Les prouesses des arbres, de la sensibilité à la communication

Grand angle

N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© TEDDY VERNEUIL / LEZBROZ
Ce chêne pédonculé, vieux de 200 ans, situé à Fouesnant (Finistère), est surnommé "arbre-girafe" en raison de sa silhouette.

Au sein des forêts, des spécimens séculaires au feuillage étendu côtoient de jeunes arbustes en pleine croissance. Tout au long de leur vie, les plantes sadaptent à leur environnement grâce à des sens aiguisésétudiés par les scientifiques.

Bercée de légendes arthuriennes et symbole de la magie de Bro-céliande, la forêt de Paimpont regorge de mystères. Elle abrite notamment le multi-centenaire chêne des Hindrés, preuve vivante de la résilience des arbres. Depuis les années 1980, des études mettent en lumière certaines capacités des plantes jusqu’alors insoupçonnées. En effet, elles perçoivent de manière accrue leur environnement. La théorie plaçant les végétaux comme des êtres immobiles et vulnérables se dissipe...
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À Morlaix, une mine d’or archéologique sous l’église

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© EMMANUELLE COLLADO / INRAP
L'église des Jacobins fait partie des plus anciens bâtiments de Morlaix.

Une fouille archéologique à l’église des Jacobins, à Morlaix, a mis au jour plus de 230 tombes. Une fenêtre ouverte sur les pratiques funéraires de nos ancêtres.

Un engin de chantier est posé au beau milieu de l’église. Tout autour, des archéologues s’activent au-dessus des tranchées qui quadrillent le sol. Un ruban Led pendu entre les piliers en pierre de l’édifice jette une lumière froide sur les sépultures qu’il reste à fouiller. « Ce n’est pas courant de pouvoir étudier un bâtiment en entier comme ça », ne peut s’empêcher de remarquer Teddy Bethus. Cet archéologue à l’Inrap1, bottes fourrées aux pieds et polaire zippée jusqu’au menton, participe à la...
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Sortir les collaboratrices du vide mémoriel

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© ARCHIVES DÉPARTEMENTALES D'ILLE-ET-VILAINE / 215 W 16 55 C

À travers un colossal travail d’archives, Fabien Lostec a retracé le parcours des collaboratrices condamnées à mort à la Libération.

« Lorsqu’on parle de l’épuration, la première image qui vient est celle des femmes tondues, et dans l’imaginaire collectif elles ont été punies pour avoir eu des relations sentimentales ou sexuelles avec des Allemands. En réalité, cela ne concerne que 40 % d’entre elles, la grande majorité a dénoncé ou adhéré à des partis collaborationnistes », raconte Fabien Lostec.

Cet enseignant-chercheur en histoire contemporaine à l’Université Rennes 2 vient de publier un livre sur les femmes condamnées à mort après la Seconde Guerre mondiale1. « J’ai voulu prendre le contrepied de ce mythe des femmes comme collaboratrices sentimentales et comme seules tondues », poursuit l’historien, qui a visité plus de 60 dépôts d’archives et mis au jour des chiffres inédits. 

Entre 1944 et 1951, 651 femmes sont condamnées à mort. 247 font face aux juges2 et 46 sont exécutées, les autres sont graciées. « Jamais depuis la Révolution française autant de femmes n’ont été condamnées et mises à mort », contextualise Fabien Lostec. Mais au-delà de l’analyse statistique, le chercheur s’est attaché à reconstruire des parcours. Une manière de « faire entrer l’épuration de ces femmes dans l’Histoire » en les sortant du vide mémoriel où elles se trouvaient. Car les collaboratrices ont eu des responsabilités politiques ou policières. Elles ont parfois été violentes. D’ailleurs, à la Libération, c’est aussi cette transgression des normes de genre qui leur est reprochée.

Assimilées à des sorcières


Lors des procès, « celles qui tentent de se défendre mobilisent des arguments de genre pour se déresponsabiliser comme “je suis tombée amoureuse, je ne savais pas ce que je faisais” », illustre l’historien. L’accusation utilise elle aussi le genre, pour les diaboliser cette fois. Assimilées à des sorcières, les collaboratrices sont ainsi dépeintes comme des femmes débauchées, de mauvaises mères et épouses, en totale opposition à la figure de la résistante. « À la différence des hommes, l’influence de la vie privée est déterminante dans ces procès », résume Fabien Lostec.

