Pollutions mélangées : que décider ?

Actualité

N° 376 - Publié le 7 novembre 2019
JEAN-PIERRE SAGEOT / SIGNATURES

 

Lors de l’incendie de Lubrizol à Rouen (photo), plusieurs substances ont brûlé. Elles se sont mélangées. Mais la réglementation ne prend pas en compte leurs interactions. Comment légiférer quand les pollutions sont multiples ? Ce type de problème est étudié par Jean-Pierre Le Bourhis, chercheur CNRS en science politique à l’EHESP1 à Rennes. « La réglementation encadre les substances une par une, mais pas une famille de substances. »  Le chercheur dirige le projet ACE2 pour comparer les actions publiques qui luttent contre l’exposition aux polluants. Il cite l’interdiction du bisphénol A3, reconnu dangereux pour la santé : il a souvent été remplacé par le bis-phénol S, « qui s’est avéré tout aussi nocif. »

Après s’être intéressée aux contaminations au plomb et aux dioxines4, l’équipe de Jean-Pierre Le Bourhis se penche sur certains pesticides, les phtalates et les parabènes5. Des comparaisons sont établies avec la Suède, l’Allemagne et la Californie. « En France, c’est la dénonciation simultanée de la pollution au plomb par des scientifiques, des associations et des médias, qui a fait évoluer la réglementation. » L’enjeu est la prise en compte des multi-expositions. « Un agriculteur par exemple n’est pas exposé à une substance, mais à plusieurs. » L'objectif final est d'intégrer cette réalité dans les politiques publiques.

JULIE LALLOUËT-GEFFROY

1. École des hautes études en santé publique.
2. Le projet « Actions publiques comparées pour les expositions agrégées et cumulées » est porté par l’unité mixte de recherche Arenes et l’EHESP, à Rennes.
3. Composé utilisé dans la fabrication du plastique.
4. Polluants de l’atmosphère.
5. Les phtalates et les parabènes sont des perturbateurs endocriniens, présents dans les plastiques et les cosmétiques. jean-pierre.lebourhis@cnrs.fr

TOUTES LES ACTUALITÉS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest