De la conquête du marché féminin…
Le tabac : de la graine au mégot
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest
Au sein des forêts, des spécimens séculaires au feuillage étendu côtoient de jeunes arbustes en pleine croissance. Tout au long de leur vie, les plantes s’adaptent à leur environnement grâce à des sens aiguisés, étudiés par les scientifiques.
Une fouille archéologique à l’église des Jacobins, à Morlaix, a mis au jour plus de 230 tombes. Une fenêtre ouverte sur les pratiques funéraires de nos ancêtres.
À travers un colossal travail d’archives, Fabien Lostec a retracé le parcours des collaboratrices condamnées à mort à la Libération.
« Lorsqu’on parle de l’épuration, la première image qui vient est celle des femmes tondues, et dans l’imaginaire collectif elles ont été punies pour avoir eu des relations sentimentales ou sexuelles avec des Allemands. En réalité, cela ne concerne que 40 % d’entre elles, la grande majorité a dénoncé ou adhéré à des partis collaborationnistes », raconte Fabien Lostec.
Cet enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’Université Rennes 2 vient de publier un livre sur les femmes condamnées à mort après la Seconde Guerre mondiale1. « J’ai voulu prendre le contrepied de ce mythe des femmes comme collaboratrices sentimentales et comme seules tondues », poursuit l’historien, qui a visité plus de 60 dépôts d’archives et mis au jour des chiffres inédits.
Entre 1944 et 1951, 651 femmes sont condamnées à mort. 247 font face aux juges2 et 46 sont exécutées, les autres sont graciées. « Jamais depuis la Révolution française autant de femmes n’ont été condamnées et mises à mort », contextualise Fabien Lostec. Mais au-delà de l’analyse statistique, le chercheur s’est attaché à reconstruire des parcours. Une manière de « faire entrer l’épuration de ces femmes dans l’Histoire » en les sortant du vide mémoriel où elles se trouvaient. Car les collaboratrices ont eu des responsabilités politiques ou policières. Elles ont parfois été violentes. D’ailleurs, à la Libération, c’est aussi cette transgression des normes de genre qui leur est reprochée.
Lors des procès, « celles qui tentent de se défendre mobilisent des arguments de genre pour se déresponsabiliser comme “je suis tombée amoureuse, je ne savais pas ce que je faisais” », illustre l’historien. L’accusation utilise elle aussi le genre, pour les diaboliser cette fois. Assimilées à des sorcières, les collaboratrices sont ainsi dépeintes comme des femmes débauchées, de mauvaises mères et épouses, en totale opposition à la figure de la résistante. « À la différence des hommes, l’influence de la vie privée est déterminante dans ces procès », résume Fabien Lostec.
1. Condamnées à mort, l’épuration des femmes collaboratrices 1944-1951, CNRS Éditions (2024).
2. Les autres, ayant par exemple fuit à l’étranger, sont jugées par contumace.
En s’intéressant à l’attrait pour le bâti ancien en Bretagne, une jeune morbihannaise a interrogé les notions de modernité et d’identité pour déconstruire une forme de romantisation du passé.
C’est en tout cas le projet de Stéven Tual. Ce météorologue travaille à l’installation d’une antenne sur le toit des monts d’Arrée1 qui viendrait compléter un réseau mis en place par des particuliers et des associations pour suivre en temps réel la température, la pluviométrie, la vitesse du vent et l’hygrométrie. Mais la zone est classée Natura 2000, des discussions sont donc en cours avec le PNRA2.
Les données (en libre accès) serviraient notamment à affiner les projections climatiques à l’échelle locale et pourraient nourrir des projets de recherche. Stéven Tual espère pouvoir installer le matériel avant l’été car la station est aussi pensée comme un outil de lutte contre les incendies. « Quand il fait plus de 30 °C, que le vent souffle à plus de 30 km/h et que l’humidité est inférieure à 30 %, les risques d’incendie sont multipliés, indique le météorologue. Ces variables sont d’ailleurs déjà utilisées par les pompiers du Var, qui profitent de stations similaires pour s’adapter en temps réel aux évolutions du feu. »
1. Avec les associations Infoclimat et Association Météo Bretagne et la commune de Plounéour-Ménez.
2. Parc naturel régional d’Armorique.
Il y a près d’un an, du 1er mai au 18 juin 2023, le sportif Christophe Gruault a navigué à bord d’une yole1 sur les rivières du vieux continent, de Varsovie à Paris. Tout au long de cette ambitieuse expédition, nommée l’Europe à la Rame, le rameur a recueilli des échantillons d’eau. Grâce à l’ADN trouvé dans ces prélèvements, le chercheur Éric Feunteun, professeur du MNHN2 à la station marine de Dinard, a déterminé les différentes espèces de poissons présentes sur le trajet. Bilan : « le faible nombre d’espèces migratrices amphihalines3 traduit une dégradation majeure de la qualité et de la continuité écologique des cours d’eau parcourus », explicite le scientifique. En outre, « lorsque les rivières traversent des zones urbanisées ou d’agriculture intensive, moins d’espèces sont trouvées », ajoute Éric Feunteun. Ces résultats, présentés le 21 mars au MNHN, soulignent la nécessité d’une préservation des écosystèmes fluviaux à l’échelle européenne.
1. Embarcation légère propulsée à l'aviron ou à la voile.
2. Muséum national d’Histoire naturelle.
3. Se dit d’une espèce aquatique migrant de l’eau salée vers l’eau douce.