la structure, et nous enlevons l’eau au fur et à mesure. » Cette coque n’est pas à base d’écomatériaux. C’est du béton armé haute performance, avec une densité élevée de barres en acier à l’intérieur.

De grosses bulles d’air

Comment cette plate-forme en béton flottera-t-elle ? « Le béton est plus lourd que l’eau, mais nous allons ériger des murs à l’intérieur de la structure, poursuit Thomas Choisnet. Ils entoureront seize cellules creuses dans la coque, d’un volume global supérieur à 300 m3, pour créer de grosses bulles d’air, délimitées par des membranes de béton. » Ce flotteur ne va-t-il pas pencher du côté de l’éolienne, qui pèsera 200 tonnes avec sa tour ? « Nous mettrons du ballast du côté opposé à l’éolienne, dans le béton. Le poids total de la plate-forme sera d’environ 6000 tonnes. » Des analyses dynamiques garantissent que l’hélice, en tournant, ne fera pas vibrer le flotteur.

Au printemps 2017, la coque sera terminée et remorquée vers une écluse du port. Quand l’écluse sera vidée, les barges remplies d’eau resteront au fond. L’anneau octogonal sera décroché des barges. En remplissant l’écluse, il flottera tout seul. Ideol assemblera alors l’éolienne de 2 MW. La structure sera remorquée jusqu’au site d’essai en mer Sem-Rev(2), au large du Croisic, durant l’été. Des instruments sur l’éolienne et le flotteur vérifieront si les modèles de prédiction sont corrects. Plusieurs mois seront nécessaires pour qualifier ce démonstrateur. Le site d’essai étant relié par un câble électrique, Ideol y branchera sa machine. Un second câble dédié à la communication haut débit permettra de suivre en direct l’évolution de ce bouchon de béton, surmonté d’une hélice.

Nicolas Guillas

(1) Ideol est basée à La Ciotat, à quelques kilomètres de Marseille.
(2) Sem-Rev (Site d’expérimentation en mer pour la récupération de l’énergie des vagues) est un projet porté par l’École centrale de Nantes. www.semrev.fr.
Pour en savoir plus : le site floatgen.eu/en/live permet de suivre en direct (photos) l’avancée du chantier.

Thomas Choisnet
tél. 04 86 20 80 50
thomas.choisnet@ideol-offshore.com

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