Dessine-moi la carte des brevets bretons !

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N° 346 - Publié le 14 novembre 2016
Ouest Valorisation
La dynamique de l’innovation
Illustration de l’évolution des demandes de dépôt de brevets au cours du temps pour deux molécules.

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Dans la course au brevet, l’analyse de la concurrence est indispensable. Les outils de cartographie révèlent alors leur puissance.

Un petit dessin vaut mieux qu’un long discours ! Cet adage bien connu s’applique parfaitement au travail d’Arnaud Trochet, ingénieur cartographe et responsable veille depuis un an à la Satt Ouest Valorisation(1). Son rôle au sein de la structure de transfert de technologies consiste à créer des outils de visualisation d’un ensemble de données concernant une nouvelle technologie, un brevet... issus des laboratoires du grand Ouest. Quels sont leurs concurrents ou partenaires potentiels ? Dans quel pays la découverte ou la technologie a-t-elle le plus de chance de se développer ? « Nous avons décidé de pérenniser ce poste car la cartographie est un outil de positionnement et d’aide à la décision qui permet de traiter et décrypter de gros flux d’informations, précise Béatrice Viale, secrétaire générale de la Satt. Nous l’utilisons aussi bien en interne avec nos chargés d’affaires, qu’en externe pour les besoins des chercheurs avec lesquels nous travaillons. »

Taille du portefeuille et positionnement des déposants. Chaque bulle correspond ici au nombre de familles de brevets comptabilisées par des déposants pour les différentes pathologies ciblées par une molécule. On identifie ainsi la spécialisation des acteurs.


Les réseaux de collaborations


Le corpus de brevets

Prenons l’exemple d’un chercheur qui souhaite protéger une molécule anticancéreuse. La première phase de travail du cartographe consiste à identifier des mots clés pour faire des recherches dans la base de données brevets internationale (Orbit). « Cette première recherche est très importante car elle conditionne toute la suite, explique-t-il. Il faut éviter au maximum tout bruit parasite, c’est-à-dire les informations qui, au final, ne se rapportent pas à la molécule en question. » Ensuite, Arnaud Trochet extrait des informations de la liste de brevets. Les deux indicateurs de base sont : la zone géographique des centres de recherche ayant déposé les brevets déjà sur le marché, ainsi que leur date de dépôt. Ces données pourraient très bien être présentées sous la forme d’une liste, mais si elle contient quatre cents brevets, la lecture peut vite devenir fastidieuse... Utiliser une carte pour figurer la répartition géographique, ou un histogramme pour les dates de publication est beaucoup plus efficace. Et les croisements de données sont plus faciles à visualiser. « Sur l’histogramme de temporalité, on identifie tout de suite les phases d’accélération ou de ralentissement de l’activité. Si l’on couple cette information avec le nom et/ou la nationalité du déposant, on met en évidence les acteurs historiques ou émergents. » Une troisième information, le nombre de brevets, peut même être ajoutée facilement sous la forme de points plus ou moins gros. Arnaud Trochet utilise un logiciel de cartographie (Intellixir) qui propose des modes très variés de représentation.

Il continue ensuite à fouiller, à rechercher les indicateurs, moins explicites, qui peuvent intéresser le chercheur et lui apporter des informations intéressantes. Le nombre de déposants académiques et industriels, par exemple ; les différentes familles de brevets ou les types de maladies déjà ciblées par la molécule.

Les zones blanches

L’idée ici est de faire apparaître les zones blanches, c’est-à-dire les maladies non encore ciblées ou étudiées. « On peut alors dire au chercheur : cette piste n’a pas encore été explorée, poursuit-il. Le brevet est une information économique et juridique qui permet de monétiser l’invention ou la découverte et de les revendiquer. »

Arnaud Trochet met entre quatre et cinq jours à produire l’ensemble d’une cartographie. « À chaque fois, c’est du sur-mesure, ajoute Béatrice Viale. C’est un travail qui nécessite des compétences en traitement, analyse statistique et cartographie et qui demande aussi une grande curiosité pour aller échanger avec les chercheurs dans tous les domaines. » Le cartographe doit en effet s’immerger dans chaque domaine à analyser : de la concentration de pesticide à utiliser pour rester écorespectueux, à l’impression 3D, en passant par le maillage des compétences mondiales dans le secteur des énergies marines renouvelables (EMR). « Dans cette étude sur les EMR, il y avait plus de vingt compétences à prendre en compte : génie civil, génie électrique... Les croisements de données et les modes de représentation n’en sont que plus nombreux ! » Pas la peine de vous faire un dessin.

Nathalie Blanc

(1) Société d’accélération du transfert de technologies du grand Ouest.

Arnaud Trochet
tél. 02 99 87 56 01
arnaud.trochet@ouest-valorisation.fr

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