L'eau dégradera ce plastique

Actualité

N° 379 - Publié le 27 février 2020
ÉMILIE VEYSSIE
La chimiste Sophie Guillaume présente une pipette contenant du plastique biodégradable.

 

Le plastique créé à partir de pétrole couvre 99 % du marché. L'an dernier, 360 millions de tonnes ont été produites. D'autres plastiques, biosourcés ou biodégradables, sont aussi fabriqués. Et pourquoi pas réaliser des emballages à partir de ressources naturelles telles que l’amidon, la glycérine ou encore le sucre ? C’est l’objet de recherches menées à l’Institut des sciences chimiques de Rennes (ISCR), en partenariat avec des industriels.

« Nous concevons des polymères2 biodégradables à partir de ressources renouvelables. C’est une alternative aux plastiques issus de la pétrochimie », explique Sophie Guillaume3, directrice de recherche CNRS à l’ISCR. La chimiste étudie les polyhydroxyalcanoates, dont le nom prononçable est "PHA". Ces polymères existent à l’état naturel et sont produits par des bactéries. Ils sont synthétisés dans son laboratoire pour en améliorer les propriétés. « Nous contrôlons l’enchaînement des "briques" qui constituent le polymère, afin de modifier leurs propriétés thermiques. Nous pouvons ensuite plus facilement mettre en forme ce matériau. »

Ces plastiques issus de matières renouvelables sont biodégradables en six mois dans l’eau. Cette innovation est l’une des solutions pour contribuer à réduire la pollution des plastiques dans l’océan. Le but de ces recherches est aussi de pouvoir écrire un message dans le polymère4 : c’est une signature chimique unique, qui répond à la demande des industriels.

Emballages alimentaires

Le marché de ces plastiques écoresponsables est pour le moment anecdotique. « Quelques usines aux États-Unis, en Italie et au Japon produisent des PHAs, poursuit Sophie Guillaume. Les volumes sont faibles, mais la demande est en forte hausse et le marché pourrait croître de 25 % d'ici 2023. Le PHA permet de remplacer les polyoléfines, des dérivés du pétrole, dans les emballages alimentaires. De plus en plus d’industriels s’y intéressent. »

ÉMILIE VEYSSIE

1. L’association European bioplastics estime la production de ces plastiques innovants à plus de deux millions de tonnes.
2. Le polymère est une classe de matériaux, incluant les matières plastiques et les peintures.
3. La chercheuse est également la présidente du Groupement français d’étude et d’application des polymères (GFP). 4. Les PHAs sont synthétisés avec des microstructures contrôlées.

Sophie Guillaume
02 23 23 58 80
sophie.guillaume@univ-rennes1.fr

TOUTES LES ACTUALITÉS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest