Un nouveau test très sensible

N° 355 - Publié le 4 octobre 2017
Eurosafe

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Médicaments et cosmétiques sont testés sur des échantillons de peau reconstruite par une entreprise rennaise.

Cellules hépatiques, plasma, sang, peau... Pour étudier les effets des ingrédients (ou produits finis) cosmétiques et pharmaceutiques, l’entreprise Eurosafe, basée à Saint-Grégoire (au nord de Rennes), se fournit auprès de sa maison mère, Biopredic, située dans le même bâtiment.

« En ce qui concerne la peau, nous travaillons sur des échantillons humains prélevés pendant des opérations de chirurgie plastique, sous forme de petits disques, ainsi que sur des échantillons de peau reconstruite », explique Françoise Brée, responsable des ventes. Travailler in vitro est une pratique de plus en plus courante, car il est interdit depuis 2013 de tester les ingrédients cosmétiques sur les animaux (test Llna(1)). D’où le développement du test Sens-Is(2) par Eurosafe.

Reconstruire de la peau se fait à partir des cellules de l’épiderme, les kératinocytes (lire Comprendre ci-dessous) issus de plusieurs donneurs, pour avoir une réaction moyenne, et mis en culture dans un milieu nutritif approprié.

Élastique, sans poils ni mélanocytes

Les kératinocytes se multiplient et reforment du derme et de l’épiderme, ce dernier étant aussi solide et élastique que la peau humaine, mais quasiment lisse car dépourvu de pores, de poils et de mélanocytes. La couche externe, la couche cornée, est aussi très fine. « C’est la raison pour laquelle ce modèle n’est pas utilisé pour étudier le passage transcutané des produits, mais pour des tests d’irritation et de sensibilisation. Comme la couche cornée est très fine, les produits sont rapidement en contact avec les kératinocytes et peuvent aller stimuler les gènes au cœur du noyau de la cellule », ajoute son collègue Ashwani Sharma.

C’est l’originalité de ce test. Mis au point par un laboratoire privé du sud de la France, il est basé sur le suivi de l’expression(3) de trois groupes de gènes (62 au total) impliqués dans l’irritation, l’oxydoréduction et l’immunité de la peau. L’activation d’au moins sept gènes signifie que le produit pourrait induire une allergie (sensibilisation). Et il est possible de quantifier précisément le degré de sensibilité en fonction du nombre de gènes activés et de la dilution du produit testé. « Nous avons longuement validé ce test que nous commercialisons depuis un an et demi. Nous sommes pour l’instant les seuls en France à le proposer à nos clients. »

La peau dessus – dessous

La peau est une enveloppe qui nous protège sans être pour autant imperméable. Frontière entre l’intérieur de notre corps et l’extérieur, elle est en contact avec l’air et l’environnement, est le point d’entrée des produits cosmétiques et/ou des médicaments et permet d’évacuer la sueur. La peau est composée de trois couches principales : L’épiderme est la couche superficielle. De l’épaisseur d’une feuille de papier, il est composé à 90 % de kératinocytes et de 10 % de mélanocytes, qui donnent sa couleur à la peau. Les kératinocytes sont des cellules empilées un peu comme des briques. Ils se régénèrent de l’intérieur vers l’extérieur. Quand ils meurent, ils perdent leur noyau et deviennent plats. Ils forment alors la couche cornée, ou couche de desquamation.

Le derme est la couche la plus épaisse. C’est le tissu de soutien (grâce au collagène et à l’élastine) et de nutrition (vaisseaux sanguins). Il contient aussi les bulbes pileux (poils), les glandes productrices du sébum et de la sueur, ainsi que les différents récepteurs sensoriels (température, pression, douleur).

L’hypoderme est la couche la plus profonde. Composée d’adipocytes, elle assure la réserve d’énergie et la régulation thermique.

Nathalie Blanc

(1) Local Lymph Node Assay. Ce test a été développé sur la souris
pour mesurer le potentiel de sensibilisation de produits chimiques.
(2) Cottrez.F : SENS-IS, a 3D reconstituted epidermis based model for quantifying chemical sensitization potency: Reproducibility and predictivity results from an inter-laboratory study: Toxicology in Vitro 32 (2016) 248-260. (3)Grâce à la technique de biologie moléculaire qRT-PCR.

Françoise Brée, francoise.bree@eurosafe.fr,
tél. 02 99 23 63 77
Ashwani Sharma, ashwani.sharma@eurosafe.fr,
tél. 02 99 23 63 53

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