Anciennes mais dans le coup !

N° 268 - Publié le 3 novembre 2014
© P. Lafaite-MNHN
La station biologique de Concarneau a fêté ses 150 ans au début du mois de septembre. Les viviers à fleur d’eau sont d’origine.

Concarneau, Roscoff, Brest : quand des sites et des données historiques sont à l’origine de recherche de pointe.

Flaubert y observait son ami pro-fesseur d’anatomie comparée disséquer des bêtes marines. Les membres de l’expédition Tara y feuilletaient, il a quelques semaines encore, des ouvrages qu’ils n’ont trouvés nulle part ailleurs. Alors qu’elle fête ses 150ans, la station de Concarneau semble toujours compter parmi les incontournables. Pour son cadre, mais aussi pour son histoire et les connaissances qui s’y accumulent dans le domaine de la biologie marine.

« Les premières études d’évolution biochimique c’était ici », remémore Yves Le Gal, qui a dirigé le plus ancien établissement de recherche marine au monde de 1958 à 2005. Des travaux sur l’évolution génétique et l’identification de gènes marqueurs d’espèces ont même débouché, plus récemment, sur des collaborations avec des industries de plats cuisinés. « Il faut d’abord faire de la recherche et, quand quelque chose se révèle intéressant, se demander ce qu’on peut en faire (et non l’inverse) », poursuit-il.

De 1850 au Grenelle de la mer

Autre site historique : la Station biologique de Roscoff (137ans), d’où débouchent des transferts de recherches fondamentales parfois très anciennes. La renommée de l’établissement est aujourd’hui internationale. On peut, par exemple, citer les travaux sur la division cellulaire d’œufs d’invertébrés marins, lancés dans les années80, qui ont abouti à l’élaboration de plusieurs inhibiteurs de la division cellulaire. « La Roscovitine est actuellement en phase II d’un protocole d’essais cliniques pour le traitement de cancers. De nombreuses autres molécules d’origine synthétique ou marine sont aussi en cours de développement sur plusieurs autres pathologies », précise Philippe Potin, chercheur à la station.
Pas de vieilles pierres à Brest, au laboratoire d’étude des algues, le Lebham(1). Mais les chercheurs peuvent s’appuyer sur des travaux de naturalistes, des collections privées d’algues datant de 1850 ! Une approche toujours d’actualité puisque, comme le souligne le directeur, Éric Deslandes, « l’État préconise aujourd’hui un inventaire de la biodiversité marine. » L’un des axes du Grenelle de la mer.

La recherche en réseau 

Chacune dans leurs domaines, les trois entités bretonnes s’inscrivent au sein de réseaux nationaux et internationaux (réseau de surveillance des fonds marins, groupement européen sur la mer...) leur permettant de mutualiser leurs connaissances et faire progresser leurs recherches. « Dans le milieu des biotechnologies marines, il n’y a pas de “je” mais “on” », souligne Yves Gal. Serait-ce le secret de la longévité ?

Michèle LE GOFF

(1)Lebham : Laboratoire d’écophysiologie et de biotechnologie des halophytes et algues marines : Institut universitaire européen de la mer - Université de Bretagne occidentale.

Yves Le Gal
y.legal2 [at] orange.fr (y[dot]legal2[at]orange[dot]fr)

Philippe Potin
Tél. 02 98 29 23 75
potin [at] sb-roscoff.fr (potin[at]sb-roscoff[dot]fr)

Éric Deslandes
Tél 02 98 49 86 92
eric.deslandes [at] univ-brest.fr (eric[dot]deslandes[at]univ-brest[dot]fr)

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