Un réseau en effervescence

L'innovation naît en mer

N° 370 - Publié le 6 mars 2019
Emmanuel Pain / Bdi
L'algue rouge jania rubens est utilisée en cosmétique.

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La biomasse marine devient une richesse économique, grâce aux laboratoires et aux entreprises.

Qu’il s’agisse d’une cellule d’algue, d’une écaille de poisson ou d’une bactérie, le potentiel de la biomasse des côtes bretonnes est très riche. Il permet de concevoir des biomatériaux, de créer des crèmes anti-âge ou encore de trouver des substituts aux antibiotiques dans les élevages.

La Bretagne est à pied d’œuvre pour découvrir et exploiter les richesses de la mer. Avec une vingtaine de laboratoires de recherche spécialisés et 70 entreprises travaillant à 100 % sur les biotechnologies marines, le secteur est en pleine effervescence. À Rennes, le centre d’innovation CBB Capbiotek « fait le mariage » entre entreprises et recherche publique, résume sa directrice Nathalie Letaconnoux. Son réseau rassemble 300 acteurs. « Les industriels nous exposent leurs problèmes. Nous cherchons des solutions possibles dans les laboratoires de recherche. »

Des prélèvements limités

Cette ébullition ne conduit pas à une invasion des côtes par des cultures d’algues. Tout se passe derrière les murs des laboratoires, sur les paillasses des chercheurs et des ingénieurs. « Les prélèvements dans le milieu naturel sont limités pour préserver la ressource, explique Roland Conanec, directeur adjoint de CBB Capbiotek. C’est en laboratoire que des analyses sont effectuées pour découvrir les potentialités de la biomasse marine. »

Au laboratoire, plusieurs facteurs sont sous contrôle. L’un des enjeux est de réaliser une production constante en termes de qualité et de quantité, le tout à un coût soutenable. Certaines découvertes sont en train de franchir le cap industriel : « Nous savons produire des biomatériaux à partir de microorganismes marins. Mais pour certaines applications, ce n’est pas économiquement viable... pour le moment, car ce secteur se développe. »

Moins de pesticides

L’agriculture recherche ces nouvelles ressources pour les intégrer à ses modes de production. Parce que les consommateurs demandent des produits naturels : moins transformés, avec moins de pesticides et d’antibiotiques. Mais aussi parce que « le cadre réglementaire, à l’instar des objectifs gouvernementaux de réduire la consommation de produits phytosanitaires, pousse les industriels à chercher de nouvelles substances adaptées à leurs techniques agricoles », poursuit Roland Conanec. C’est le cas avec les antibiotiques. Ils servent à soigner les maladies mais aussi à stimuler la croissance dans les élevages. « Plusieurs entreprises développent actuellement des substituts naturels issus des algues. »

Des algues bretonnes vers la Chine

Aujourd'hui, qui veut développer un produit pour l'export, pense systématiquement à la Chine. Pour conquérir ce marché, il faut connaître ses règles. "Les formules développées par les principaux acteurs des biotechnologies marines doivent prendre en compte cette règlementation", explique Roland Conanec. La liste d'ingrédients autorisés dans les produits finis est importante. Les extraits d'algues (algae extract) font partie des substances autorisées. Une aubaine pour exporter les composants des micro et macroalgues bretonnes.
Avec plus de 800 espèces d'algues, la Bretagne est "une mine d'or", explique Nathalie Letaconnoux. Pour autant, ce vivier est sous-exploité. Depuis 2015, la Chine a révisé la liste des espèces qu'elle exploite. Seules quarante espèces d'algues sont autorisées ! Ce qui réduit d'autant le champ d'exploitation des entreprises du secteur.

JLG
Julie Lallouët-Geffroy

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