Offrir une seconde vie aux navires

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N° 414 - Publié le 30 novembre 2023
@ SVED OLIVER / ADOBE STOCK

 

Chaque année, plus de deux cents navires sous pavillon européen arrivent en fin de vie et sont pour la plupart démantelés en Asie. Le projet CargoMorphose, incubé à l'Enstartup de l’Ensta1 Bretagne en partenariat avec le pôle Mer Bretagne Atlantique, leur donne une seconde vie. L'objectif est de recycler les navires marchands pour le secteur du bâtiment et des travaux publics. Une fois dépollués, les réservoirs vidangés, les batteries écartées, les bateaux sont démontés et les pièces en acier réutilisées presque à l'état brut. « Nous ne souhaitons pas remplacer le béton ou le métal existant, mais ajouter une offre de matériaux au domaine du BTP », détaille Jacques Spiegelstein, le porteur du projet CargoMorphose. Il ambitionne la création d'une nouvelle filière industrielle de recyclage. Les pièces ne sont-elles pas trop abîmées par la mer ? « Elles subissent les forces de la compression, de la torsion... qui sont largement supérieures aux forces appliquées dans le BTP », répond Jacques Spiegelstein.

MAUD CADORET

1. École nationale supérieure de techniques avancées.

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Climat : effets en cascade aux pôles

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N° 414 - Publié le 30 novembre 2023
© © JAN JOHAN TER POORTEN

 

Les larves du bivalve1 polaire Hiatella arctica, proie de nombreux animaux, survivent mal face au réchauffement climatique. C’est ce qu’a démontré une équipe internationale impliquant des scientifiques du Lemar2 à Brest. En milieu polaire, la ponte des invertébrés est bien souvent synchronisée avec le développement du phytoplancton, source de nourriture larvaire. Le problème, c’est que le réchauffement climatique entraîne une fonte accélérée de la calotte glaciaire, et donc un apport majoré d’eau douce au sein des eaux côtières polaires. Cette modification des eaux marines perturbe la période de croissance du plancton, et provoque un décalage entre ponte larvaire et développement planctonique. L’étude a permis d’établir que les larves de Hiatella arctica les plus proches de ces nouveaux apports en eau présentent une croissance plus faible que la normale. Or, le déclin de ce bivalve engendrerait des effets en cascade, aux conséquences dévastatrices pour les chaînes alimentaires polaires.

CHARLES PAILLET

1. Mollusque à coquille composée de deux valves (huître, moule, palourde…).
2. Laboratoire des sciences de l’environnement marin.

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Dans les coulisses de l’exposition « La mer c'est classe ! »

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N° 414 - Publié le 30 novembre 2023
@ CLASMER
Les classes de mer ont vu le jour en 1964 sur le littoral breton.

Jusqu’au 14 décembre, une exposition brestoise revient sur l’histoire et les bienfaits des séjours pédagogiques en bord de mer, nés dans le Finistère il y a près de 60 ans.

Difficile de croire, quand on voit ces enfants en bottes sur la plage, qu’ils sont à l’école. C’est pourtant le principe des classes de mer, initiées en 1964 par Jacques Kerhoas, enseignant finistérien. Depuis, des milliers d’enfants de toute la France ont découvert, le temps de quelques semaines, le littoral breton, ses paysages, sa biodiversité et ses légendes. De 2017 à 2022, ces classes de mer ont fait l’objet d’un projet de recherche intitulé Clasmer et piloté par Emmanuelle Peyvel, maître de conférences agrégée de géographie à l’UBO1. L’exposition « La mer c'est classe ! », installée à la salle des Abords à Brest, revient sur les conclusions de cette étude qui s’est déclinée en trois axes.

La parole des enfants


« La première étape a été de rassembler des archives des classes de mer pour reconstituer leur histoire », commence la chercheuse. Photos, reportages télévisés, lettres, documents administratifs des centres d’accueil… Un corpus riche rassemblé pour l’étude, puis confié à quatre étudiantes du master Patrimoine et musée de l’UBO à Quimper pour être mis en valeur dans l’exposition.

Le deuxième axe était consacré aux classes de mer d’aujourd’hui, en mettant en valeur les expériences des enfants. « Leur parole est importante, ils sont les premiers concernés », rappelle Emmanuelle Peyvel avant d’ajouter que « les enfants reconnaissent apprendre différemment » lors de ces séjours. Au-delà des savoirs académiques, ils acquièrent en effet des compétences techniques comme la navigation ou la pêche à pied, tout en expérimentant l’autonomie et le vivre ensemble.

Des séjours plus courts


L’équipe scientifique de Clasmer a également mené des entretiens auprès des professeurs, des directeurs de centres et des professionnels du tourisme pour mieux comprendre l’évolution économique et politique de ces classes de mer. Premier constat : en soixante ans, leur nombre et leur durée ont diminué. « Nous sommes passés de classes transplantées de trois semaines à des séjours de sept jours maximum », note la géographe. Et les enfants viennent de moins loin. Aujourd'hui, 40 % d'entre eux viennent de la Bretagne et des alentours. « Depuis les années 1960, les coûts liés au transport ou à l’hébergement ont augmenté ; les professeurs doivent se battre pour obtenir des financements… et les réglementations concernant la sécurité sont devenues plus strictes », relève Emmanuelle Peyvel. L’apprentissage de compétences nautiques a également laissé place à un nouveau panel de thématiques, allant jusqu’au teambuilding2 de classes. Une chose n’a cependant pas changé : la découverte de l’environnement et du grand air ! Cet axe principal est d’ailleurs la trame de l’exposition présentée au grand public jusqu’au 14 décembre.

Sensibiliser les professeurs


« L’idée était de créer une exposition itinérante à travers la Bretagne », explique Julien Fuchs, commissaire scientifique de l’événement. Pour cela, trois étudiantes du master Design en transition de l'EESAB3 de Brest ont collaboré avec les chercheurs de Clasmer. Elles ont conçu des modules en matériaux recyclés, sans plastique, ainsi que dix-huit panneaux explicatifs au texte imprimé avec de l’encre végétale. Ce mobilier repliable, en plus d'être écologique, rappelle l'esprit authentique des classes de mer.
« Le public qui découvre l’exposition est assez nostalgique, témoigne Julien Fuchs au lendemain du vernissage qui a eu lieu début novembre à Brest. Il faut continuer de sensibiliser les professeurs au sujet de ces séjours ». Car, comme le disait Jacques Kerhoas, « que la mer soit ou non son destin, l’enfant ne peut ignorer ce qui fait l’essentiel de sa planète ».

SOPHIE PODEVIN

1. Université de Bretagne Occidentale.
2. Activités pour favoriser la cohésion d’équipe.
3. École européenne supérieure d'art de Bretagne.

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