Le vote en ligne, une fausse bonne idée ?

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N° 397 - Publié le 23 février 2022
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La conception de protocoles sécurisés pose un défi de transparence et de confidentialité.

L'élection présidentielle se déroulera dans les urnes, mais les Français de l'étranger éliront leurs députés par internet. Faut-il, comme évoqué à chaque élection, généraliser le vote en ligne en espérant qu'il soit aussi sûr et anonyme que le vote dans les urnes ? « Aujourd'hui, répond Stéphanie Delaune, directrice de recherche CNRS à l'Irisa1 à Rennes, de nombreux dispositifs en ligne sont sécurisés, comme ceux des transactions bancaires. Mais le vote pose des questions plus complexes, notamment de transparence et d’anonymat. » Selon elle, le papier offre un excellent compromis : « L'urne est transparente et on y glisse une enveloppe opaque. Vous savez que votre bulletin est comptabilisé, mais personne ne peut le relier à vous ou voir ce qu’il y a dedans. » Les assesseurs présents au dépouillement sont un gage de confiance envers le résultat. « Mais en ligne, comment s’assurer que le résultat est fiable ou que le vote a bien été enregistré sans dévoiler qui a voté pour qui ? »  Ces critères doivent être pris en compte dans l’écriture du protocole cryptographique, c’est-à-dire le mécanisme qui sécurise un message.

Enchaînement de lignes de code

Aujourd’hui, des entreprises travaillent à la création de systèmes de vote en ligne sécurisés. Pour vérifier leur fiabilité, un audit peut être demandé. « Je travaille sur la création d’outils de vérification. C’est un enchaînement de lignes de code, qui nous permet d’examiner si certaines attaques sont possibles ou non », poursuit la spécialiste. Chaque outil est adapté à la forme du protocole, et il en existe des dizaines ! Ces organismes sont régulièrement mobilisés pour des votes de faible envergure, comme les primaires de différents partis2 récemment. « Mais la science n’est pas encore parvenue à trouver l’équilibre entre transparence et confidentialité du vote en ligne. De nombreux progrès restent à faire pour qu’il puisse atteindre le même niveau de sécurité qu’un vote papier pour une élection aussi importante que la présidentielle. »

SALOMÉ REMAUD

1. Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires.
2. EELV, LR et la primaire populaire ont ainsi fait appel à l’organisme Neovote.

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