Dauphins menacés, la pêche est suspendue

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© Maylis Rolland / Hans Lucas via AFP
Grand dauphin échoué à Pornic (Loire-Atlantique), en janvier 2023.

Jusqu’au 20 février, certains bateaux de pêche sont interdits en mer afin de limiter les captures accidentelles de cétacés. Vraie avancée ou fausse bonne idée ?

Chaque année, dans le golfe de Gascogne (entre la pointe bretonne et le Pays basque) 3 000 à 11 000 dauphins et marsouins sont accidentellement piégés dans les filets de pêche. Saisi par des associations de défense de l’environnement, le Conseil d’État a ordonné l’an dernier au gouvernement d’interdire la pêche hivernale.

Un arrêté a été publié mais prévoyait un certain nombre de dérogations autorisant notamment les bateaux équipés de systèmes de dissuasion acoustique à poursuivre leur activité. Ces dérogations ont finalement été suspendues en décembre : les embarcations de plus de huit mètres équipées de certains filets1 doivent donc rester au port depuis le 22 janvier, jusqu’au 20 février.

« Les dauphins se rapprochent des côtes, certainement pour s’adapter aux changements de températures de l’eau et de répartition de leurs proies, indique Didier Gascuel, professeur à l’Institut Agro Rennes-Angers. Ils sont plus vulnérables aux petits fileyeurs qui s’y trouvent. » L’augmentation des décès s’expliquerait aussi par l’utilisation plus fréquente de filets « pêche-tout », déployés sur la totalité de la colonne d’eau et ne laissant aucune échappatoire aux cétacés.

Le scientifique pointe surtout un manque criant de données. Un projet de recherche2 avait pourtant été lancé en 2022 pour mieux comprendre la répartition des cétacés et leur comportement face aux bateaux. « Mais les pêcheurs refusent de poser des caméras pour cette étude, indique le chercheur. Et ils ne signalent pas leurs captures alors que cela nous aurait permis de savoir où et quand cela arrive… » Pourtant, la déclaration des prises accidentelles de mammifères marins est obligatoire depuis 2019.

Fausse bonne idée


Cette interdiction est une première et devrait se renouveler chaque hiver au moins jusqu’en 2026. Pour Didier Gascuel, cela reste une fausse bonne idée : « Un mois c’est trop court, et les captures reprendront avec la pêche. Ce n’est pas durable ! martèle-t-il. Un système de bonus-malus inciterait les pêcheurs à choisir des techniques plus adaptées pour préserver les espèces. »

Sophie Podevin

1. Chalut pélagique, chalut bœuf de fond, filet trémail, filet maillant calé. Au total, près de 450 bateaux seraient concernés par cette mesure.
2. Projet Delmoges (Delphinus mouvements gestion).

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« Les violences sont omniprésentes dans la vie de ces femmes »

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© OleJohny / Adobe Stock

Après deux années à étudier les bénéficiaires des centres d’information sur les droits des femmes et des familles, une équipe rennaise montre la violence systématique à laquelle elles font face.

Dans les 98 centres d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du territoire français, des femmes viennent tous les jours chercher conseil. De tous âges et de tous milieux sociaux, elles y sont accueillies par des professionnels, qui les renseignent et les accompagnent en fonction de leurs besoins : indépendance économique et accès à l’emploi, conseils juridiques ou familiaux, etc.Une ethnosociologie fine« En Ille-et-Vilaine et dans les Côtes-d’Armor, les CIDFF avaient...
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Le bâillement, au-delà d’un mécanisme automatique

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© CC BY-SA 3.0 / Spinus Nature Photography
Les babouins géladas font partie des seuls primates avec l'humain dont le bâillement peut être sonore.

Des chercheurs rennais et italiens viennent de prouver que le son du bâillement des babouins géladas est contagieux. Une découverte qui laisse entrevoir la complexité des formes de communication de ces animaux.

