Maladies infectieuses : un boom à venir ?

Climat : notre santé en danger

N° 402 - Publié le 29 septembre 2022
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Le dérèglement climatique pourrait favoriser la propagation des maladies infectieuses…

C’est ce que fait craindre une récente étude publiée dans la revue Nature1, pointant le risque d’une expansion de certaines maladies dites “vectorielles”, c’est-à-dire transmises par des insectes, comme les moustiques ou les tiques. Ces espèces viennent en effet coloniser de nouvelles latitudes à cause des températures et du taux d'humidité plus favorables, créant un terrain propice à la naissance d’épidémies. Par exemple, le moustique tigre, porteur des virus de la dengue, du Zika ou du Chikungunya, est déjà implanté sur 67 % des communes de France, jusqu’aux portes de la Bretagne ! Selon d’autres études, les catastrophes naturelles dues au dérèglement climatique pourraient également accentuer la diffusion des maladies transmissibles. « En effet, les inondations dans certaines villes d’Afrique ou d’Amérique latine ont déjà conduit à des épidémies diverses telles que le choléra, la leptospirose et le typhus », indique Michèle Legeas, professeure en santé publique à l’EHESP2.

Impact de la déforestation…

Pour autant, l’importance du lien entre réchauffement climatique et épidémies suscite encore le débat au sein de la communauté scientifique. D’autres facteurs à risques sont en effet considérés comme plus significatifs à l’heure actuelle : « Le plus important, et de loin, réside plutôt dans nos activités, en particulier l’étalement urbain et la déforestation, qui favorisent la transmission de virus de la faune sauvage à l'Homme », pointe Pascal Crepey, professeur en épidémiologie à l’EHESP. La progression de la maladie de Lyme colportée par les tiques illustre la controverse. « Contrairement à ce que suggèrent certaines études, elle s’observe plus dans les régions où la déforestation et la pratique de la chasse se sont étendues que dans les régions chaudes et humides », souligne Michèle Legeas.

... et de nos déplacements

Le fait que les causes d’une épidémie sont souvent liées entre elles complexifie le problème. « L’arrivée du moustique tigre, qui n’est qu’un vecteur, n’est pas suffisante pour créer une épidémie, ajoute Pascal Crépey. Il faut aussi qu’une proportion suffisante de la population soit préalablement infectée par la dengue. Et l’importation de ce virus sous nos latitudes n’est pas due au climat, mais à nos déplacements dans les pays tropicaux où il est installé... Déplacements qui s’accroissent avec la mondialisation. » Si le dérèglement climatique n’est donc pas directement synonyme d’épidémie, il multiplie de façon certaine les scénarios à anticiper pour le futur.

HUGO LEROUX

1. En avril dernier.
2. École des hautes études en santé publique à Rennes.

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