Violette Vauloup

1. Condamnées à mort, l’épuration des femmes collaboratrices 1944-1951, CNRS Éditions (2024).
2. Les autres, ayant par exemple fuit à l’étranger, sont jugées par contumace.

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Habiter une vieille maison, signe de modernité ?

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© AQUAPHOTO / ADOBE STOCK
Les maisons ordinaires à une époque sont devenues plus rares et permettent aujourd'hui de se singulariser.

En s’intéressant à l’attrait pour le bâti ancien en Bretagne, une jeune morbihannaise a interrogé les notions de modernité et d’identité pour déconstruire une forme de romantisation du passé.

« On observe une quête de ruralité chez certains nouveaux habitants de la campagne, qui idéalisent la vie dans une vieille maison et recréent une réalité qui n’a parfois jamais existé », remarque Marie Chaffin. Récemment diplômée d’un master de sociologie à l’Université Paris Cité, cette morbihannaise qui travaille aujourd’hui dans le marketing s’est intéressée pendant un an à l’attrait pour le bâti ancien en Bretagne.Entre poutres apparentes et bouquets de fleurs des champs, vieux murs de...
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Bientôt une station météo sur le Roc’h Trédudon ?

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© CC BY-NC 4.0 / Anthony

C’est en tout cas le projet de Stéven Tual. Ce météorologue travaille à l’installation d’une antenne sur le toit des monts d’Arrée1 qui viendrait compléter un réseau mis en place par des particuliers et des associations pour suivre en temps réel la température, la pluviométrie, la vitesse du vent et l’hygrométrie. Mais la zone est classée Natura 2000, des discussions sont donc en cours avec le PNRA2.

Les données (en libre accès) serviraient notamment à affiner les projections climatiques à l’échelle locale et pourraient nourrir des projets de recherche. Stéven Tual espère pouvoir installer le matériel avant l’été car la station est aussi pensée comme un outil de lutte contre les incendies. « Quand il fait plus de 30 °C, que le vent souffle à plus de 30 km/h et que l’humidité est inférieure à 30 %, les risques d’incendie sont multipliés, indique le météorologue. Ces variables sont d’ailleurs déjà utilisées par les pompiers du Var, qui profitent de stations similaires pour s’adapter en temps réel aux évolutions du feu. »

Violette Vauloup

1. Avec les associations Infoclimat et Association Météo Bretagne et la commune de Plounéour-Ménez.
2. Parc naturel régional d’Armorique.

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L’Europe à la Rame, les premiers résultats dévoilés

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© STAFFAN WIDSTRAND
Christophe Gruault sur sa yole avec les déchets plastiques qu’il a ramassés à la volée.

 

Il y a près d’un an, du 1er mai au 18 juin 2023, le sportif Christophe Gruault a navigué à bord d’une yole1 sur les rivières du vieux continent, de Varsovie à Paris. Tout au long de cette ambitieuse expédition, nommée l’Europe à la Rame, le rameur a recueilli des échantillons d’eau. Grâce à l’ADN trouvé dans ces prélèvements, le chercheur Éric Feunteun, professeur du MNHN2 à la station marine de Dinard, a déterminé les différentes espèces de poissons présentes sur le trajet. Bilan : « le faible nombre d’espèces migratrices amphihalines3 traduit une dégradation majeure de la qualité et de la continuité écologique des cours d’eau parcourus », explicite le scientifique. En outre, « lorsque les rivières traversent des zones urbanisées ou d’agriculture intensive, moins d’espèces sont trouvées », ajoute Éric Feunteun. Ces résultats, présentés le 21 mars au MNHN, soulignent la nécessité d’une préservation des écosystèmes fluviaux à l’échelle européenne.

Charles Paillet

1. Embarcation légère propulsée à l'aviron ou à la voile.
2. Muséum national d’Histoire naturelle.
3. Se dit d’une espèce aquatique migrant de l’eau salée vers l’eau douce.

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Une étude pour retracer l'histoire de la rade de Brest

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU FINISTERE
Port-Launay, au sud de Brest, en 1948.
« Quand on va se balader sur le sentier côtier en rade de Brest, on peut voir que des bateaux de plaisance ont remplacé les bateaux de pêche… L’objectif d’HistoRade, c’est de comprendre comment on en est arrivé là ! », annonce Lucas Bosseboeuf, doctorant en histoire environnementale au Lemar1 et au CRBC2 à Brest. HistoRade est un projet interdisciplinaire regroupant historiens, cartographes, écologues et économistes. Leur but ? Étudier les archives avec un nouveau regard afin de mieux comprendre...
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Pourquoi l’acier rouille-t-il ?

