Pour un archéologue, la machine à remonter le temps, ce serait génial et affreux en même temps.

Portrait

N° 271 - Publié le 6 août 2014
© Institut culturel Avataq
L'épreuve par 7
Dominique Marguerie,

Archéobotaniste

Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Chercheur ! Je suis tombé dans l’archéologie quand j’avais quinze ans. Je faisais de la spéléologie et un jour nous avons pu visiter Mayenne-Sciences(1), une grotte ornée fermée au public. Cela a été un choc pour moi.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

De la place. Nous allons accueillir des collègues de l’archéologie préventive(2) dans notre laboratoire et il fallait leur trouver un bureau. Ce n’est pas facile, mais, finalement, ils vont pouvoir s’installer dans une pièce technique.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, assurément, et à plusieurs reprises. Lorsque j’ai rencontré un chercheur canadien juste après ma thèse. Il m’a proposé un poste au Canada qui a transformé mon avenir. Depuis, nous travaillons toujours ensemble ! Et bien sûr, il y a le hasard des découvertes.
J’ai pu travailler sur un site où mes méthodes d’analyse du bois, des pollens étaient parfaitement adaptées. Il avait été mis au jour par la construction d’une autoroute...

Qu’avez-vous perdu ?

Du temps. À consacrer à ma recherche d’une part. Surtout depuis que je suis directeur de laboratoire. Et du temps à passer avec mes proches. Mais en même temps, je réponds toujours oui à toutes les demandes, peut-être que j’aime ça aussi, être toujours actif. Ou alors, c’est un problème d’organisation !

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Que l’homme n’est pas à l’origine du changement climatique. Ou si les chercheurs parvenaient à cette conclusion, il ne faudrait pas qu’ils le disent tout de suite. Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de prise de conscience, ce serait dommage de recommencer à piller les ressources de notre planète.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

La machine à remonter le temps. Pour un archéologue, ce serait génial et affreux en même temps. On pourrait aller observer les sociétés préhistoriques, constater tout ce que nous avons dit de vrai ou de faux ! D’un autre côté, nous n’aurions plus vraiment de travail...

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

L’espèce humaine, qui est tout sauf rationnelle. D’où les difficultés à modéliser notre comportement. Au niveau individuel, c’est heureux. En groupe, l’imprévisible peut être dangereux. Mais cela m’assure que la non-rationalité existe, et que la science ne résout pas tout.

Interviewé par Céline Duguey, dans un bureau au fond d’un laboratoire bien rempli.

(1) Lire p. 10 à 13. (2) De l’Inrap, Institut national d’archéologie préventive.

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