Les océans se réchauffent, l’air aussi
Océan et climat : des destins liés
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest
Poêles, textiles, emballages… Les PFAS ont envahi notre quotidien. Ces molécules très persistantes sont à l’origine d’une pollution chimique massive.
Un vaccin anti-tumoral est en cours de conception par une équipe de scientifiques nantais, à l’aide d’un tout nouveau procédé. Les premiers tests sur des animaux sont prometteurs.
Depuis quelques mois, une réserve naturelle bretonne a intégré des pièges photographiques à sa gestion du site. Une nouvelle approche pour comprendre les mammifères qui y vivent.
« Le terme peut paraître un peu barbare », concède d’emblée Maxime Mahé, biologiste à l’Inserm1, à Nantes. Mais il ne faut pas s’y arrêter : les organoïdes, répliques en trois dimensions de petites parties d’organes humains, sont de véritables merveilles d’ingénierie médicale. « À partir de cellules souches mises en culture, on forme en quelques jours un objet cellulaire qui reproduit une partie de la microstructure d’un organe et au moins une de ses fonctions, explique le scientifique. Par exemple, on va reproduire l’épithélium de l’intestin2, une partie de foie, de poumon ou même de cerveau. »
S’ils sont très éloignés de reproductions d’organes complets, ils peuvent entre autres faciliter le développement de traitements pour certaines pathologies. « Créer des cohortes d’organoïdes représentant différents patients fait avancer la recherche fondamentale et peut aussi permettre d’envisager une médecine personnalisée. » Des recherches conséquentes sur les traitements des cancers ont ainsi été permises grâce à la réplication de tumeurs3 permettant de tester des immunothérapies, ou encore sur les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Une semaine d’école thématique du CNRS sur le sujet sera organisée en juillet par un groupe de chercheurs spécialisés. Une troisième édition à destination des scientifiques, « ayant pour double objectif de former les professionnels qui voudraient développer ces outils et de structurer la communauté au niveau national », explique Maxime Mahé, qui est aussi le coordinateur de l’événement.
1. Institut national de la santé et de la recherche médicale.
2. Couche cellulaire qui tapisse l’organe.
3. Tumoroïdes.
Des chercheurs brestois s’inspirent de la nature pour limiter les risques de submersion, préserver la qualité de l’eau ou encore lutter contre les espèces invasives.
Pourrait-on mimer le rôle écologique des herbiers et des grandes algues marines1 pour remplacer les digues ? C’est le type de démarche au centre du projet Living Lab Ponant2, qui valorise trois axes : anticiper les effets de l’élévation du niveau des mers, améliorer la qualité de l’eau et mieux connaître les espèces invasives. Situé en Bretagne, le site d’étude s’étend sur la mer d’Iroise, la rade de Brest et ses bassins versants.
Afin de répondre à ces défis environnementaux, des solutions fondées sur la nature sont donc en cours de réflexion. « L’idée est de mettre en place des actions qui servent à gérer durablement, conserver ou restaurer des écosystèmes tout en garantissant des bénéfices pour la biodiversité », définit Coralie Pauchet, chargée du projet au laboratoire Amure3, à Plouzané, près de Brest.
Le dispositif de recherche facilite les échanges entre les acteurs du territoire, les gestionnaires, les scientifiques, les agriculteurs et les élus. « On organise des forums afin que des solutions émergent, explique Adélie Pomade, maître de conférences en droit à l’UBO4 et chercheuse dans le même laboratoire, responsable du projet. Les partenaires peuvent ainsi dialoguer sur leurs différents besoins, de la qualité de l’eau à la préservation des écosystèmes. »
Protéger la biodiversité passe notamment par la gestion des espèces invasives, dont la spartine. « Cette espèce uniformise les prés salés et menace la petite lavande de mer, une espèce patrimoniale, insiste Coralie Pauchet. Des mesures de gestion seront conçues en impliquant scientifiques et citoyens. L’une des clés pourrait être l’utilisation d’un champignon s’attaquant à la spartine. » Ces solutions seront communiquées aux acteurs et au public sur une carte interactive du territoire et un site internet à la fin du projet, en 2028. « Notre regard sur la nature doit changer, il faut prendre soin de ces écosystèmes dont nous faisons partie », rappelle Coralie Pauchet.
1. Ces végétaux atténuent la houle et contribuent à limiter l’exposition du littoral au risque de submersion.
2. Lancé l’an dernier, dans le cadre du programme national de recherche « Solutions fondées sur la nature » du plan France 2030.
3. Aménagement des usages, des ressources et des espaces marins et littoraux.
4. Université de Bretagne Occidentale.
Comment les personnes autistes sont-elles représentées dans les fictions ? Une encyclopédie en ligne va lister 115 œuvres incluant des personnages autistes, des romans aux séries, en passant par les rares jeux vidéo. Pour chaque entrée, une analyse critique sera proposée, au prisme du genre. « Toute la compréhension de l’autisme est genrée, explique Mélanie Lallet, sociologue à l’UCO1 à Nantes, coordinatrice du projet AuFic, débuté en novembre. Cela se répercute dans la fiction, avec l’archétype du génie autiste masculin, comme le médecin de la série Good Doctor. » Heureusement, le regard évolue, et les autistes s’emparent de la création, « notamment par l’écriture des romans Own Voices, incluant des personnages autistes, souvent queer, car ces identités se croisent ». L’équipe scientifique qui prépare ce corpus numérique mène en parallèle des entretiens avec des personnes concernées pour comprendre leur perception des fictions existantes. Mélanie Lallet présentera l’encyclopédie avec Kim Robert, l’ingénieur d’étude qui développe cette dernière, au 24e Congrès de la SFSIC2 à Rennes du 18 au 20 juin. Élodie Papin
Comment dire la ville ? C’est autour de cette question que se sont articulées trois journées de rencontres et de débats à Rennes, mi-mai. La première édition de cet événement au titre à l’interrogative, organisé par l’Hôtel Pasteur, la librairie Comment dire et les Éditions du commun, toutes deux rennaises, a rassemblé chercheurs et grand public sur des thématiques relatives à l’espace urbain. Parmi ces rendez-vous, une discussion sur le traitement des quartiers populaires par les sciences sociales avec trois sociologues. Les banlieues font en effet l’objet de nombreuses publications scientifiques et d’un traitement médiatique et politique exacerbé. Face à cet emballement, une ligne : « Déconstruire l’idée d’une homogénéité de ces quartiers », a souligné Sami Zegnani, sociologue à l’Université Paris 8, rejoint par son collègue Pierre Gilbert, pour qui « un ensemble de représentations sont mobilisées à travers des notions comme le communautarisme ou encore les zones de non-droit ». Place aux sciences, alors, pour comprendre avec subtilité ces quartiers et ceux qui les habitent.
Une dizaine de jeunes s’apprêtent à vivre une expérience peu commune. Courant août, ils descendront la Durance pour une expédition scientifique sur la qualité de l’eau.
Du 9 au 24 août, une dizaine d’enfants et d’adolescents descendront la Durance, de Ceillac, dans les Hautes-Alpes, jusqu’à la mer, en Camargue. Le tout à bord de canoës et ponctué de bivouacs dans la nature. Ce raid scientifique pour l’avenir de l’eau, organisé par l’association Cap au Nord – L’école face au plus grand défi du 21e siècle, constitue le deuxième volet d’une expédition débutée en février, à Ceillac justement.
En plein hiver, à 2 500 mètres d’altitude, entre des montagnes enneigées et un lac gelé, les jeunes participants ont notamment prélevé des échantillons sous la surface gelée du lac, pour les observer au microscope. Une première pour Gabriel, 9 ans, l’un des deux Bretons de l’expédition : « On a vu comme des petits fils de plastique », raconte-t-il. La présence de microplastiques dans une zone si reculée a surpris. « J’avais déjà vu des déchets dans l’océan, mais je ne savais pas qu’on pouvait en retrouver des fragments jusqu’ici », confie son frère, Maël, 12 ans, qui a participé à l’échantillonnage en plongeant sous la glace pour remplir de petites pipettes à différents niveaux de profondeur.
