Energy Observer file au bout du monde

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Juillet Septembre 2020
Cap sur le zéro carbone
Energy Observer / Antoine Drancey
Le navire Energy Observer sur le canal de Corinthe, en Grèce.

 

Du vent, du soleil et de l’hydrogène. Ces trois énergies suffisent à propulser le navire Energy Observer1 au bout du monde. Ce laboratoire flottant a quitté Saint-Malo en mars dernier, pour une première escale aux Caraïbes, avant de cingler vers la Californie2. Depuis sa mise à l'eau en 2017, il s’améliore sans cesse : panneaux solaires modifiés pour plus de performance, ailes de traction retirées car dangereuses, abandon des éoliennes verticales  au bilan énergétique neutre...

Au printemps dernier, en naviguant vers l’archipel du Svalbard en Arctique, un défi a été relevé. Il y avait parfois trop peu de vent ou un soleil trop rare.
« Les panneaux photovoltaïques et les ailes autoportées3 ont fourni 94 % de l’énergie utile pour la traversée ! Les 6 % restants proviennent de l’hydrogène. L’électricité fabriquée et non utilisée pour la propulsion sert à la production d’hydrogène, par électrolyse de l’eau.
Ce gaz est ensuite stocké », relate Louis-Noël Viviès, directeur général d’Energy Observer.

Pile à hydrogène

Les ingénieurs4 ont adapté la pile à hydrogène de Toyota5 aux contraintes de la corrosion et du refroidissement en mer. « Légère, elle démarre automatiquement quand la réserve en électricité est inférieure à 20 %. Son rendement est de 35 à 50 kWh. À poids égal, l’hydrogène permet de stocker 10 fois plus d’énergie qu’une pile au lithium. » L’électrolyseur fiabilisé produit jusqu’à 5 kg d’hydrogène par jour. Il pourrait avoir des applications dans la plaisance, pour fournir de l’électricité au mouillage.

À la différence des ailes de traction, les autoportées sont automatiques. Elles comportent deux volets et pivotent à 360°. « Ces ailes ont permis une économie d’énergie jusqu’à 50 % entre la Bretagne et les Antilles. » Autre innovation, les hélices à pas variable. S’orientant selon le courant, elles génèrent 1,5 nœud de vitesse en moyenne.

Un partenariat signé en juin avec le Cnes6 va permettre d’affiner le logiciel de routage à partir d’images satellites. « L’objectif est d’optimiser le trajet en fonction du vent, du soleil et du courant, pour générer toujours plus d’énergie », se réjouit Louis-Noël Viviès. De l’énergie décarbonée, sans émettre de particules fines, ni de bruit…

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AGNES BOIRON

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