Des fibres végétales dans le domaine des matériaux ?

N° 276 - Publié le 17 juillet 2014
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Faciès de rupture d’un biocomposite renforcé par des fibres de lin, observé avec un microscope électronique à balayage.

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Résistantes, biodégradables, compostables, vertes... les qualités des fibres végétales semblent infinies.

C’est peut-être la raison pour laquelle Christophe Baley étudie leurs propriétés depuis bientôt vingt ans, dans son laboratoire (LimatB(1)) de l’Université de Bretagne sud, à Lorient. Il les torture pour caractériser au maximum chacune de leurs propriétés, et optimiser leur utilisation dans la fabrication de matériaux composites.

Vaste programme, quand on sait que ces propriétés diffèrent selon les variétés et qu’il existe, par exemple, près de 1000 variétés de lin, dont seules 20 à 30 sont actuellement sur le marché. Alors Christophe Baley travaille aussi bien avec des agronomes, des biologistes, des généticiens, qu’avec des spécialistes de la transformation. « Les fibres sont comme le vin, explique le chercheur, leurs propriétés dépendent du terroir, de l’apport en eau... »

On distingue, dans les usages, les fibres courtes des longues. Les fibres courtes ont déjà réussi leur entrée dans l’industrie. Avec celui du mobilier et des emballages (lire ci-contre), le domaine des loisirs est un des premiers à avoir mordu. Vélos, raquettes de tennis ou coques de kayak(2) en matériaux biocomposites bénéficient ainsi de la résistance, de la capacité d’absorption des chocs et de la plus faible densité des fibres de lin (par rapport à celle des fibres de verre).

Par contre, « même avec leurs propriétés de haute résistance démontrées en laboratoire, les fibres longues ont encore du mal à passer le cap pour entrer dans la composition de pièces de structure », poursuit Christophe Baley. Le premier signe positif est envoyé par PSA Peugeot-Citroën qui a récemment annoncé sa volonté de remplacer près d’un tiers des matières plastiques utilisées dans ses voitures par des “matériaux plastiques verts” (plastiques recyclés et plastiques renforcés par des fibres végétales) d’ici 2015. Et le chercheur de dévoiler un autre atout, moins connu, des fibres végétales : « Elles permettent des cadences de production plus importantes que celles obtenues avec des polymères renforcés par des fibres de verre. » Comment peut-on encore s’en passer ?

Pas emballés par les fibres

La résistance n’est pas la qualité première recherchée pour les emballages utilisés en agroalimentaire. Les bioplastiques sont plutôt fabriqués à partir de particules de bois ou des biopolymères issus du blé, du maïs ou de la pomme de terre. « Contrairement aux États-Unis où le maïs est cultivé à cette fin, l’Europe a choisi une autre démarche qui consiste à utiliser les coproduits », explique Thierry Varlet de Breizpack, le réseau industriel dédié à l'emballage et au conditionnement en Bretagne.

Thierry Varlet Tél. 02 96 10 02 00
Nathalie Blanc

(1) LimatB : Laboratoire d’ingénierie des matériaux de Bretagne - Équipe (Épic) : polymères, propriétés aux interfaces et composites.
(2) Lire le dossier sur l’éconavigation de Sciences Ouest n°256 - juin 2008 sur www.espace-sciences.org/magazine.

Christophe Baley
Tél. 02 97 87 45 53
christophe.baley [at] univ-ubs.fr (christophe[dot]baley[at]univ-ubs[dot]fr)

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