Autisme : les jeux de regard étudiés

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N° 395 - Publié le 27 décembre 2021
ELENA GUROVA / ISTOCK

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Une étude franco-canadienne apporte de nouveaux éléments pour comprendre les interactions sociales chez les enfants atteints d’un trouble du spectre autistique.

Un enfant atteint d’un trouble du spectre autistique (TSA) rencontre habituellement des difficultés pour communiquer avec les autres. Il peine à regarder les visages humains et plus particulièrement la zone des yeux. Cela perturbe les échanges avec ses interlocuteurs. « Cependant, les personnes atteintes d’un TSA sont souvent spontanément attirées par les animaux et n’ont pas de difficulté à regarder leur visage et leurs yeux », explique Nicolas Dollion, chercheur en éthologie1 à l’Université de Rennes 1.

Une étude américaine2 a d’ailleurs démontré que là où les individus avec TSA reconnaissent moins facilement les émotions exprimées par un visage humain, cela n’est pas le cas lorsqu’il s’agit de visages d’animaux. D’autres recherches rapportent les bienfaits multiples des animaux de compagnie ou des chiens d’assistance sur le développement des enfants avec TSA. À la lumière de ces connaissances, Nicolas Dollion et son équipe ont souhaité comprendre les interactions et les jeux de regard qu’établissent ces enfants avec des chiens d’assistance et d’autres êtres humains.

Des lunettes d’eye-tracking

« Pendant 20 minutes, nous avons observé3 dans une salle standardisée4 la rencontre entre 16 enfants atteints d’un TSA accompagnés par leur famille et des chiens d’assistance. » Six jeunes gens ont été équipés de lunettes d'eye-tracking pour savoir ce qu’ils regardaient durant l’échange.  Ainsi, ceux qui examinaient le plus les autres individus présents dans la pièce allaient davantage à la rencontre du chien. A contrario, les enfants portant plus d’intérêt aux objets ont moins interagi avec l’animal. Finalement, ces résultats suggèrent que les processus impliqués dans les interactions avec les êtres humains et les chiens ne seraient pas si dissociés chez les enfants avec TSA que le laissaient penser les études antérieures. « Mais nous ne pouvons pas encore pleinement expliquer ce lien, songe Nicolas Dollion. Cela reste complexe et fera l’objet de futures études. »

PAULE-ÉMILIE RUY

1. Au laboratoire d’éthologie animale et humaine.
2. Publiée dans Motivation and emotion en 2019.
3. En collaboration avec la fondation Mira qui forme des chiens d’assistance et l’Université de Montréal.
4. Équipée de caméras, de jouets et d’objets pour interagir avec le chien.

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