En Bretagne, le loup se fait remarquer

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N° 406 - Publié le 31 janvier 2023
EMMANUEL HOLDER
Le loup filmé en mai 2022 par la caméra d'Emmanuel Holder, à Berrien (Finistère).

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Depuis qu’un naturaliste a filmé un loup mâle en mai dernier dans le Finistère, les signalements se multiplient.

L’image ne trompe pas : c’est bien un loup que l’on voit marcher, oreilles vers l’avant, au milieu des Monts d’Arrée. Plus précisément, selon l’Office français de la biodiversité (OFB), un loup gris, mâle, d’origine italienne. La vidéo prise à Berrien (Finistère), le 4 mai 2022, provient de la caméra automatique du naturaliste Emmanuel Holder qui cherchait à photographier… des cerfs.

La Bretagne était l’une des dernières régions de France où le loup n’avait pas repointé le bout de sa truffe. Après un 20e siècle marqué par son absence, le grand canidé gagne du terrain depuis les Alpes, où il est revenu dans les années 1990. Et cela grâce aux jeunes mâles dits “disperseurs” car ils partent à la recherche de nouveaux territoires. « Les individus sont capables de parcourir des centaines de kilomètres en quelques mois sans être repérés ! », indique Franck Varagnat, référent régional du loup à l’OFB. En 2021, on estimait entre 800 et 1 000 le nombre de loups en France.

Depuis mai 2022, les signalements en Bretagne se multiplient. Tous sont patiemment vérifiés par l’OFB, mais la tâche n’est pas aisée. « Nous avons besoin de documents techniques ou génétiques à exploiter », détaille Franck Varagnat. Problème : aucune trace ADN (excréments, sang, poils ou urine) n’a été relevée à ce jour. En revanche, les prédations sur les brebis1 sont analysées, à la recherche d’hématomes ou de perforations, signes d’éventuelles attaques du loup. Une dizaine de cas ont été recensés dans la région depuis cet automne.

Preuves, prudence et patience

Les images, souvent envoyées par des particuliers, restent le moyen le plus répandu pour identifier le loup. Six mois après la vidéo prise à Berrien, un mâle a été photographié à Goven, près de Rennes, 180 km plus loin. La dernière observation remonte au 6 janvier, à Plévin, au carrefour des Côtes d'Armor, du Morbihan et du Finistère. S’agit-il du même loup ? Y a t-il plusieurs individus ? Sans ADN, on l’ignore. « On ne raisonne que sur ce qui est vérifiable », rappelle Philippe Défernez, naturaliste de l’association Groupe mammalogique breton. De plus, la durabilité de l’installation du canidé dépend de l’arrivée des femelles et d’éventuelles reproductions. À ce stade, il est donc impossible de prévoir l’évolution de la population.

SOPHIE PODEVIN

1. Depuis le 20 janvier, les éleveurs de certains départements peuvent bénéficier d'une aide de protection (chiens et installation de clôtures).

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