La ressource en bois en 2035

La forêt du futur

N° 372 - Publié le 29 avril 2019
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Une étude prospective dessine deux scénarios pour la forêt en 2035. Une autre gestion permettrait de prélever davantage de bois.

Les explications de Gildas Prévost, animateur ressource et valorisation des bois au sein d’Abibois[1].

Sciences Ouest : Pourquoi cette étude ?

Gildas Prévost : L’objectif est de connaître les ressources en bois bretons, résineux et feuillus, aujourd’hui et dans vingt ans. Nous nous intéressons à l’épicéa de Sitka. Cette essence est la première exploitée en bois d’œuvre[1], car son tronc est droit et facile à scier. Ce résineux a été planté massivement durant l’après-guerre. Il arrive aujourd’hui à maturité et sa disponibilité diminue fortement. Il subit les ravages d’un coléoptère, le dendroctone. L’étude indique des solutions de remplacement de cet épicéa par d’autres essences.

SO : Comment avez-vous procédé ?

GP : Une dizaine de techniciens forestiers du CNPF[1] ont réalisé un inventaire, défini par l’IGN[2], sur mille sites. Ces données ont été ajoutées à celles déjà connues de l’IGN. Cela nous donne une photo précise de la forêt bretonne d’aujourd’hui, composée pour trois quarts de feuillus et d’un quart de résineux. Deux types de scénarios sylvicoles ont été définis à l’horizon 2035.

SO : Quels sont-ils ?

GP : Le scénario tendanciel montre comment la forêt évolue, si nous suivons les pratiques actuelles. Le second scénario, dit optimal, se base sur une gestion de la ressource plus précise et améliorée. La forêt bretonne est très morcelée[3], elle souffre d’un déficit de gestion et le tiers de sa surface est considérée de qualité pauvre. Le scénario optimal se base sur un effort supplémentaire de gestion, encouragée par les aides de l’Etat comme le programme Breizh Forêt Bois. Il incite les propriétaires à planter des bois d’œuvre de qualité.

SO : Comment sera la forêt en 2035 ?

GP : Si l’on ne fait rien de plus, la forêt bretonne continuera à être sous-exploitée. Le volume de bois en forêt va augmenter de 40 %. En revanche dans le cadre du scénario optimal, le volume global augmentera de 25 %. Les feuillus progresseront de 40 %, notamment les chênes et les châtaigniers. L’épicéa de Sitka perdra les deux tiers de son volume actuel, mais le pin maritime et le pin Douglas, notamment, prendront le relais.

SO : La gestion sera-t-elle plus durable ?

GP : Oui, car les aides publiques incitent à renouveler les plantations avec du bois d’œuvre et à diversifier les essences. Un mètre cube de charpente, issu de bois d’œuvre stocke une tonne de CO2 et ceci pour longtemps. Contrairement à une idée reçue, le « bois énergie », qui sert au chauffage, provient de l’éclaircissement des arbres ou bien de copeaux, issus de la fabrication de planche en bois. Le développement des chaudières à bois ne déforeste pas la forêt bretonne. Il incite à la faire évoluer, en passant à un peuplement de qualité lors de la replantation.

Agnès Boiron

[1] Centre national de la propriété forestière, délégation Bretagne-Pays de la Loire.
[2] Institut national de l'information géographique et forestière.
[3] La forêt bretonne est privée à 92% et détenue par 115 000 propriétaires.

Gildas Prévost
tél. 02 99 27 79 23
gildas.prevost@abibois.com
Animateur Ressource et valorisation des bois Abibois
9 rue de Suède 35200 RENNES

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