L'eau dégradera ce plastique

379
mars 2020
ÉMILIE VEYSSIE
La chimiste Sophie Guillaume présente une pipette contenant du plastique biodégradable.

 

Le plastique créé à partir de pétrole couvre 99 % du marché. L'an dernier, 360 millions de tonnes ont été produites. D'autres plastiques, biosourcés ou biodégradables, sont aussi fabriqués. Et pourquoi pas réaliser des emballages à partir de ressources naturelles telles que l’amidon, la glycérine ou encore le sucre ? C’est l’objet de recherches menées à l’Institut des sciences chimiques de Rennes (ISCR), en partenariat avec des industriels.

« Nous concevons des polymères2 biodégradables à partir de ressources renouvelables. C’est une alternative aux plastiques issus de la pétrochimie », explique Sophie Guillaume3, directrice de recherche CNRS à l’ISCR. La chimiste étudie les polyhydroxyalcanoates, dont le nom prononçable est "PHA". Ces polymères existent à l’état naturel et sont produits par des bactéries. Ils sont synthétisés dans son laboratoire pour en améliorer les propriétés. « Nous contrôlons l’enchaînement des "briques" qui constituent le polymère, afin de modifier leurs propriétés thermiques. Nous pouvons ensuite plus facilement mettre en forme ce matériau. »

Ces plastiques issus de matières renouvelables sont biodégradables en six mois dans l’eau. Cette innovation est l’une des solutions pour contribuer à réduire la pollution des plastiques dans l’océan. Le but de ces recherches est aussi de pouvoir écrire un message dans le polymère4 : c’est une signature chimique unique, qui répond à la demande des industriels.

Emballages alimentaires

Le marché de ces plastiques écoresponsables est pour le moment anecdotique. « Quelques usines aux États-Unis, en Italie et au Japon produisent des PHAs, poursuit Sophie Guillaume. Les volumes sont faibles, mais la demande est en forte hausse et le marché pourrait croître de 25 % d'ici 2023. Le PHA permet de remplacer les polyoléfines, des dérivés du pétrole, dans les emballages alimentaires. De plus en plus d’industriels s’y intéressent. »

Tabs

ÉMILIE VEYSSIE

Ajouter un commentaire

L'ACTUALITÉ