Les oiseaux, victimes de la tempête Ciaran
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Très exposés aux vents violents qui ont touché la Bretagne le mois dernier, les oiseaux ont payé un lourd tribut.
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du magazine Sciences Ouest
Très exposés aux vents violents qui ont touché la Bretagne le mois dernier, les oiseaux ont payé un lourd tribut.
C’est bien connu, le virus du Covid-19 infecte les poumons, mais aussi les reins, les intestins… et même les testicules ! En octobre, l’équipe Urgent de l’Irset1, à Rennes, a publié les résultats d'un travail amorcé en 2020, lorsqu’une étude chinoise met en évidence la présence du SARS-CoV-2 dans du sperme. « Dans le même temps on observait que le taux de testostérone diminuait chez les patients infectés. Nous savions aussi que les récepteurs du virus étaient très présents dans cet organe », se souvient Nathalie Dejucq-Rainsford, qui dirige l’équipe. Grâce à une culture de testicule humain, ces spécialistes de l’appareil uro-génital montrent que le virus se réplique dans plusieurs cellules testiculaires, sans toutefois altérer le fonctionnement de l’organe. La baisse du taux de testostérone serait plutôt à attribuer à l’inflammation globale causée par la maladie. De plus, l’infection du testicule finit par s’éteindre toute seule. L’étude de l’Irset est donc rassurante et permet « d’écarter l’idée que le testicule serait un réservoir du virus », souligne la biologiste.
1. Institut de recherche en santé, environnement et travail.
Les applications intégrées dans nos téléphones ont bouleversé les manières de communiquer et offrent aujourd’hui aux familles séparées la possibilité de garder contact.
Comment bien coucher les bébés pour limiter au maximum les risques de mort subite du nourrisson¹ (MSN) ?
En tout cas, pas comme le dépeignent une grande partie des images sur les paquets de couches vendus en Europe. Dans une étude publiée fin octobre dans The Journal of Pediatrics, une équipe internationale de chercheurs montre qu’un nombre très élevé de visuels est non conforme aux recommandations de couchage. 45 % des paquets avec une image d’enfant endormi le représentent en position ventrale ou latérale, alors que « depuis les années 1990, ce type de pratique a été identifié comme facteur de risque majeur du syndrome de mort inattendue du nourrisson », explique Sophie de Visme, co-autrice de l’étude et ingénieure en analyse de données épidémiologiques à l’Inserm2, à Nantes. Le couchage dans un environnement mou (avec un oreiller, par exemple) ou dans un lit partagé (parents, autre enfant) est également fortement déconseillé.
« Il y a une idée selon laquelle il existerait une “mode” dans les recommandations de couchage, ce qui n’est pas le cas, indique par ailleurs la chercheuse. Ces images non conformes entretiennent le flou autour des bonnes pratiques. »
Elle rappelle que la MSN, qui provoque entre 250 et 350 décès par an, est la première cause de mortalité infantile évitable en France. Puisqu’il est démontré que « les images ont une influence sur les comportements des parents », les scientifiques ont lancé une pétition à destination des législateurs pour que les bébés soient tous représentés couchés en conformité avec les recommandations internationales.
1. Mort inattendue d’un nourrisson de moins d’un an alors qu’il est en bonne santé, et qui demeure inexpliquée après enquête.
2. Institut national de la santé et de la recherche médicale.
Bonne nouvelle, les poissons migrateurs remontent de nouveau la Sélune depuis le démantèlement de deux barrages, le dernier ayant été retiré fin 2022. Une équipe d’une soixantaine de scientifiques, notamment bretons, étudie depuis 2012 via le programme Sélune la restauration de ce fleuve normand. « On retrouve déjà l’anguille européenne et des frayères1 de lamproies dans différents secteurs en amont des anciens barrages, ainsi que de jeunes saumons atlantiques. C’est la preuve que les poissons arrivent à recoloniser ces milieux et à se reproduire », remarque Laura Soissons, ingénieure de recherche à l’Inrae2 à Rennes et coordinatrice du projet. L’état du fleuve s’est également amélioré après la disparition des lacs de retenue. « L’eau à l’aval des barrages s’est rafraichie de deux degrés et s’est enrichie en oxygène. De nombreux invertébrés sensibles aux polluants, comme les éphémères et les plécoptères, sont également de retour », indique la chercheuse. Le suivi de la restauration du fleuve doit se prolonger au moins jusqu’en 2027, en gardant en tête l’effet d’autres facteurs comme le changement climatique.
1. Lieux où se reproduisent les poissons.
2. Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.
Chaque année, plus de deux cents navires sous pavillon européen arrivent en fin de vie et sont pour la plupart démantelés en Asie. Le projet CargoMorphose, incubé à l'Enstartup de l’Ensta1 Bretagne en partenariat avec le pôle Mer Bretagne Atlantique, leur donne une seconde vie. L'objectif est de recycler les navires marchands pour le secteur du bâtiment et des travaux publics. Une fois dépollués, les réservoirs vidangés, les batteries écartées, les bateaux sont démontés et les pièces en acier réutilisées presque à l'état brut. « Nous ne souhaitons pas remplacer le béton ou le métal existant, mais ajouter une offre de matériaux au domaine du BTP », détaille Jacques Spiegelstein, le porteur du projet CargoMorphose. Il ambitionne la création d'une nouvelle filière industrielle de recyclage. Les pièces ne sont-elles pas trop abîmées par la mer ? « Elles subissent les forces de la compression, de la torsion... qui sont largement supérieures aux forces appliquées dans le BTP », répond Jacques Spiegelstein.
