Chasse à la baleine : des extinctions dès le Moyen Âge ?

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
© NOAA US. NATIONAL MARINE FISHERIES SERVICE
a. Baleine franche de l'Atlantique Nord - b. Baleine grise.

 

Fortement décriée de nos jours, la chasse à la baleine aurait eu des conséquences irréversibles plus tôt qu'on ne le pensait. Les Basques furent parmi les premiers à la pratiquer dans un but commercial, au 11e siècle. Cette pratique s’industrialisa aux quatre coins du globe dès le 19e siècle, mais il se pourrait qu’elle ait causé la disparition de certaines espèces au Moyen Âge. C’est l’hypothèse avancée par le chercheur norvégien Youri van den Hurk1, dans une étude qui vient de paraître. Pas moins de 700 ossements de baleines de l’Europe atlantique ont été rassemblés sur une période tout aussi impressionnante, s’étendant de 3 500 avant notre ère jusqu’au 18e siècle.

Analyse des os

 

« J’ai ressorti pour l’étude une vertèbre de baleine que j’ai découverte il y a 15 ans sur le site de Guéthary, dans le pays basque », raconte Brice Ephrem, chercheur au Creeah2 à Rennes qui a contribué à l’étude. Lors de l’analyse des os, c’est la surprise : de nombreux spécimens de baleine franche et de baleine grise sont identifiés, deux espèces qu’on ne retrouve plus dans l’Est de l’Atlantique Nord. Il faut dire que du-rant l’époque médiévale, les Basques, les Normands, les Anglo-Saxons ou encore les Scandinaves chas-saient ces cétacés. « On peut donc penser que cela a eu un effet direct sur ces populations de baleines et a peut-être même provoqué leur disparition dans cette partie de l’Atlantique », estime l’archéologue, qui nuance : « Il ne faut cependant pas exclure les conditions climatiques et environnementales. » Reste à déterminer pourquoi ces espèces auraient été ciblées, peut-être pour leur abondance ou pour la facilité à les chasser.

Nolane Langlois

1. Post-doctorant à l’Université norvégienne des sciences et de la technologie.
2. Centre de recherche en archéologie, archéosciences, histoire.

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À Notre-Dame de Paris, les chercheurs à l’épreuve de la reconstruction

Grand angle

N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
C2RMF / ALEXIS KOMENDA - CC BY-SA 4.0 / GODEFROYPARIS
Le 15 avril 2019, la première alerte incendie est donnée à 18h23. Le feu ne sera totalement éteint que le lendemain, peu avant 10h.

Près de cinq ans après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, la reconstruction progresse, tout comme la recherche sur les vestiges et la mémoire de la cathédrale. Mais comment ces deux chantiers hors normes s’articulent-ils ?

Le 15 avril 2019, Notre-Dame de Paris prend feu. Sous les yeux ahuris des Parisiens, les flammes dévorent la flèche. Le chef d’œuvre d’architecture conçu par Viollet-le-Duc se consume sur les écrans du monde entier. Un peu avant 20 h, la structure oscille dangereusement avant de s’effondrer. Quatre ans et demi plus tard, son ossature en bois s’apprête à poindre à nouveau dans le ciel de Paris. En moins de cinq heures, le feu emporte avec lui l’intégralité de la charpente et de la toiture en...
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Péplums : quand le cinéma éclaire l’histoire politique

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
L'éruption du Vésuve par Pierre-Henri de Valenciennes (1813).

À Rennes, des chercheurs utilisent le cinéma pour déconstruire la fascination autour de la catastrophe qui a détruit Pompéi ou encore l’héroïsation des premiers chrétiens.

