
Étoiles de mer, éponges, coquilles Saint-Jacques… plus de 2 200 espèces d’invertébrés vivent au fond de l’eau, entre Bréhat et Cherbourg. Un atlas les répertorie.
Les étranges récifs de la baie du Mont-Saint-Michel sont l’œuvre de vers marins appelés les hermelles1. En quelques années, ils construisent une montagne de sable de deux mètres de hauteur sur deux kilomètres de long ! Le coquil-lage pourpre2, quant à lui, est une espèce sentinelle très utile pour détecter la pollution à l’étain. En cas de contamina-tion, un pénis pousse sur les femelles et empêche leur reproduction. Ces connaissances sont désormais accessibles dans l’Atlas des invertébrés benthiques3 du golfe normano-breton4. Il paraît ce mois-ci.
Diversité des habitats
Vers marins, crustacés, coquillages, anémones… Au total, 2 226 espèces marines sont recensées et cartographiées. « Ce nombre imposant est dû à la grande diversité des habitats. Les côtes sont rocheuses ou sableuses, les fonds généralement inférieurs à 50 m, les marées ont une grande amplitude et la température de l’eau varie », explique Patrick Le Mao. Chercheur Ifremer en écologie benthique au Cresco, il est à l’origine de ce projet.
Premières données en 1768
Depuis neuf ans, une équipe de naturalistes et de chercheurs5 à l’Ifremer, au CNRS et à la Station biologique de Ros-coff, ont traité plus de 100 000 données. « Les premières remontent à l’année 1768 ! Elles mentionnent des bancs d’huîtres plates sur la carte de l’Isle de Jersey. Nous avons compilé des données jusqu’en 2013, issues notamment de revues scientifiques ou naturalistes. »
Les arthropodes (crustacés, insectes, araignées...) dominent avec 618 espèces, suivis des mollusques et coquil-lages avec 482 variétés. Il y a 405 vers marins différents. Les autres espèces regroupent notamment les méduses, les éponges, les étoiles de mer et les anémones. L’Atlas s’attache à décrire les variations de leur répartition au cours des deux derniers siècles. « À l’heure du réchauffement climatique, cet inventaire est un état des lieux de la faune marine. Il fera référence dans quelques années. »
Bulot, bigorneau, palourde
Quarante espèces d’intérêt économique, écologique ou historique, sont détaillées. « Comme la coquille Saint-Jacques, le bulot, le bigorneau ou la palourde japonaise. Le lecteur apprend à la différencier de la palourde indigène et découvre que la crépidule, très invasive, est aussi un réservoir de biodiversité. » Cette initiative était très attendue. Il n’existe aucun autre atlas marin de ce type en Europe6. « À la suite de notre pu-blication, un atlas pour la Manche , la mer du Nord et la Baltique devrait voir le jour », espère Patrick Le Mao.
L’Atlas du golfe normand-breton compte sept volumes, soit 1 281 pages ! Soutenu financièrement par les Dreal7 Bretagne et Normandie, il est gratuit et sera distribué aux administrations, aux universités et aux associations. Une version numérique sera en ligne sur les sites de l’Ifremer, de la Station biologique de Roscoff et de Bretagne environ-nement.
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