Barnenez : le talent des bâtisseurs

N° 373 - Publié le 13 juin 2019
CC BY SA 4.0 Thesupermat

Quelles ont été les étapes de construction du cairn de Barnenez il y a plus de 6500 ans ? C’était l’objectif des recherches de Florian Cousseau, dans le cadre de sa thèse(1) à l’Université de Rennes 1.

« L’idée est de lire les murs pour identifier les étapes de leur édification, explique l’archéologue spécialiste des techniques de construction du néolithique. Nous avons adapté la méthodologie d’archéologie du bâti, utilisée habituellement pour les édifices romains et médiévaux. » Une fenêtre percée, un rehaussement du bâtiment, une partie restaurée... Chaque geste du bâtisseur laisse une trace sur la matière. Pour les recenser et obtenir des maquettes numériques, Florian Cousseau a utilisé des outils 3D. Cela permet d’analyser le site sans le détériorer. « Des dessins de chaque pierre ont permis d’étudier leur disposition et leur géologie. »

Des couleurs contrastées

La chronologie de la construction a été établie. « Le site était au départ une nécropole de plusieurs monuments, explique l’archéologue. Elle a ensuite été recouverte en deux étapes par le tumulus visible aujourd’hui. » Une étude géologique des pierres du cairn le confirme. Florian Cousseau a mis en évidence un jeu de contraste important entre les couleurs sombres et claires des roches(2). « Quand on entre dans le dolmen, un couloir de plusieurs mètres de long mène à la chambre funéraire. L’utilisation de métadolérite, une roche vert-marron, rend cet espace de transition très sombre. » La voûte de la chambre est quant à elle en granite. Sous l’éclairage des torches lors des cérémonies funéraires, cette roche plus claire apportait plus de lumière.

Techniques de construction

Depuis sa thèse, Florian Cousseau(3) s’intéresse à d’autres sites (lire ci-dessous). Il a mené un projet à l’île Guénioc(4) dans la commune de Landeda, à 60 km de Barnenez. Une nécropole regroupe quatre édifices. Résultats : le jeu de couleurs et le système de construction sont les mêmes qu’à Barnenez ! « Les techniques de construction imposent un fort degré de compétence. Il existait sans doute des bâtisseurs spécialistes qui se déplaçaient dans l’Ouest. »

Marion Guillaumin

(1) Soutenue en 2016, au Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire (Creaah).
(2) Lire Les couleurs retrouvées du cairn de Barnenez, Sciences Ouest n° 357, décembre 2017.
(3) Florian Cousseau est aujourd’hui postdoctorant à l’Université de Genève en Suisse.
(4) Lauréat de l’appel à projet “Mégalithes de Bretagne” 2017-2018, lancé par la Région.

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