
Lors de l’incendie de Lubrizol à Rouen (photo), plusieurs substances ont brûlé. Elles se sont mélangées. Mais la réglementation ne prend pas en compte leurs interactions. Comment légiférer quand les pollutions sont multiples ? Ce type de problème est étudié par Jean-Pierre Le Bourhis, chercheur CNRS en science politique à l’EHESP1 à Rennes. « La réglementation encadre les substances une par une, mais pas une famille de substances. » Le chercheur dirige le projet ACE2 pour comparer les actions publiques qui luttent contre l’exposition aux polluants. Il cite l’interdiction du bisphénol A3, reconnu dangereux pour la santé : il a souvent été remplacé par le bis-phénol S, « qui s’est avéré tout aussi nocif. »
Après s’être intéressée aux contaminations au plomb et aux dioxines4, l’équipe de Jean-Pierre Le Bourhis se penche sur certains pesticides, les phtalates et les parabènes5. Des comparaisons sont établies avec la Suède, l’Allemagne et la Californie. « En France, c’est la dénonciation simultanée de la pollution au plomb par des scientifiques, des associations et des médias, qui a fait évoluer la réglementation. » L’enjeu est la prise en compte des multi-expositions. « Un agriculteur par exemple n’est pas exposé à une substance, mais à plusieurs. » L'objectif final est d'intégrer cette réalité dans les politiques publiques.
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