Un groupe d’étudiantes traverse la gare et se presse au cinéma. Quelques minutes plus tard, l’écran se couvre de décors antiques. Au loin, le Vésuve gronde. Nous sommes en 79, à Pompéi. À l’initiative d’Anne Gangloff, enseignante-chercheuse en histoire ancienne à l’Université Rennes 2, le cinéma Arvor projette Les derniers jours de Pompéi, un péplum franco-italien réalisé par Marcel L’Herbier en 1950, suivi d’un échange avec des historiens. Malgré de beaux anachronismes et quelques fantaisies,...
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D’une découverte fortuite à un potentiel vaccin

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
© CC BY-SA 4.0 - PIETER-PAUL G

Extrêmement résistant et presque toujours mortel, le virus de la peste porcine africaine (PPA) touche les porcs comme les sangliers. S’il a pour l’instant épargné le territoire français, « la menace est clairement forte », se méfie Olivier Bourry, responsable adjoint du Laboratoire national de référence sur la peste porcine africaine, à l’Anses1, à Ploufragan (Côtes-d’Armor). Car depuis quelques années, des foyers sont repérés à quelques kilomètres de nos frontières. Les élevages d’Europe de l’Ouest2 sont bien protégés contre le virus, beaucoup plus difficile à gérer dans la faune sauvage, où la solution pourrait prendre la forme d’un vaccin. Les équipes bretonnes de l’Anses viennent d’entrer dans la dernière phase de test3 d’un produit découvert de manière fortuite en 2019. « En préparant du virus inactivé de la PPA pour des outils de diagnostic, nous nous sommes rendu compte que l’on avait créé un potentiel vaccin », se souvient Olivier Bourry avant d’ajouter qu’à terme, « on pourrait vacciner les porcs dans les pays où le virus circule, mais aussi les sangliers via des appâts. »

Violette Vauloup

1. Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
2. Dans lesquels les porcs sont élevés en bâtiment et non en basse-cour.
3. Qui devrait durer jusqu’en 2024.

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La renaissance des sols calcinés

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
© JOSE DURFORT
La funaire hygrométrique est l'une des premières plantes à pousser sur les sols brûlés.

 

Plus d’un an s’est écoulé depuis les incendies de l’été 2022 et la nature commence à reprendre ses droits. De la forêt de Brocéliande aux monts d’Arrée, un étrange tapis rouge recouvre par endroits les sols calcinés. Il s’agit d’une mousse particulièrement adaptée aux sols cendreux chargés en éléments nutritifs : la funaire hygrométrique. « Après avoir donné naissance à de nouvelles pousses, elle passe du vert au brun-orangé », explique José Durfort, botaniste et spécialiste des mousses, qui a repéré les premières funaires seulement deux mois après les incendies. « Elle s’est installée grâce à des spores enfouies dans le sol ou charriées par le vent. Cette mousse fait partie de ces espèces pionnières, qui s’installent sur les terrains nus », poursuit le scientifique. À mesure que les sols se repeuplent, elle est toutefois amenée à disparaître. Elle a joué son rôle en recolonisant les sols, « et en mourant elle apporte un peu de matière organique au sol appauvri par l’incendie, préparant ainsi le terrain à d’autres plantes. » Formidable illustration de la résilience de la nature.

Violette Vauloup

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Une carte dynamique qui indique les zones planctoniques

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
© CHRISTIAN SARDET / TARA OCEANS / PLANKTON CHRONICLES / CNRS IMAGES

 

Dans l’océan, le plancton est un puits de carbone essentiel encore peu connu et mal compris. L’étude des gènes appartenant aux différentes espèces qui le composent permet de prédire la quantité de carbone que chacune peut emprisonner. Mais ce n’est pas tout ! Leur diversité génétique est également visible grâce à la couleur de l’eau, observable depuis le ciel. « Partant de ce constat, nous développons à travers le projet Plankt’Eco1 une intelligence artificielle capable de combiner les données génomiques2 récupérées par des expéditions Tara à des observations satellitaires », raconte Damien Eveillard, chercheur au laboratoire des sciences numériques de Nantes. Le but ? Créer une carte dynamique montrant les zones planctoniques d’intérêt pour le climat, à destination des décideurs politiques. « Nous travaillons également avec des collègues spécialisés en droit car il va falloir repenser la législation pour protéger ces aires marines qui sont mouvantes », souligne le chercheur.

Nolane Langlois

1. Programme de recherche piloté par Tara Océan, débuté en 2023.
2. Issues de l’analyse des échantillons de plancton, elles regroupent un nombre colossal de séquences ADN.

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Et si la Révolution avait éclaté 80 ans plus tôt ?

