L’épidémiologie de la peau

N° 355 - Publié le 4 octobre 2017
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Le service de dermatologie du CHU de Rennes est impliqué dans une étude nationale sur l’exposition aux médicaments.

Le traitement de l’acné par l’isotrétinoïne(1) est-il corrélé à des tentatives de suicide chez les adolescents ? Le médicament Hémangiol commercialisé depuis 2013 pour soigner les hémangiomes - grosses taches vascularisées chez les nouveau-nés - génère-t-il plus de bronchites, de bronchiolites ou de problèmes cardiaques chez ces nourrissons ? Ces questions sont loin d’être banales. Et pour y répondre, il faut pouvoir croiser deux grandes familles de données : celles liées à la prise de médicaments, via les fichiers de la Caisse primaire d’assurance maladie, et celles liées à des hospitalisations qui émanent des services hospitaliers.

Rennes, plate-forme nationale

« On parle là des données de toute une population. Elles sont collectées grâce au système de santé français très performant et constituent un vrai trésor, explique le professeur Alain Dupuy, épidémiologiste et chef du Service de dermatologie au CHU de Rennes. Elles couvrent l’ensemble des 66 millions de Français et sont donc statistiquement intéressantes, car il n’y a pas eu de sélection des patients ! » Or, elles sont très peu exploitées(2).

Cela n’est pas propre à la dermatologie, mais concerne bien sûr toutes les disciplines médicales. L’Agence nationale de sécurité et du médicament (ANSM) en a pris conscience, notamment à la suite de l’affaire du Mediator(3). Elle a lancé une réflexion sur les moyens à développer pour mener des études pharmacoépidémiologiques. Suite à un appel à projets, Rennes et Bordeaux ont été les deux villes retenues pour constituer des plates-formes d’accès(4).

L’acné, le psoriasis, le mélanome

Dans la capitale bretonne, c’est un consortium composé de plusieurs établissements de recherche et de santé(5) qui s’est constitué et dont Alain Dupuy, avec deux autres collègues dermatologues, fait partie ; ainsi qu’une nouvelle équipe de recherche en pharmaco-

épidémiologie, Repères(6), créée en janvier dernier. À côté des maladies cardio-vasculaires (AVC), neurologiques (épilepsie) et de la cancérologie, la dermatologie est donc bien représentée. En plus de l’acné et de l’hémangiome, les risques cardio-vasculaires liés à un traitement du psoriasis, maladie inflammatoire de la peau, et le traitement de patients atteints de mélanome par des nouvelles thérapies sont également en cours d’études.

« Et il y a aussi de nombreuses questions qui peuvent alimenter la recherche. Par exemple, les bétabloquants couramment prescrits pour traiter la tension artérielle auraient des effets bénéfiques sur le mélanome. Mais cette information n’a jamais fait l’objet d’une analyse poussée sur un grand nombre de patients. Grâce à la plate-forme d’accès aux données, cette étude peut maintenant s’envisager. »

Financé pour quatre ans, la première phase du projet se termine en 2018. L’ANSM indiquera la suite à donner.

Nathalie Blanc

(1) Anciennement Roaccutane. (2) Lire Des millions de données passées au crible dans Sciences Ouest n° 340-mars 2016. (3) Médicament prescrit pour traiter le diabète de type II et corrélé avec des cas d’hypertension artérielle pulmonaire ayant entraîné la mort. Le médicament a été retiré de la vente en France grâce au combat de la pneumologue brestoise Irène Frachon. (4) À Rennes, projet Peps (Pharmacoépidémiologie des produits de santé). (5) CHU de Rennes, École des hautes études en santé publique (Ehesp), Université de Rennes1, Institut de recherche technologique b-com, Laboratoire traitement du signal et de l’image (LTSI), UMR Inserm/Université de Rennes 1, Inria Rennes-Bretagne Atlantique, Irisa. (6) Recherche en pharmacoépidémiologie et recours aux soins. Équipe d’accueil Université de Rennes 1/Ehesp, coordonnée par le Pr. Emmanuel Oger et le Dr Grimault.

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