Les émoticônes à l’école

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N° 390 - Publié le 5 juillet 2021
OLIVIER DE CHATEAUBOURG / ADOBE STOCK

Magazine

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Un smiley qui sourit, un autre qui pleure… Les émoticônes font partie du paysage de la communication numérique, notamment pour les plus jeunes. Mais on sait peu de choses sur la façon dont elles transmettent des émotions. Anthony Cherbonnier, chercheur en psychologie sociale à l’Université Rennes 21, a étudié pour sa thèse2 l’effet des émoticônes à l’école. Il a travaillé avec plus de 250 collégiens3 en Bretagne.

Représenter des émotions

« Avec la société Saooti4, nous avons commencé par concevoir de nouvelles émoticônes graphiques pour représenter des émotions telles que la joie, la surprise, la colère, la peur, le dégoût et la tristesse. » L’objectif étant que les élèves puissent identifier sans ambiguïté l’émotion véhiculée par chaque émoticône. Cela a fait l’objet de mesures précises. « Nous avons comparé à quel point les individus reconnaissaient les émotions à partir des émoticônes par rapport à d’autres modes d’expression. » Résultat : le taux de reconnaissance des émotions à partir de ces émoticônes est meilleur que celui des expressions du visage.

Une émission de radio

Pour son étude, Anthony Cherbonnier a amené des collégiens à collaborer à un projet de webradio5. « Les élèves ont travaillé en petits groupes pour écrire et enregistrer une émission de radio portant sur un métier de leur choix. » Les élèves ont ensuite écouté les podcasts diffusés et ont pu donner leur ressenti… notamment avec les émoticônes. « Ils avaient aussi le choix d’écrire un commentaire, ou de ne rien exprimer. » Chaque réaction a été enregistrée puis analysée. « Dans ce cadre scolaire, je n’ai pas constaté de différence entre les garçons et les filles sur l’utilisation des émoticônes, contrairement à ce qui est observé habituellement sur les réseaux sociaux6.» Plus de 70 % des élèves ont d’ailleurs choisi les émoticônes pour partager leur impression. L’étude des effets de ces retours émotionnels sur l’engagement des élèves (effort, prise d’initiative dans la collaboration…) n’a pas pu se faire à cause de la crise sanitaire, mais constitue une perspective pour de futurs doctorants en psychologie.

SALOMÉ REMAUD

1. Au Laboratoire de psychologie : cognition, comportement, communication
(LP3C).
2. Dans le cadre du projet Actif, soutenue le 9 février 2021.
3. De la 5e à la 3e, venant de 9 établissements différents.
4. Spécialisée dans l’hébergement et la diffusion de contenus audio, basée à Lannion.
5. La Wikiradio.
6. D’après plusieurs études, les femmes ont tendance à plus utiliser les émoticônes que les hommes.

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