« J’espère que vos lecteurs ne bâilleront pas trop », s’inquiète Alban Lemasson. Cet enseignant-chercheur en éthologie à l’Université de Rennes et au laboratoire Ethos1 est bien rôdé sur la question des bâillements contagieux. Avec une équipe de chercheurs franco-italienne, il vient de prouver qu’en entendant un babouin gélada bâiller, ses congénères bâillent à leur tour. « Nous savions que voir un autre bâiller fait bâiller chez les primates comme chez la plupart des mammifères sociaux et même...
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La lutte contre le Baccharis s’organise

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© CC BY-SA 4.0 / Colsu


C’est un arbuste originaire d’Amérique du Nord, aux feuilles vertes et aux fleurs duveteuses, qui semble à première vue inoffensif… Mais Baccharis halimifolia est en réalité une espèce exotique envahissante qui colonise progressivement tout le littoral breton depuis 1940. Cette plante importée au 17e siècle pour orner les jardins botaniques est résistante aux embruns et prolifère en Bretagne aux dépens d’espèces locales.
Depuis fin 2023, un arrêté de la préfecture d’Ille-et-Vilaine interdit sa commercialisation, sa détention et son introduction dans le milieu naturel. Les particuliers sont invités à arracher les plants de leur jardin ou à empêcher la dispersion des graines en coupant l’arbuste à sa base avant la période de floraison (septembre, octobre).

Chantiers dans le Morbihan


Cette décision est avant tout préventive. « Le pollen du Baccharis est très allergène et sa sève est inflammable, ce qui favorise les incendies », détaille Marie Peignard, doctorante en biologie à l'Université de Bretagne Occidentale qui consacre sa thèse à cette espèce envahissante. Dans le Morbihan, particulièrement concerné, le collectif Anti-Baccharis1 organise avec des bénévoles de vastes chantiers d’arrachage.

« Il faut revenir plusieurs fois sur un même site pour surveiller les repousses car la banque de graines dans le sol reste viable au moins deux ans, et un seul morceau de racine peut relancer la colonisation ! » ajoute la chercheuse. À Séné, au Sud de Vannes, près de 600 000 pieds ont été arrachés ou traités depuis dix ans sur environ 23 hectares. Et la lutte ne fait que commencer.

Sophie Podevin

1. Qui travaille avec les équipes du Parc naturel régional du Golfe du Morbihan.

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De l’eau toujours plus haut

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© Erwan Amice / CNRS
Au large du Conquet (Finistère), l’équipe de ClimEx met à l'eau un instrument destiné à mesurer les niveaux marins extrêmes pendant les tempêtes hivernales.

Atteints en cas de tempête, les niveaux marins extrêmes causent inondations et érosion du trait de côte. Avec le changement climatique, ils devraient augmenter et s’annoncent plus complexes à prévoir. « Ces niveaux extrêmes sont composés du niveau moyen des mers, puis de la marée, et enfin de la surcote de tempête1 » explique Lucia Pineau-Guillou, chercheuse à l’Ifremer, à Brest, et responsable de ClimEx. Ce projet ambitieux, qui a débuté en 2022 pour quatre ans, a pour objectif de collecter et d’analyser les mesures de niveau de l’eau sur les 150 dernières années en Atlantique Nord, pour séparer clairement les causes naturelles et les causes anthropiques de sa hausse. « Le réchauffement des mers, la fonte des glaces, la modification des trajectoires des tempêtes et de leur intensité, sont autant d’éléments qui peuvent jouer sur les niveaux extrêmes », précise l'océanographe. À mi-projet, les données sont aujourd’hui compilées et les événements extrêmes caractérisés ; il reste à analyser l’évolution sur le temps long avant de tirer des conclusions.

Anna Sardin

1. Lors d’une tempête, le niveau de l’eau augmente à cause de la baisse de la pression atmosphérique et des vents forts

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Alzheimer : la solution dans la mer ?

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© Mattias Lindberg
Préparation de Leucettinib-21, le candidat-médicament en cours de test.

Il a l’habitude de dire que la maladie d’Alzheimer est un cimetière pour médicaments, mais Laurent Meijer espère bien être détrompé. Son laboratoire, Perha Pharmaceuticals, basé à Roscoff, a débuté en janvier des essais cliniques chez 120 volontaires pour tester un candidat-médicament contre la maladie d’Alzheimer et la trisomie 21. « Dans ces deux maladies, le gène DYRK1A est suractivé, entraînant des difficultés d’apprentissage, de mémorisation et de localisation dans l’espace », résume le chercheur. Son équipe a mis au point un potentiel traitement à partir de Leucettamine B, une substance produite par une éponge du Pacifique, qui modère l’activité de DYRK1A. Les tests doivent s’étendre jusqu’à l’automne et permettront de mieux appréhender l’absorption et l’élimination du médicament tout en s’assurant qu’il ne provoque pas d’effets secondaires. Si les résultats sont encourageants, d’autres essais suivront. « Le besoin est énorme, un tiers des plus de 85 ans est touché par Alzheimer et il n’existe pas de traitement efficace », souligne Laurent Meijer. 

