L’océanographie nous ouvre sur le monde !

Portrait

N° 277 - Publié le 11 juillet 2014
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L'épreuve par 7
Paul Tréguer

Océanographe

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Je ne sais pas ! Sans doute ingénieur chimiste car, diplômé de l’École nationale supérieure de chimie de Rennes, j’ai commencé à travailler à Électricité de France sur le magnétohydrodynamisme. Mais le projet s’est arrêté en 1967, quand EDF s’est orienté vers le tout nucléaire. J’ai toujours été attiré par la chimie de l’eau ; je suis passé de l’eau douce à l’eau de mer !

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Je suis un chercheur trouveur ! Je suis à l’origine d’une première mondiale avec l’utilisation d’un radio isotope permettant de marquer la production de silice dans les océans. Mais ce que j’ai trouvé durant ma carrière, c’est surtout la diversité des communautés humaines rencontrées au cours des campagnes. L’océanographie nous ouvre sur le monde !

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Sûrement ! Notamment pour l’utilisation d’un radio isotope de silicium. Je cherchais un équivalent du carbone 14. J’ai appris que des Hollandais travaillaient sur le silicium 32 pour faire du traçage sur des météorites ! Je suis allé les voir et je suis parti en campagne avec l’un de leurs experts. Ce fut le début d’une coopération scientifique fructueuse.

Qu’avez-vous perdu ?

Du temps pour ma vie familiale. J’ai trois filles. L’aînée n’avait que 6 ans quand je partais deux mois en campagne océanographique...
J’ai loupé des moments importants dans leur développement. Mais je vois aussi le côté positif : je les faisais rêver en leur racontant ce que je faisais.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

Je pense qu’aucun domaine n’est interdit en recherche. Tout est bon à trouver, surtout dans le domaine des sciences de l’environnement.
Des questions d’éthique peuvent toutefois se poser, surtout en médecine et en biologie.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

La façon d’approcher l’océan. Avant, on travaillait localement, sur les écosystèmes limités. Après on a commencé à raisonner à l’échelle planétaire, sur l’océan global. Aujourd’hui, il faudrait pouvoir passer sans discontinuer de la petite échelle à la grande échelle. Je sors d’un colloque de trois jours où nous étions 85 scientifiques du monde entier à échanger sur ces questions. On y est presque, on voit la science qui se crée !

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

Pas grand-chose, je l’avoue ! Je suis un déterministe résolu. Je pense que l’avenir de l’homme et celui de nos sociétés ne peuvent se passer de rationalité. L’avancée de l’irrationalité m’inquiète beaucoup. Je ne rate pas une occasion pour parler avec les gens, expliquer la démarche scientifique via des conférences, des films...

Interviewé par téléphone par Nathalie Blanc

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