1. École nationale supérieure de techniques avancées.
Les larves du bivalve1 polaire Hiatella arctica, proie de nombreux animaux, survivent mal face au réchauffement climatique. C’est ce qu’a démontré une équipe internationale impliquant des scientifiques du Lemar2 à Brest. En milieu polaire, la ponte des invertébrés est bien souvent synchronisée avec le développement du phytoplancton, source de nourriture larvaire. Le problème, c’est que le réchauffement climatique entraîne une fonte accélérée de la calotte glaciaire, et donc un apport majoré d’eau douce au sein des eaux côtières polaires. Cette modification des eaux marines perturbe la période de croissance du plancton, et provoque un décalage entre ponte larvaire et développement planctonique. L’étude a permis d’établir que les larves de Hiatella arctica les plus proches de ces nouveaux apports en eau présentent une croissance plus faible que la normale. Or, le déclin de ce bivalve engendrerait des effets en cascade, aux conséquences dévastatrices pour les chaînes alimentaires polaires.
1. Mollusque à coquille composée de deux valves (huître, moule, palourde…).
2. Laboratoire des sciences de l’environnement marin.
Jusqu’au 14 décembre, une exposition brestoise revient sur l’histoire et les bienfaits des séjours pédagogiques en bord de mer, nés dans le Finistère il y a près de 60 ans.
Difficile de croire, quand on voit ces enfants en bottes sur la plage, qu’ils sont à l’école. C’est pourtant le principe des classes de mer, initiées en 1964 par Jacques Kerhoas, enseignant finistérien. Depuis, des milliers d’enfants de toute la France ont découvert, le temps de quelques semaines, le littoral breton, ses paysages, sa biodiversité et ses légendes. De 2017 à 2022, ces classes de mer ont fait l’objet d’un projet de recherche intitulé Clasmer et piloté par Emmanuelle Peyvel, maître de conférences agrégée de géographie à l’UBO1. L’exposition « La mer c'est classe ! », installée à la salle des Abords à Brest, revient sur les conclusions de cette étude qui s’est déclinée en trois axes.
« La première étape a été de rassembler des archives des classes de mer pour reconstituer leur histoire », commence la chercheuse. Photos, reportages télévisés, lettres, documents administratifs des centres d’accueil… Un corpus riche rassemblé pour l’étude, puis confié à quatre étudiantes du master Patrimoine et musée de l’UBO à Quimper pour être mis en valeur dans l’exposition.
Le deuxième axe était consacré aux classes de mer d’aujourd’hui, en mettant en valeur les expériences des enfants. « Leur parole est importante, ils sont les premiers concernés », rappelle Emmanuelle Peyvel avant d’ajouter que « les enfants reconnaissent apprendre différemment » lors de ces séjours. Au-delà des savoirs académiques, ils acquièrent en effet des compétences techniques comme la navigation ou la pêche à pied, tout en expérimentant l’autonomie et le vivre ensemble.
L’équipe scientifique de Clasmer a également mené des entretiens auprès des professeurs, des directeurs de centres et des professionnels du tourisme pour mieux comprendre l’évolution économique et politique de ces classes de mer. Premier constat : en soixante ans, leur nombre et leur durée ont diminué. « Nous sommes passés de classes transplantées de trois semaines à des séjours de sept jours maximum », note la géographe. Et les enfants viennent de moins loin. Aujourd'hui, 40 % d'entre eux viennent de la Bretagne et des alentours. « Depuis les années 1960, les coûts liés au transport ou à l’hébergement ont augmenté ; les professeurs doivent se battre pour obtenir des financements… et les réglementations concernant la sécurité sont devenues plus strictes », relève Emmanuelle Peyvel. L’apprentissage de compétences nautiques a également laissé place à un nouveau panel de thématiques, allant jusqu’au teambuilding2 de classes. Une chose n’a cependant pas changé : la découverte de l’environnement et du grand air ! Cet axe principal est d’ailleurs la trame de l’exposition présentée au grand public jusqu’au 14 décembre.
« L’idée était de créer une exposition itinérante à travers la Bretagne », explique Julien Fuchs, commissaire scientifique de l’événement. Pour cela, trois étudiantes du master Design en transition de l'EESAB3 de Brest ont collaboré avec les chercheurs de Clasmer. Elles ont conçu des modules en matériaux recyclés, sans plastique, ainsi que dix-huit panneaux explicatifs au texte imprimé avec de l’encre végétale. Ce mobilier repliable, en plus d'être écologique, rappelle l'esprit authentique des classes de mer.
« Le public qui découvre l’exposition est assez nostalgique, témoigne Julien Fuchs au lendemain du vernissage qui a eu lieu début novembre à Brest. Il faut continuer de sensibiliser les professeurs au sujet de ces séjours ». Car, comme le disait Jacques Kerhoas, « que la mer soit ou non son destin, l’enfant ne peut ignorer ce qui fait l’essentiel de sa planète ».
1. Université de Bretagne Occidentale.
2. Activités pour favoriser la cohésion d’équipe.
3. École européenne supérieure d'art de Bretagne.