Violette Vauloup

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Pascal Le Dû, chasseur de nébuleuses

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© Mathieu Le Gall
En 2022, Pascal Le Dû a remporté avec 2SPOT le prix Gemini qui récompense chaque année une collaboration entre professionnels et amateurs.

Pascal Le Dû passe la majorité de son temps libre à observer des nébuleuses planétaires. Loin d’être anecdotique, son travail met en évidence la précieuse contribution des amateurs à la recherche en astronomie.

Depuis son jardin il observe Molène, Ouessant et les confins de la galaxie. Il faut imaginer un petit village breton avec la mer pour horizon. Cette bande bleue que l’on voit à travers la vitre du salon d’un petit pavillon sage de Porspoder, tout au bout du Finistère. C’est ici qu’il y a treize ans, Pascal Le Dû a découvert une nébuleuse planétaire, une étoile en fin de vie qui éclaire un nuage de gaz qu’elle a éjecté. Une trouvaille qui a donné un nouvel élan à sa carrière d’astronome amateur....
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Sport et armée, des destins liés

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N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© Musée des Transmissions
L'exposition est visitable jusqu'au 31 octobre au musée des Transmissions, à Cesson-Sévigné.

L’intégration d’entraînements physiques dans l’armée a fait évoluer le sport au rythme des combats. Une exposition retrace ce processus, depuis la fin du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui.

Entre le sport et les soldats, l’idylle commence dès 1852, lorsque Napoléon III fait ouvrir l’École normale militaire de gymnastique de Joinville, introduisant ainsi l’éducation physique dans la vie des combattants. « À ce moment-là, le but de ce centre était de former les premiers militaires moniteurs de sport », expose la lieutenant Amélie Noiré, conservatrice du musée des Transmissions, à Cesson-Sévigné près de Rennes, où une exposition temporaire retrace en ce moment l’évolution du sport dans l’armée de terre. À l’occasion des Jeux Olympiques à venir, le musée offre une plongée au cœur de l’histoire du sport militaire.

Des méthodes qui évoluent


Avant la Première Guerre mondiale, l’armée française utilisait la gymnastique suédoise pour préparer ses troupes :  étirements, montées de genoux, gestes rythmés et marche synchronisée. « Une méthode qui fonctionnait bien pour former une armée de fantassins prête à obéir, résume Arnaud Waquet, enseignant-chercheur à l’Université de Lille et membre du comité scientifique de l’exposition. Il s’est avéré lors de la Première Guerre mondiale que c’était tout à fait inadapté pour des combats modernes avec des armes lourdes. »

Le programme sportif est modifié dès 1917 et remplacé par la « Méthode Naturelle », inventée par Georges Hébert, un lieutenant de vaisseau de la Marine, sur la base des thèses médicales naturistes1. « L’objectif, c’est d’entraîner le corps avec ce qu’il y a dans la nature pour qu’il soit utile, précise la conservatrice, tout en travaillant la cohésion et l’entraide. » Polyvalente et nécessitant peu de matériel, elle devient la référence de l’éducation physique pour l’armée de terre.

Quand la guerre s’en mêle


Au-delà de la préparation physique des combattants, « il y a une évolution du sport civil et militaire, liée aux deux guerres de la première moitié du 20e siècle, continue Amélie Noiré. Durant la Grande Guerre, les Alliés popularisent le rugby et le foot en France. » Des compétitions sont organisées entre soldats français et étrangers, ce qui permet de construire une cohésion, mais aussi de divertir les troupes, « diminuer le mal-être, oublier l’horreur des tranchées, s’évader le temps d’un match », complète Arnaud Waquet. De même durant la Seconde Guerre mondiale, où les compétitions sportives permises dans les camps de prisonniers ont été retracées grâce aux archives écrites et photographiques.

C’est aussi pour tenter de limiter les dégâts des combats que le sport intègre la vie des soldats. Il trouve dans la rééducation physique et morale une nouvelle fonction dès la fin de la Première Guerre mondiale, comme en témoigne un tricycle qui trône au milieu de l’exposition : actionnable à la force des bras, il permet aux amputés de continuer à se dépenser, et à se déplacer. « L’objectif ultime, c’est qu’ils puissent retourner au combat, dit bien la lieutenant, mais il y a une prise de conscience de l’importance du sport pour les blessés, y compris pour les blessures psychiques. » Présentée jusqu’au 31 octobre, la rétrospective mentionne également les compétitions militaires actuelles, peu connues du grand public.

Anna Sardin

1. Qui prennent la nature pour guide dans l’observation et le traitement des maladies.

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