« Je crains que l’on n’arrive jamais à sortir des héritages sociaux sur les inégalités entre hommes et femmes… »

Portrait

N° 309 - Publié le 17 mai 2013
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L'épreuve par 7
Raymonde Séchet

Enseignante-chercheure en géographie sociale

Magazine

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Qu’auriez-vous fait si vous n’aviez pas été chercheur ?

Architecte ou urbaniste. Mais ces formations étaient encore peu diffusées à l’époque. Et comme je ne pouvais pas partir étudier à Paris, je suis allée à l’université de Caen où je me suis orientée vers ce qui y ressemblait le plus, à savoir : la géographie. Et ce, jusqu’à l’agrégation.

Aujourd’hui, qu’avez-vous trouvé ?

Le plaisir de faire de la recherche, que j’ai découverte plus tard dans mon parcours. Et aujourd’hui, j’ai la confirmation du bienfait du travail en équipe, avec des collègues de disciplines, mais aussi de générations différentes. Pour avoir des regards croisés sur un même objet.

Le hasard vous a-t-il déjà aidé ?

Oui, forcément. Si l’on prend le hasard positif, celui des rencontres qui vous font avancer, je pense notamment à une discussion que j’ai eue, dans les années 80, avec un substitut du procureur de la République, à qui je présentais mes travaux en géographie sociale. Il m’a ensuite sollicitée pour réaliser un travail de médiation sociale entre les forces de l’ordre et des travailleurs sociaux : deux approches contradictoires des jeunes. Cela m’a énormément plu et fait réfléchir sur mon rôle de chercheure : ou comment l’innovation sociale trouve à s’insérer dans les politiques publiques.

Qu’avez-vous perdu ?

Une certaine croyance dans l’idéal de l’université universelle. Je ne trouve pas toujours l’ouverture d’esprit qu’on peut attendre de la part de personnes qui exercent le métier de chercheur. Je suis déçue par le manque de remise en cause dont certaines font preuve.

Que faudrait-il mieux ne pas trouver ?

A priori rien. Toute découverte peut avoir une utilité. Mais je crains quand même que l’on n’arrive jamais à sortir complètement des héritages sociaux sur les inégalités, que ce soit entre étudiants ou entre hommes et femmes, même dans un milieu comme celui de l’université.

Quelle est la découverte qui changerait votre vie ?

Le moyen de pouvoir faire deux choses en parallèle pour avoir plus de temps pour lire des romans. J’envie celles et ceux qui n’ont besoin que de trois à quatre heures de sommeil par nuit !

Qu’est-ce qui vous ferait douter de la rationalité ?

La rationalité, c’est important. Mais cela dépend déjà de ce que l’on entend par là. Il faut avant tout la questionner, la rationalité. Je ne suis pas convaincue que tout doive être rationnel, surtout si cela se traduit par un formatage ou une inscription dans des codes et des manières de penser établis.

La vice-présidente du Conseil scientifique - recherche et innovation de l’Université Rennes 2 a été interviewée par Nathalie Blanc.

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