Le médecin légiste réalise des autopsies… mais pas que !

Acte criminel : les scientifiques mènent l'enquête

N° 404 - Publié le 29 novembre 2022
LAURENT GUIZARD

Dans le cadre d’une enquête criminelle, un examen médical est nécessaire. Que la victime soit morte ou vivante, la médecine légale est indispensable à la justice.

Longtemps, dans les séries télévisées notamment, le médecin légiste a été représenté comme une personne assez sinistre qui découpe des cadavres dans une pièce sans âme, éclairée par des néons. Désormais, ce personnage est humanisé pour être plus empathique : il parle affectueusement à ses “patients” en salle d’autopsie. Mais cette vision romancée du métier est bien différente de la réalité.

Demande des autorités judiciaires

À Rennes, le service de médecine légale et pénitentiaire du CHU n’a rien d’un polar et ressemble à toute autre unité médicale. « Le grand public pense souvent que la thanatologie, c'est-à-dire l’étude des différents aspects de la mort, est centrale dans notre travail. Or, elle n’en occupe qu’une petite partie », présente Renaud Bouvet, médecin légiste et chef du service. Ses patients lui sont envoyés à la demande des autorités judiciaires ou des enquêteurs. « Notre rôle est d’aider la justice à la manifestation de la vérité dans le cadre d’une enquête. La majorité de nos patients sont des personnes ayant subies des violences physiques, sexuelles ou psychologiques le plus souvent dans un cadre familial ou professionnel. » Chaque année, les 15 médecins du service réalisent près de 5 000 consultations de victimes vivantes contre 300 levées de corps1 et 200 autopsies. Ils sont également à l’écoute des enfants pour recueillir leur parole et participent à l’évaluation des auteurs de violences sexuelles pour réfléchir aux prises en charge possibles.

« Pour chaque patient, qu’il soit mort ou vivant, nous recueillons des informations sur son histoire et le motif de la consultation. Puis, nous réalisons un diagnostic complet des lésions. » Si l’autopsie d’un cadavre ne suffit pas à déterminer l’origine de la mort, le médecin légiste procède à des examens complémentaires tels que des analyses toxicologiques, génétiques ou anatomopathologiques2. Dans certains cas, l’imagerie médicale est recommandée. « Nous l’utilisons principalement pour des zones difficilement accessibles ou pour étudier des lésions causées par balle », précise Renaud Bouvet. Cela permet une analyse précise, complémentaire de l’autopsie, sans détérioration de tissus ou d’organes. C'est le cas du scanner qui peut renseigner par exemple sur la forme exacte d'une fracture. L'angiographie3 post-mortem, elle, est utile pour identifier des hémorragies internes.

Lésions et traumatismes

Ces techniques sont d’autant plus intéressantes qu’elles facilitent la compréhension des lésions ou des traumatismes par les autres professionnels impliqués dans les enquêtes. « Une fois l’origine de la mort élucidée, un rapport est rendu aux autorités judiciaires. » Maintenant que les défunts ont parlé, il ne reste plus qu'à découvrir les secrets des vivants…

MARIE HILARY

1. Examens d’un cadavre sur son lieu de découverte.
2. Analyses de cellules et de tissus prélevés sur un organe.
3. Examen radiologique des artères.

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