L’éruption de la montagne Pelée, détonateur de la volcanologie

Voyage au centre des volcans

N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© SMU Central University Libraries

Magazine

4301 résultat(s) trouvé(s)

Le 8 mai 1902, à 8 h du matin, le haut de la montagne Pelée explose et une nuée ardente déferle sur Saint-Pierre, en Martinique. 

Le nuage de cendres volcaniques à 800 °C brûle instantanément les 30 000 habitants de la ville « qui ressemble alors à Hiroshima, dépeint Michel Desse, professeur et géographe à l’Université de Nantes. Il ne reste que les façades des maisons… et un survivant ». Dans les mois qui ont précédé, une série de tremblements de terre et des coulées de boue ont déferlé sur les pentes du volcan. Mais si la population a eu peur, personne n’a su interpréter correctement ces signes avant-coureurs. Plusieurs géologues sont venus sur place pour étudier le phénomène, dont Alfred Lacroix, « qui a observé les nuées ardentes depuis les crêtes qui les surplombent, protégé par son seul casque colonial », raconte le chercheur.

Prévention des risques


C’est à la suite de cette explosion, la plus meurtrière du 20e siècle, que la volcanologie s’émancipe franchement de la géologie pour se tourner vers la protection des populations. « Aujourd’hui, on pourrait prédire ce genre d’éruption deux ans avant la phase pré-explosive », indique Michel Desse. En effet, des avancées significatives ont mené à toute une science de la prévention des risques. En 1976, lors de l’éruption de la Soufrière, en Guadeloupe, une partie de l’île est évacuée pour six mois. « La connaissance et l’expérience qui découlent de l’étude de Pelée ont été fondamentales dans la gestion de cette crise », commente le géographe. Dans de nombreuses villes, comme Naples, des plans d’évacuation sont élaborés, et en 1992, une coulée de lave de l’Etna est même déviée pour éviter des dégâts. Aujourd’hui, l’observatoire volcanologique et sismologique de la Martinique publie des bulletins hebdomadaires de l’état du volcan, sous haute surveillance. « S’il reste des progrès à faire du côté de la perception du danger chez les habitants de l’île, il est tout à fait improbable que ce genre de drame arrive de nouveau », remarque finalement le chercheur.

Anna Sardin

TOUT LE DOSSIER

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest