Sport et armée, des destins liés

Actualité

N° 416 - Publié le 29 janvier 2024
© Musée des Transmissions
L'exposition est visitable jusqu'au 31 octobre au musée des Transmissions, à Cesson-Sévigné.

L’intégration d’entraînements physiques dans l’armée a fait évoluer le sport au rythme des combats. Une exposition retrace ce processus, depuis la fin du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui.

Entre le sport et les soldats, l’idylle commence dès 1852, lorsque Napoléon III fait ouvrir l’École normale militaire de gymnastique de Joinville, introduisant ainsi l’éducation physique dans la vie des combattants. « À ce moment-là, le but de ce centre était de former les premiers militaires moniteurs de sport », expose la lieutenant Amélie Noiré, conservatrice du musée des Transmissions, à Cesson-Sévigné près de Rennes, où une exposition temporaire retrace en ce moment l’évolution du sport dans l’armée de terre. À l’occasion des Jeux Olympiques à venir, le musée offre une plongée au cœur de l’histoire du sport militaire.

Des méthodes qui évoluent


Avant la Première Guerre mondiale, l’armée française utilisait la gymnastique suédoise pour préparer ses troupes :  étirements, montées de genoux, gestes rythmés et marche synchronisée. « Une méthode qui fonctionnait bien pour former une armée de fantassins prête à obéir, résume Arnaud Waquet, enseignant-chercheur à l’Université de Lille et membre du comité scientifique de l’exposition. Il s’est avéré lors de la Première Guerre mondiale que c’était tout à fait inadapté pour des combats modernes avec des armes lourdes. »

Le programme sportif est modifié dès 1917 et remplacé par la « Méthode Naturelle », inventée par Georges Hébert, un lieutenant de vaisseau de la Marine, sur la base des thèses médicales naturistes1. « L’objectif, c’est d’entraîner le corps avec ce qu’il y a dans la nature pour qu’il soit utile, précise la conservatrice, tout en travaillant la cohésion et l’entraide. » Polyvalente et nécessitant peu de matériel, elle devient la référence de l’éducation physique pour l’armée de terre.

Quand la guerre s’en mêle


Au-delà de la préparation physique des combattants, « il y a une évolution du sport civil et militaire, liée aux deux guerres de la première moitié du 20e siècle, continue Amélie Noiré. Durant la Grande Guerre, les Alliés popularisent le rugby et le foot en France. » Des compétitions sont organisées entre soldats français et étrangers, ce qui permet de construire une cohésion, mais aussi de divertir les troupes, « diminuer le mal-être, oublier l’horreur des tranchées, s’évader le temps d’un match », complète Arnaud Waquet. De même durant la Seconde Guerre mondiale, où les compétitions sportives permises dans les camps de prisonniers ont été retracées grâce aux archives écrites et photographiques.

C’est aussi pour tenter de limiter les dégâts des combats que le sport intègre la vie des soldats. Il trouve dans la rééducation physique et morale une nouvelle fonction dès la fin de la Première Guerre mondiale, comme en témoigne un tricycle qui trône au milieu de l’exposition : actionnable à la force des bras, il permet aux amputés de continuer à se dépenser, et à se déplacer. « L’objectif ultime, c’est qu’ils puissent retourner au combat, dit bien la lieutenant, mais il y a une prise de conscience de l’importance du sport pour les blessés, y compris pour les blessures psychiques. » Présentée jusqu’au 31 octobre, la rétrospective mentionne également les compétitions militaires actuelles, peu connues du grand public.

Anna Sardin

1. Qui prennent la nature pour guide dans l’observation et le traitement des maladies.

TOUTES LES ACTUALITÉS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest

Portrait

N° 416 - Publié le 26 janvier 2024
Cet article est réservé aux abonnés
Déjà abonné ? Connectez-vous

TOUS LES PORTRAITS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest

Portrait

N° 416 - Publié le 26 janvier 2024
Cet article est réservé aux abonnés
Déjà abonné ? Connectez-vous

TOUS LES PORTRAITS

Abonnez-vous à la newsletter
du magazine Sciences Ouest

Suivez Sciences Ouest

#FemmesEnScience en conférence

Elles sont chercheuses, docteures, astrobiologistes, infirmières, astrophysiciennes, neurologues, directrices et chargées de recherche... Toutes sont venues à l'Espace des sciences pour présenter leurs travaux en conférence !

© National Library of Medicine / Unsplash

L’intelligence artificielle, pas sans elles !

 

Une conférence de 2022 présentée par Aude Bernheim, chercheuse à l'Inserm Paris.

Avec 12 % de femmes (hors des fonctions supports) dans le secteur, l’intelligence artificielle se conjugue au masculin.
À chaque étape de leur fabrication, les algorithmes des IA apprennent, certes, mais ingèrent des stéréotypes sexués, les diffusent et les pérennisent.


 

Les virus, nos improbables alliés

 

Une conférence de 2021 présentée par Tania Louis, docteure en Biologie-Santé, médiatrice scientifique et conceptrice de contenus pédagogiques.

L'histoire de notre cohabitation avec les virus est aussi longue que celle de notre espèce et il faut bien reconnaître qu'ils nous ont aussi rendu un certain nombre de services pendant ce temps. Peut-être que nous pourrions envisager de les remercier ?


 

L’Univers, notre miroir cosmique

 

Une conférence de 2023 présentée par Nathalie A. Cabrol, astrobiologiste et directrice scientifique du centre de recherche Carl Sagan de l’Institut SETI, en Californie.

Une invitation à explorer l’espace à la recherche de la vie dans l’Univers, de notre Système Solaire aux confins de l’Univers, et avec lui une vision de nos origines cosmiques et de qui nous sommes à travers les nouvelles images disponibles et les dernières avancées de la recherche.


 

L’acidification des océans, l’autre problème du CO2

 

Une conférence de 2022 présentée par Sophie Martin, chercheuse CNRS à la Station Biologique de Roscoff. Elle travaille sur les effets du changement global sur les organismes et les écosystèmes marins.

Nous avons atteint aujourd’hui des taux records de gaz carbonique émis dans l’atmosphère par les activités humaines. L’acidité de l’eau de mer a augmenté de 30 % depuis le début de l’ère industrielle et pourrait jusqu’à tripler d’ici à la fin de ce siècle.


 

👀 Vous en voulez encore ?

 

Voir plus de conférences