Maladie d’Alzheimer : des chiffres dramatiques, mais des axes de prévention

Carte blanche

N° 398 - Publié le 2 avril 2022
IRM
Carte blanche
Laurent Meijer
Président et directeur scientifique de ManRos Therapeutics et de Perha Pharmaceuticals à Roscoff

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La démence, un syndrome caractérisé par la détérioration des fonctions cognitives, constitue la 7e cause de mortalité dans le monde. Elle regroupe la maladie d’Alzheimer (MA) dans 60 à 70 % des cas, les démences vasculaire, fronto-temporale et à corps de Lewy. Près de 55,2 millions de personnes sont aujourd’hui concernées dans le monde, avec plus de 10 millions de nouveaux cas qui apparaissent chaque année. Cela représente un nouveau cas toutes les trois secondes !

Ce nombre devrait atteindre 78 millions en 2030 et 153 millions en 20501. Cette progression touchera particulièrement les pays à revenus faibles ou moyens. Le coût sociétal global lié à la démence, estimé à 1 300 milliards $ en 2019, devrait atteindre 2 800 milliards $ en 2030. C’est la maladie la plus coûteuse du 21e siècle…

Chiffres étourdissants

La prévalence de la MA et des maladies apparentées augmente rapidement avec l’âge : une personne sur 100 avant 70 ans, une sur 25 entre 70 et 79 ans, une sur 5 entre 80 et 89 ans, une sur 3 après 90 ans. On compte 7,8 millions de cas de MA en Europe dont 1,2 million de personnes en France en 2019. 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et en 2050, 2,2 millions de personnes risquent d'être touchées. Le coût global de la prise en charge annuelle en France de la MA est estimé à 32 milliards d’euros. Les chiffres sont étourdissants. Que pouvons-nous faire contre cette apparente fatalité ?

Prévenir ou retarder les démences

Une étude remarquable2 a montré que nous pourrions agir sur plusieurs facteurs de risques de démence. Grâce à l’analyse d’un grand nombre de données épidémiologiques, les chercheurs ont montré que le contrôle de 12 facteurs de risques permettrait de prévenir ou de retarder les démences dans 40 % des cas au niveau mondial : 8,2 % des cas en empêchant ou en corrigeant les pertes auditives, 7,1 % des cas en élevant le niveau d’éducation chez l’enfant et le jeune adulte, 5,2 % des cas en arrêtant le tabac (même après 65 ans), 3,4 % des cas en évitant les traumatismes crâniens (mêmes légers), 3,9 % en traitant la dépression, 3,4 % en luttant contre l’isolement social, 2,3 % en limitant l’exposition à la pollution de l’air, 1,9 % en évitant l’hypertension artérielle, 1,6 % en maintenant une activité physique, 1,1 % en traitant le diabète, 0,8 % en limitant la consommation d’alcool à 3 unités par jour et 0,7 % en luttant contre l’obésité. Beaucoup de ces facteurs sont associés aux inégalités et affectent des populations vulnérables ou des minorités. Il n’est donc jamais trop tard pour prévenir les démences. Certains facteurs sont modifiables précocement (avant 45 ans), comme l’éducation qui affecte la “réserve cognitive”, d’autres plus tardivement (après 65 ans) comme les activités cognitives, physiques et sociales.

Les gouvernements, par leur politique de santé et d’éducation, et les individus, par la prise en compte de ces facteurs dans leur hygiène de vie, sont réellement en mesure de prévenir ou de retarder une proportion très significative des démences. L’impact sera particulièrement important chez les populations les plus touchées3.

 

1. D’après une étude publiée dans Lancet public health, 2019.

2. Publiée dans The Lancet, 2020. 

3. Pays à faibles ou moyens revenus.

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