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
© Studio Sebert pour Artcurial
Antoine Watteau (1684-1721), La revanche des paysans

1709. Cela fait plusieurs années que la France est en guerre contre les principales puissances européennes. Les défaites s’enchaînent mais dans la nuit du 5 au 6 janvier, c’est une attaque d’un autre genre qui surprend les Français. Une vague de froid s’abat sur le pays. « Elle n’est ni inédite ni totalement exceptionnelle mais des phases de gel et de dégel se succèdent pendant deux mois, ruinant les récoltes », souligne Gauthier Aubert, professeur d’histoire moderne à l’Université Rennes 2 et auteur d’un livre récemment publié sur l’année 17091. « Les gens ont peur d’avoir faim, on recense 200 révoltes2 dont une menace de prendre la Bastille et des bruits de régicide se répandent », poursuit le chercheur. La même année, l’État frôle la banqueroute et Louis XIV disperse l’Abbaye de Port-Royal3, où l’on cultive un esprit un peu trop critique aux yeux du Roi. « La situation est presque pire qu’en 1789 », avance Gauthier Aubert. Finalement, le Royaume tangue mais tient bon, la Révolution n’éclatera que 80 ans plus tard.

Violette Vauloup

1. 1709. L’année où la Révolution n’a pas éclaté, Calype Editions, 2023.
2. C’est le plus grand nombre de révoltes entre 1661 et 1788.
3. L’abbaye est fermée et les religieuses dispersées dans toute la France.

gauthier.aubert [chez] univ-rennes2.fr (gauthier[dot]aubert[at]univ-rennes2[dot]fr)

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Surprendre le brame du cerf, « un jeu de patience »

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023
© VIOLETTE VAULOUP
Chaque année, le Cner organise des sorties pour tenter d'entendre le brame du cerf.

Dans la forêt de Paimpont, au début de l’automne, on peut entendre le cri du cerf en rut. Immersion au milieu des bruits de la nuit avec le Cercle naturaliste des étudiants rennais.

C’est une douce soirée d’octobre qui se profile dans la forêt de Paimpont. Au bord de l’étang du Pas du Houx, le silence semble total. Mais si l’on tend l’oreille, la forêt bruisse de partout. Un canard plonge. Une branche grince. Le vent agite les feuilles. Un moteur se rapproche. Cinq jeunes filles descendent d’une voiture pleine à craquer. Dans le coffre, des jumelles s’entassent entre les sacs à dos. Pauline y attrape le trépied d’une longue vue. L’étudiante en écologie de 20 ans organise ce...
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Un marathon numérique en faveur des océans

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023

 

Du 17 au 19 novembre, des volontaires tenteront de répondre aux enjeux cruciaux liés aux océans, à l'occasion du Ocean Hackathon – contraction de hack et marathon – à Brest. Porté par le Campus mondial de la mer1, ce concours d’innovation numérique vise à encourager le développement de solutions novatrices qui contribueront à la préservation des océans. L’événement, initié en 2016 à Brest, est désormais d'envergure internationale : cette année, 89 défis seront proposés au total dans le monde, dont huit dans la cité du Ponant.

Exploitation de données marines


Permettre la visualisation de données collectées à la voile, modéliser la dispersion de polluants, réduire les collisions entre navires et cétacés grâce à la cartographie… Ces défis sont proposés par diverses structures, telles que des « entreprises, agences de l’État, ou encore collectivités », détaille Jérémie Bazin, responsable du Campus mondial de la mer au Technopôle Brest-Iroise. « Ces structures ont identifié des problématiques en lien avec la préservation de l’environnement marin, et souhaitent y répondre via l’exploitation de données marines », poursuit l’organisateur. Le temps d’un week-end, le Campus mondial de la mer met ainsi des données maritimes à disposition de passionnés de la mer, scientifiques, informaticiens, juristes ou encore étudiants. Leur but : contribuer à un avenir plus durable des océans à travers cet appel à l’innovation.

Charles Paillet

1. Réseau d’acteurs spécialistes des sciences et technologies marines.

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N° 413 - Publié le 26 octobre 2023

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