24 heures pour réinventer les technologies spatiales

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N° 405 - Publié le 28 décembre 2022
VIOLETTE VAULOUP
Esteban et son équipe prévoient de continuer à développer leur projet après la fin du concours.

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Act In Space, le concours d’innovation du Cnes et de l’Esa s'est déroulé en novembre à Rennes. Une première étape qui ouvre la voie à la finale internationale en février à Cannes.

La file d’attente s’étire. Par un après-midi pluvieux, une quarantaine de personnes s’est donné rendez-vous à Rennes, dans les locaux du Poool, une structure d’accompagnement des entrepreneurs. Chacun récupère un badge avant de poser son sac à dos aux pieds de tables où se mêlent stylos, feuilles de brouillons et ordinateurs. Ce 18 novembre, la même scène se répète dans 66 villes de 34 pays, du Brésil au Gabon en passant par la Chine ou la Turquie. À 15 h, un compte à rebours s’enclenche. Le hackathon1 Act In Space peut commencer. En Bretagne, Rennes et Brest ont chacune accueilli une édition de ce concours d’innovation international en forme de marathon, porté par le Centre national d’études spatiales (Cnes) et l’Agence spatiale européenne (Esa) depuis 2014.
Tous les deux ans, pendant 24 heures, des équipes rivalisent d’inventivité pour imaginer une application basée sur des données ou des technologies spatiales en relevant un défi choisi parmi une liste pensée par le Cnes. Le tout en élaborant une start-up fictive qui vendra le produit ou le service conçu. Les 13 et 14 février, les lauréats des éditions locales s’affronteront dans une finale nationale, puis internationale, à Cannes.

Sortir la science des laboratoires

« Nous, par exemple, nous avons un profil plus économique que scientifique, alors on s’est tourné vers un défi moins technique », raconte Timothée, 26 ans, étudiant en économie et management de l’environnement, dont le groupe prévoyait de plancher sur la création d’une base lunaire durable. Un peu plus loin, Jérôme et son équipe, cinq doctorants en génie électronique, sont là pour sortir la science des laboratoires. Pour la « confronter aux réalités du marché », explique le jeune homme. « Quand on crée, on connaît le coût des matières premières, mais pas forcément le modèle économique du projet », poursuit-il.
Et pourtant, « on peut avoir la meilleure idée du monde, si on ne sait pas la vendre, ça ne sert à rien », assure Sylvain Pernon, co-organisateur de cette deuxième édition rennaise d’Act In Space et enseignant-chercheur à l’Université de Rennes 1. Par le passé, certains projets ont si bien su se vendre que l’aventure s’est prolongée. C’est par exemple le cas des lauréats bretons de l'édition nantaise, en 2016. Le projet est aujourd’hui devenu une entreprise : Kermap, qui travaille notamment avec des collectivités pour cartographier la couverture en espaces verts d’un territoire, à partir de données satellitaires.

Des données incontournables

Du GPS à la météo, les données et les technologies spatiales sont aujourd’hui omniprésentes dans bien des domaines. « Sans la météo, l’agriculture serait beaucoup plus compliquée à gérer », souligne Sylvain Pernon. Et leur utilisation est sans fin. « Il y en a tellement que l’on n’aura jamais fini de tout analyser. Aujourd’hui, on travaille encore sur des photos du ciel du début du 20e siècle, parce que de nouvelles technologies nous permettent de découvrir des détails jusqu’ici invisibles », poursuit le spécialiste de l’Espace.
Pour cette cinquième édition d’Act In Space, la majorité des défis proposés étaient axés sur la lutte contre le dérèglement climatique. Car si construire et envoyer un satellite au-dessus de l’atmosphère est extrêmement polluant, pour Sylvain Pernon, la balance bénéfices-risques est sans appel : « ça vaut le coup. » C’est d’ailleurs grâce aux données spatiales que l’on peut « démontrer et mesurer le réchauffement de la planète. Mais on peut aussi détecter des nuages de polluants, comme le méthane2, à partir d’images satellites », conclut l’enseignant au beau milieu du brouhaha ambiant.
Assis ou debout, les groupes débattent, affichent des feuilles de papier aux murs et s’échinent sur des croquis et des équations, réfléchissant, peut-être, à la prochaine invention qui changera le monde. « On dormira demain », sourit l’un des participants, les yeux déjà fixés sur la finale nationale, le 13 février.

VIOLETTE VAULOUP

Contact

Sylvain Pernon
sylvain.pernon [at] univ-rennes1.fr (sylvain[dot]pernon[at]univ-rennes1[dot]fr)

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