Il faut sauver le petit panicaut

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N° 349 - Publié le 8 février 2017
Pauline Rascle

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Pauline Rascle, doctorante brestoise en biologie de la conservation, travaille sur une plante menacée.

Elle est l’une des plantes les plus menacées de France et d’Europe. Le panicaut vivipare (Eryngium viviparum) est une plante minuscule. Elle pointe ses petites étoiles bleues ou vertes au ras d’un sol inondable. Depuis les années 80, elle fait l’objet d’une attention particulière des botanistes (1). Elle ne subsiste plus que sur 1000 m2 à peine, à Belz, à l’arrière du littoral morbihannais, et sur quelques petits points au nord-ouest de la péninsule Ibérique.

Depuis 2012, un plan national d’actions est en œuvre pour sauver le panicaut. Au laboratoire Géoarchitecture de l’Université de Bretagne Occidentale à Brest, Pauline Rascle lui consacre sa thèse. La plante est originale : cette pionnière est toujours la première à coloniser un sol mis à nu. Elle n’a pas besoin de beaucoup de nutriments pour se développer et peut survivre six mois sous l’eau.

Qui sait si cette championne ne fabrique pas des molécules intéressantes pour la pharmacologie ? Le panicaut peut disparaître définitivement avant même que nous le découvrions. L’aire de répartition historique de la plante est connue grâce aux écrits des botanistes depuis 1839. En 1975, la plante avait été identifiée sur 36 sites en France, de la rivière d’Étel au golfe du Morbihan, dont plusieurs parmi les menhirs de Carnac. Toutes ont disparu avec l’urbanisation, le drainage des sols, l’enfrichement ou la mise en culture. Il ne reste plus que les 10000 individus à Belz, dans une réserve naturelle de Bretagne vivante.

Génétique des populations, démographie sur un échantillon pour calculer les taux de survie pendant deux ans, réintroduction expérimentale : Pauline Rascle sort tout l’attirail de la biologie pour améliorer les connaissances sur cette plante et trouver la meilleure gestion pour sa préservation. Inquiétude : la faible diversité génétique des survivants leur permettra-t-elle de s’adapter aux changements ? Bonne nouvelle : les 1000 plants réintroduits à Carnac ont multiplié leur nombre par deux. Pauline Rascle soutiendra sa thèse, sous la direction de Frédéric Bioret et Sébastien Gallet, à la fin de cette année.

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