« À travers ce genre de protocole expérimental, on veut laisser toute la place à la découverte, que les jeunes comprennent par eux-mêmes, par exemple ici que la pollution plastique est intégrée au cycle de l’eau », souligne Philippe Nicolas, fondateur de l’association, enseignant et chercheur en sciences de l’éducation près de Paris. Toujours dans l’optique de « faire l’examen de la qualité de l’eau, du glacier à la mer », tout en réinventant le rapport à l’apprentissage scolaire, l’expédition estivale prévoit deux semaines de cheminement le long de la Durance et jusqu’aux parcs régionaux du Queyras et de Camargue. « On va notamment apprendre à lire un écosystème à l’aune de l’eau avec une doctorante qui nous accompagnera sur tout le trajet et interpréter ce que le paysage nous dit de la santé de l’eau », explique Philippe Nicolas. Un laboratoire éphémère devrait également être monté tous les jours sur le temps du bivouac pour l’analyse de prélèvements d’eau selon des protocoles élaborés avec des chercheurs. « Même si le constat ne sera pas une surprise, on sait que ces environnements sont pollués, on embarque nos jeunes pour leur dire qu’il y a des choses à faire, on propose une éducation scientifique où l’on est responsable de nos actes », souligne l’enseignant.
Maël et Gabriel ont « hâte de repartir », enthousiasmés par l’expédition hivernale et entraînés grâce à quelques week-ends de préparation qui permettent de tester le matériel et d’affûter les conditions physiques des participants. Mais aussi de faire du lien entre eux : « Les aînés transmettent aux nouveaux, ils s’enseignent des choses. C’est une démarche heureuse », sourit Philippe Nicolas.
À l’occasion de la 13e édition des Journées européennes de l’archéologie, les vestiges du passé s’exhument pour un week-end, de Chypre à Carhaix.
L’archéologie fascine, les fouilles et leurs artefacts ne cessent d’attirer les foules. C’est en tout cas ce que laisse à penser la fréquentation des Journées européennes de l’archéologie, organisées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) : l’année dernière, plus de 220 000 visiteurs étaient à dénombrer sur les 650 lieux ouverts en France pour l’occasion.
À l’origine, une journée de l’archéologie a été organisée en 2010 pour accompagner un programme dédié de la chaîne télévisée Arte. « Ça a tellement bien fonctionné que c’est rapidement devenu l’une des six manifestations nationales du ministère de la Culture, explique Pascal Ratier, chargé de la coordination de l’événement pour l’Inrap. Très rapidement, nous sommes passés à deux, puis trois jours, et enfin au niveau européen en 2019. Modestement, nous voulions inviter nos voisins limitrophes, mais nous avons été contactés par d’autres pays nous disant qu’ils voulaient en être. » Ils étaient une trentaine lors de la dernière édition : Pologne, Danemark, Estonie, Chypre, ou encore Irlande du Nord et Arménie. Les sites ouverts pour l’occasion sont prestigieux, parfois classés au patrimoine mondial de l’Unesco.
En France, de très nombreux lieux publics ou privés ouvrent leurs portes pour « montrer le travail quotidien, initier à l’archéologie et attirer de nouveaux publics », confie Christelle Stagnol, chargée du développement culturel et de la communication à l’Inrap Grand Ouest. Mais aussi pour démystifier le métier, « montrer qu’on ne fait pas des trous n’importe comment et qu’on s’appuie sur une méthodologie scientifique, avec beaucoup de spécialistes ». Conférences, rencontres avec des archéologues, chantiers participatifs, démonstrations d’archéologie expérimentale ou dépoussiérage de collections muséales, il y en a pour tous les goûts et tous les âges.
Pour sa 13e édition, du 13 au 15 juin, l’Inrap ouvre au public une trentaine de chantiers de fouilles préventives en cours, dont celui de Carhaix (Finistère). « Cette ville est bien connue pour ses nombreuses fouilles sur la période antique, précise Christelle Stagnol. Nous savons que ce chantier de 12 hectares, dont la seconde partie a commencé en avril dernier, va amener de nouvelles découvertes, puisque nous avions trouvé dans la première section une maison de la période du Néolithique, plusieurs sépultures de l’âge du bronze et une voie romaine d’une vingtaine de mètres de large. » À Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), la tour Solidor abritera des ateliers pour découvrir l’archéologie subaquatique, une facette moins connue de la discipline, et la villa gallo-romaine des Faluns, sur la commune du Quiou (Côtes-d’Armor), ouvrira exceptionnellement. De très nombreuses autres manifestations sont organisées, toutes recensées sur le site internet dédié. Avis aux curieux !
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Retrouvez tout le programme des Journées européennes de l'archéologie sur le site internet : www.journees-archeologie.eu