Le nouveau rôle des éditeurs

N° 348 - Publié le 12 janvier 2017
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La multiplication des supports et la variété des données à publier modifient le travail des éditeurs.

Le numérique devenant un support de communication de plus en plus utilisé par les chercheurs en sciences humaines et sociales, la question de leur édition et de leur diffusion se pose. Le centre pour l’édition électronique ouverte (Cléo), Unité mixte de service du CNRS depuis 2012, est à ce titre un acteur important(1). Il est le fondateur, en France, de l’édition numérique en libre accès (open access) dans le domaine des sciences humaines et sociales. Parti de la mise en ligne de revues papier avec le site revues.org (créé entre 1999 et 2007), le Cléo propose aujourd’hui le portail OpenEdition qui inclut aussi les ouvrages (livres) nativement numériques. Autre outil, le site Hypothèses a été créé par le Cléo pour accueillir les carnets de recherche. Les chercheurs peuvent y déposer l’avancée de leurs travaux au jour le jour, sous la forme d’un blog. C’est un espace ouvert, qui se veut très accessible, notamment au grand public.

 

Des publications à étages

Ces modes de publications numériques sont de véritables révolutions conceptuelles pour les éditeurs. Leur place dans le circuit de diffusion a changé. Ils n’arrivent plus en bout de chaîne, une fois l’étude terminée et la thèse écrite, mais peuvent intervenir à tous les niveaux : de la publication des données brutes, encouragée par la toute récente loi(2) d’Axelle Lemaire(3), jusqu’aux contenus vulgarisés des carnets de recherche, voire encore plus vulgarisés, en passant par la thèse. Responsable de l’édition électronique aux Presses universitaires de Rennes (les PUR), Yves Picard vit cette mutation.

« On va vers ce que j’appelle la publication à étages. On est encore au début de la réflexion et cela implique un travail commun entre éditeurs, chercheurs et les acteurs de la formation comme l’Urfist(4). D’ailleurs, avec le déménagement des PUR dans le même bâtiment que la Maison des sciences de l’homme, je me suis rapproché des chercheurs. Nous allons pouvoir travailler sur les nouveaux formats, les standards et les bonnes pratiques », se réjouit-il.

 

La libération des données brutes

« Cette loi sur les données brutes est un vrai changement, analyse Alexandre Serres, enseignant-chercheur à l’Urfist de Rennes, car avant c’était l’inverse : par défaut, tout était fermé et il fallait préciser quand on était dans la situation du libre accès. Désormais, tout sera ouvert, sauf cas exceptionnels (brevets, protection des données personnelles...). Cela demande un vrai travail de sensibilisation auprès des chercheurs, notamment pour établir un plan de gestion des données. L’Urfist est très impliquée dans cette démarche. » En parallèle, les Maisons des sciences de l’homme, dont la MSHB, se dotent de différents outils pour la collecte, le traitement, la conservation et la valorisation des données numériques de recherche.

Nathalie Blanc

(1) Le Cléo est dirigé par Marin Dacos, à l’origine du manifeste des Humanités numériques (http://tcp.hypotheses.org/318) et lauréat de la médaille de l’innovation 2016 du CNRS.
(2) Promulguée le 7 octobre 2016 dans le cadre de la République numérique, la loi pour une République numérique stipule que la réutilisation des données de la recherche, à condition qu’elles ne soient pas protégées, est libre.
(3) Secrétaire d’État chargée du numérique.
(4) Unité régionale de formation à l’information scientifique et technique.

Yves Picard, tél. 02 99 14 14 82, yves.picard@univ-rennes2.fr
Alexandre Serres, tél. 02 99 14 14 45, alexandre.serres@uhb.fr

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