Épave ou sépulture ?

Sous l'eau, des trésors endormis

N° 409 - Publié le 4 mai 2023

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Lors d’un naufrage, un bateau ne coule pas seul. Avec lui peuvent sombrer des hommes et des femmes. Le navire se transforme alors en sépulture, comme le Titanic. Eva Hart, décédée en 1996, faisait partie des survivants. Le corps de son père, lui, n’a jamais été retrouvé. Toute sa vie, cette Britannique s’est opposée à la remontée d’objets de l’épave, arguant que le navire était son « propre mémorial ». Le droit des défunts à reposer en paix supplanterait-il alors l’intérêt archéologique ?

Aucune législation

Pour Michel L’Hour, ex-directeur du Drassm1, il s’agit d’un non-problème. « Sur terre, les archéologues fouillent des cimetières depuis des décennies et ça ne gêne personne. » Mais en mer, la législation est bien plus floue. La notion de “sépulture marine” n’existe pas dans le droit français et une seule phrase fait référence aux restes humains dans la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de l’Unesco de 2001, indiquant qu’ils doivent être « dûment respectés ». En France, une législation existe sur les biens culturels maritimes mais sans « disposition spécifique aux restes humains », analyse Nicolas Boillet, maître de conférences en droit public à l’Université de Bretagne Occidentale2.

Si aux États-Unis il existe un service chargé de retrouver les corps d’aviateurs américains perdus en mer, cela renvoie davantage à une question personnelle pour apporter des réponses aux familles, que patrimoniale. Mais plus le temps passe, plus les restes humains recouvrent un intérêt archéologique. Et sur terre comme sous l’eau, « on respecte de la même manière une céramique du 17e siècle et un fémur », conclut Michel L’Hour.

VIOLETTE VAULOUP

1. Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines.
2. Et au laboratoire Aménagement des usages des ressources et des espaces marins et littoraux (Amure).

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