Éviter les baleines à tout prix

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Novembre décembre 2020
SOUFFLEUR D'ÉCUME
Un rorqual percuté par un navire.

 

En octobre, près de 350 scientifiques ont donné l'alerte dans une lettre ouverte1. La moitié des cétacés pourraient disparaître, si aucune mesure de protection n’est mise en place. Les menaces sont multiples. « L’un des dangers pour les baleines est la collision avec les navires », explique Maxime Sèbe. L’économiste vient de soutenir sa thèse à l’IUEM2, au centre de droit et d’économie de la mer3, à Brest. Il a étudié les moyens de réduire les collisions entre les navires et les cétacés. Le chercheur s’est intéressé aux baleines de Méditerranée, notamment au rorqual commun. Pour que la population se restaure, il a montré que le nombre de collisions doit être divisé par sept.

Un bénéfice économique

Deux grandes solutions existent : réduire la vitesse des navires ou éviter les zones où vivent les cétacés. « Les compagnies maritimes sont loin d'appliquer ces règles, car elles n'y voient pas d'intérêt financier. » Maxime Sèbe a montré aux compagnies maritimes, via l’Organisation maritime internationale, le bénéfice à tirer d'une limitation des collisions.
« Après un accrochage avec une baleine, les coûts liés aux dommages peuvent s’élever à des centaines de milliers d’euros, précise le chercheur. Sans compter l’argent perdu quand le navire est immobilisé en cale sèche. Il y a donc un avantage financier à les éviter. »   C’est l’originalité de son approche. D’autres études se sont intéressées à la probabilité de blessures mortelles chez les baleines après un choc, « mais elles n'évaluaient  pas les conséquences pour le navire ».

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PAULE-ÉMILIE RUY

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