Des Baléares à la Bretagne, le puffin en danger
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Depuis deux ans, de juin à octobre, l’association Bretagne Vivante recense et observe en mer le Puffin des Baléares, l’oiseau marin le plus menacé d’Europe, dont le déclin fait craindre la disparition.
Entre 70 et 80 cm d’envergure, deux fois plus petit qu’un goéland, plumage marron sur le dessus des ailes et blanc délavé sur le ventre. Pas de doute, il s’agit bien d’un Puffin des Baléares. Tous les ans, à partir du mois de mai, cet oiseau quitte l’archipel qui lui a donné son nom, en Méditerranée, où il se reproduit et élève ses petits. Un tiers des puffins migre alors au large des îles des Glénan, au sud du Finistère.
Danger critique d’extinction
Pour la deuxième année consécutive, de juin à octobre, les équipes de Bretagne Vivante, en charge de la gestion de la Réserve naturelle nationale de Saint-Nicolas des Glénan, sortent en mer environ deux fois par mois pour les étudier. « À chaque sortie, on suit quatre transects, des lignes virtuelles le long desquelles on dénombre toutes les espèces que l’on voit : les puffins, les cormorans, les dauphins, et aussi les bateaux croisés, explique Marie Mondielli, chargée d'études pour l’association. Cela nous donne une idée de l’utilisation de la zone et de la manière dont les Puffins des Baléares s’y intègrent, mais ça nous permet surtout de les recenser et de cartographier les secteurs clés pour leur conservation. »
Un dispositif qui prend place dans le cadre d’un plan national d’actions lancé en 2021 pour protéger cette espèce en danger critique d’extinction, considérée comme l’oiseau marin le plus menacé d’Europe. « Il reste environ 25 000 individus, dont 3 000 couples nicheurs dans le monde, et la tendance est au déclin », souligne Marie Mondielli. Les scientifiques estiment que les effectifs diminuent de 14 % par an.
Des radeaux dérangés
« Le Puffin des Baléares pourrait disparaître d’ici soixante ans, poursuit la chargée d'études. La plupart des oiseaux marins voient leur population diminuer, or le cumul du déclin d’espèces ayant un rôle similaire dans l’écosystème va perturber l’équilibre de la biodiversité. »
De la pêche accidentelle à la prédation dans les colonies de reproduction, les causes du déclin sont multiples. Le puffin ne pose patte à terre qu’aux Baléares. Le reste du temps, il se repose en groupe à la surface de l’eau, formant ce que l’on appelle des radeaux. « Mais à cause du dérangement répété de ces radeaux par des bateaux de plaisance qui ne les voient pas, certains oiseaux meurent d’épuisement1 », souligne Marie Mondielli, qui maraude en mer une partie de l’année pour étudier ces perturbations, tout en travaillant à la sensibilisation des plaisanciers.
« On essaie de récolter un maximum d’informations parce qu’on ne connaît pas tellement les habitudes et la répartition de cette espèce ici », résume Marie Mondielli. Le suivi en mer se poursuivra l’année prochaine, et l’analyse comparée des données devrait permettre de contribuer à l’amélioration des connaissances sur l’espèce et sa zone fonctionnelle au large des Glénan. Un pas de plus pour sa protection.
1. Lorsque l'on repère un radeau, le bon geste à adopter est de ralentir, rester à plus de 300 mètres et changer de cap pour contourner les oiseaux et éviter qu’ils ne s'envolent.
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