Les fous de Bassan battent de l’aile

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N° 410 - Publié le 26 mai 2023
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Un variant pathogène de la grippe aviaire a sévèrement touché les oiseaux marins l'an dernier. Les fous de Bassan bretons, déjà mal en point, ont été particulièrement impactés. Bilan.

Au large de Perros-Guirec, dans la réserve naturelle nationale des Sept-Îles, la colonie de Rouzic est la seule population française de fous de Bassan. Joyau patrimonial pour les conservateurs, les grands oiseaux blancs, déjà fragiles1, ont été touchés de plein fouet par l’influenza aviaire (variant H5N1).

Tout a commencé le 1er juillet 2022, avec la découverte d’un premier cadavre d’oiseau. « On a ensuite vu la colonie se déliter en trois mois, avec le décès de plusieurs milliers d’individus », raconte Pascal Provost, la mort dans l’âme. Le conservateur de la réserve, en première ligne face à la catastrophe, parle d’une situation « inédite et brutale, face à laquelle on se sent impuissant ». Le dernier comptage fin mai devrait confirmer ses craintes : entre 3 000 et 9 000 couples en “situation de reproduction” sont attendus, contre 19 000 en 2022, soit 50 % de disparition au minimum. Alors que le virus est qualifié d’incurable, certains oiseaux ont survécu à l’infection et présentent un iris tout ou partie noir, au lieu de bleu clair. Les études scientifiques en cours détermineront si cela provoque une cécité chez ces voltigeurs marins, ou si ce nouveau phénotype est sans conséquence.

Des décennies d’efforts gâchées

Si l’hécatombe passe d’abord inaperçue, « les plaisanciers et les marins s’en sont rendu compte à mesure que les oiseaux sur les pentes de l'île ont été touchés ». Aujourd’hui, pas besoin d’être spécialiste, « on aperçoit à des kilomètres que la pointe de l’île n’a plus la même blancheur », se désole Pascal Provost, qui voit là gâchées des décennies d’efforts de conservation.

Le conservateur et la LPO2 se veulent tout de même résolument optimistes : « À l’heure qu’il est, la colonie n’est pas en danger de disparition. Leur retour s’est effectué avec du retard, mais la vie reprend, la nature cicatrise, et nous n’avons pas détecté de nouveau cas en 2023 ». En espérant qu’une autre épidémie ne vienne pas frapper la colonie dans les années à venir.

ANNA SARDIN

1. Leurs ressources alimentaires en mer sont à la baisse et une partie des oiseaux, victimes de la pêche industrielle, ne reviennent pas à la colonie.
2. Ligue de protection des oiseaux.

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