Une alternative pour les déchets alimentaires

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N° 394 - Publié le 26 novembre 2021
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Des chercheurs rennais ont produit de l’énergie à partir des déchets de cantines. Cette technique pourrait aussi trouver sa place chez les particuliers.

Nos épluchures peuvent finir ailleurs qu’au compost ! C’est la conclusion principale du projet européen Decisive1, qui s’est penché sur un nouveau moyen de valoriser les déchets alimentaires : la méthanisation. Dans un milieu privé d’oxygène, des micro-organismes se nourrissent des déchets et rejettent du méthane, une molécule capable de libérer de l’énergie. Si ce processus biologique est déjà utilisé dans le milieu agricole, il pourrait bien l'être aussi en plein cœur des villes. Au sein d’un lycée horticole2, les chercheurs ont installé un réacteur de méthanisation alimenté par les déchets des restaurants à proximité. L’objectif étant d’obtenir un bilan énergétique neutre. « La méthanisation consomme de l’énergie : les aliments sont broyés, hygiénisés3 durant une heure à 70 °C, puis ils sont immergés dans un liquide riche en micro-organismes à 35 °C pour que la réaction se produise, explique Anne Trémier, directrice de recherche à l’Inrae4 de Rennes et coordinatrice du projet. Notre réacteur est capable d’assimiler 50 tonnes de déchets par an. C’est la quantité minimale pour former suffisamment de méthane et aboutir à un équilibre entre l’énergie consommée et l’énergie produite. »

Une fois le méthane disponible sous forme de gaz, une matière demeure dans la cuve : le digestat. Composé d’une partie liquide et d'une partie solide, il a été utilisé en culture hors-sol5. « Ces expérimentations ont pu se dérouler au lycée. Nous y avons obtenu de bons rendements », poursuit Anne Trémier.

Procédé moins énergivore

En parallèle, les équipes de recherche ont mis au point un nouveau procédé où les déchets ne sont pas broyés. Ils sont seulement mouillés au lieu d’être immergés en solution. « Les besoins en eau et en énergie pour alimenter le dispositif sont moindres », détaille la coordinatrice. Grâce à cette optimisation, la méthanisation pourrait rester neutre en énergie même en s’effectuant sur des plus petits volumes... et pourrait s’inviter chez les particuliers. « La dernière loi contre le gaspillage va rendre obligatoire le tri des déchets pour les ménages d’ici fin 2023. » La méthanisation constituerait alors une solution dans certains quartiers.

Tous concernés

Le projet Decisive s’est également penché sur les manières de rendre la collecte des déchets efficace auprès des particuliers6. « Il faut veiller à ne pas induire de nuisances comme les odeurs », précise Anne Trémier. Les chercheurs ont comparé des quartiers de catégories socialement différentes. Si les lieux plus aisés avaient au départ de meilleurs résultats, le phénomène n’a pas duré. « La communication est primordiale. Avec des ambassadeurs de proximité, capables de livrer des explications aux habitants, tous les quartiers atteignent les mêmes performances de collecte ! »

BENJAMIN ROBERT

1. Qui inclut 14 partenaires en France, en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Belgique et au Danemark.
2. Centre de formation et de promotion horticole Lyon-Ecully.
3. Suppression des éventuels germes pathogènes.
4. Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
5. Un substrat inerte est irrigué de solutions qui apportent des sels minéraux et des nutriments.
6. Travaux menés à l’Université de Hambourg en Allemagne.

Anne Trémier
anne.tremier@inrae.fr

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