Notre-Dame : les risques du plomb

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N° 378 - Publié le 23 janvier 2020
CC BY-SA 4.0 CILCEE
La couleur orange de la fumée de l’incendie de Notre-Dame est due à la présence d’oxyde de plomb.

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Le 15 avril 2019 en fin d’après-midi, les Parisiens assistent à l’embrasement de la cathédrale Notre-Dame. La charpente et une partie des 450 tonnes de plomb de la toiture partent en fumée. Une modélisation de l’Ineris1 indique que de fines particules d’oxyde de plomb se seraient dispersées « à des distances s’étendant de 800 m à 50 kmde la source.2»

Durant l’incendie, les personnes situées sous le nuage ont pu être intoxiquées par voies respiratoires. Les jours suivants, l’exposition au plomb a résulté des poussières déposées au sol. Les contaminations se sont surtout produites chez les petits enfants, portant à la bouche leurs mains qui avaient touché des objets contaminés. La quantité de plomb dans un organisme est difficile à estimer. Des mesures ont été effectuées entre le 15 avril et le 30 septembre dans le sang de 877 jeunes Parisiens, âgés de quelques mois à 18 ans.
« Les résultats ne sont pas différents de l’imprégnation au plomb de la population française, explique Philippe Glorennec, professeur en expologie3 et évaluation des risques à l’EHESP4 à Rennes. Les jeunes Parisiens ayant eu des plombémies5 n'ont pas été plus intoxi-qués que la moyenne des enfants français. Mais douze enfants ont une plombémie au-dessus du seuil de déclaration obligatoire6. Et la plupart des enfants sont au-dessus de la dose entraînant le plus petit effet mesurable. » La moindre présence de plomb dans le sang n’est jamais sans danger pour un organisme. Il nuit au développement du cerveau. Ce phénomène est nommé saturnisme.

Des populations touchées

L’incendie de Notre-Dame a braqué les projecteurs sur l’exposition au plomb. Mais il existe un saturnisme ordinaire, souvent négligé. « Il est lié, entre autres, au passé industriel, à de vieilles canalisations, ou à des peintures d’habitats dégradés, poursuit le spécialiste des pollutions au plomb. Le saturnisme concerne en particulier des populations touchées par la précarité économique, qui cumulent plu-sieurs facteurs de risque. » Lutter contre cette pollution doit rester une préoccupation de santé publique.
 

MARC BEYNIE

1. Institut national de l'environnement industriel et des risques.
2. Rapport du 26 novembre 2019 (www.ineris.fr).
3. Étude de l’exposition aux substances toxiques dans l’environnement.
4. École des hautes études en santé publique. 5. Concentration en plomb dans le sang. 6. 50 microgrammes par litre de sang. Cela correspond au seuil d’intervention rapide recommandé par le Haut conseil de la santé publique. En France, 2 % des enfants sont concernés.

Philippe Glorennec
philippe.glorennec@ehesp.fr

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