L’étude des émotions positives chez l’animal

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N° 407 - Publié le 24 février 2023
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Un air nouveau souffle sur l’étude des émotions animales. Après avoir décortiqué les réponses au stress ou au danger, les scientifiques s’intéressent désormais aux émotions positives.

Les propriétaires de chien ou de chat le savent bien, les animaux ressentent des émotions semblables aux nôtres. Leur bonheur par exemple se devine facilement s'ils remuent la queue ou s'ils ronronnent en continu. Mais quels sont les signes chez les autres animaux ?

L’influence de l’environnement

À la fin du 20e siècle, les recherches portaient principalement sur les émotions négatives. « L’animal était étudié soit pour comprendre les effets du stress chez l’humain, soit pour améliorer ses performances, notamment chez les animaux d’élevage », explique Sophie Lumineau, éthologue et directrice adjointe du laboratoire Ethos1 à Rennes.
La chercheuse et son équipe ont démontré que les marqueurs de peur ou de stress peuvent se transmettre indépendamment de la génétique. Exemple avec la caille qui adopte des comportements contre les prédateurs, comme l’immobilité tonique qui revient à faire le mort. Chez des mamans cailles sélectionnées génétiquement pour être peureuses, ce comportement est transmis pendant les 11 premiers jours de vie de leurs poussins, adoptés2 à l’éclosion. Une influence primordiale de l’environnement, qui peut être transmise à la génération suivante.

Changement de paradigme

Mais depuis quelques années, la recherche se concentre sur de nouvelles émotions. « Le bien-être animal n’est pas juste l’absence de stress, explique Sophie Lumineau. Maintenant, on cherche à trouver des marqueurs d’émotions positives que l’on connaît beaucoup moins ! » Ainsi, les scientifiques peuvent analyser les facteurs comportementaux, physiques ou physiologiques concernés.
On utilise déjà la nourriture ou les caresses chez les mammifères pour activer le circuit de la récompense. Pour d’autres espèces, les stimulations qui déclenchent du plaisir et la manière dont ce dernier s’exprime chez l’animal restent bien mystérieuses. Au laboratoire Ethos, une thèse a commencé l'an dernier pour déterminer les conséquences cognitives des émotions positives chez les cailles, en prenant en compte l’influence parentale. Oiseaux, poissons ou encore céphalopodes et insectes devront encore attendre avant d’être aussi bien compris que chiens et chats !

SOPHIE PODEVIN

1. Éthologie animale et humaine (CNRS, Université de Rennes).
2. Les cailles peuvent adopter des poussins qui ne sont pas les leurs. Pour l’expérience, ce paramètre permet de
supprimer l’influence de la génétique.

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