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© PIXABAY

Le 4 avril, l’Institut de recherche Dupuy de Lôme organise un colloque en lien avec la Société française de métallurgie et de matériaux, à Lorient. L’occasion de revenir sur les interactions entre des matériaux comme l’acier et leur environnement. Un lent processus de dégradation fragilise en effet cet alliage métallique souvent utilisé pour les navires ou les plateformes offshore. « Dans la mer ou dans l’air, c’est le même processus, l’oxydoréduction », explique Varvara Helbert, ingénieure de recherche à l’Institut de la corrosion, à Brest. Une réaction chimique qui se produit le plus souvent au contact de l’oxygène (dans l’air) ou des ions chlorure (dans la mer). Le résultat est bien connu : la rouille. « Quand vous voyez des armatures en acier qui ont craqué le béton d’un ancien bunker par exemple, c’est le résultat de la corrosion. Comme le béton est poreux, les ions chlorure de l’eau de mer s’y infiltrent, attaquent l’armature, la rouille prend de plus en plus de place jusqu’à faire fissurer le béton armé », illustre la scientifique.

Violette Vauloup

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« Je parle moins de maths que de justice sociale »

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© LAURENT GUIZARD
Après avoir observé le stage et réalisé des entretiens avec les participantes, la sociologue a voulu écrire un livre accessible aux premières concernées.

Alors que de plus en plus de filles se détournent des mathématiques, Clémence Perronnet décortique les inégalités de genre et le sexisme qui entourent leur pratique, pour mieux les combattre.

Dans le cadre de la sortie de Matheuses. Les filles, avenir des mathématiques1, la sociologue Clémence Perronnet sera à Rennes les 2 et 3 avril pour rencontrer lycéens, grand public, chercheurs et futurs profs. L’occasion de « battre en brèche pas mal d’idées reçues », raconte celle qui a co-écrit ce livre au croisement de trois univers : la sociologie, les maths et les femmes.

Discriminations


Entre 2021 et 2022, la chercheuse a suivi 45 lycéennes participant à un stage de maths non-mixte, Les Cigales, qui vise notamment à les initier à la recherche en mathématiques. « Le pari, c’était d’aller regarder une toute petite population qui devient de plus en plus minoritaire : les filles de 16 ans qui font beaucoup de maths », précise Clémence Perronnet. Car en les rendant facultatives à partir de la 1e, la réforme du bac a provoqué un recul de 25 ans de la place des lycéennes dans la matière. En 2021, à 17 ans, une fille sur deux n’étudiait plus la discipline.

Trois types de personnes l’abandonnent progressivement à partir du lycée : les femmes, les personnes issues des classes populaires et celles issues des minorités. « Il y a des discriminations sexistes, élitistes et racistes dans l’accès à la pratique », résume la sociologue qui tient à rappeler que dans l’absolu, les maths ne sont pas plus importantes que les autres matières. « Il ne faudrait pas croire qu’il existe une supériorité naturelle des maths, mais c’est aujourd’hui la clé vers les meilleures études, les meilleurs emplois, les meilleurs salaires, ajoute-t-elle. Je parle moins de maths que de justice sociale, je défends moins l’accès aux maths qu’au savoir et au pouvoir. »

Le génie n’existe pas


Ces inégalités ne proviennent bien sûr pas d’écarts de capacités. « Derrière ce qu’on appelle le génie, on retrouve toujours du travail, de l’entraînement et de bonnes conditions matérielles », souligne Clémence Perronnet. La notion est d’ailleurs souvent associée au masculin, en maths comme dans toutes les disciplines à hautes capacités cognitives. « Dire que le génie ne s’explique pas est une excellente manière de justifier les inégalités », soupire la chercheuse. Une logique qui nourrit un cercle vicieux où les femmes moins éduquées aux maths réussissent moins bien, et sont donc jugées moins dignes d’être éduquées.

« Quand on comprend ça, on voit que le problème dépasse la discipline, il faut agir sans perdre de vue que c’est le sexisme global qui doit être ciblé », explique-t-elle. Les actions en non-mixité comme le stage des Cigales ont le mérite de créer des espaces où, soustraites au contexte habituel de violences et d’a priori sexistes, les filles peuvent prendre conscience du problème. Mais pour la sociologue, la solution réside surtout dans la transformation du secteur : « aujourd’hui, on demande beaucoup aux filles d’aimer les maths, mais on ne demande pas aux maths d’aimer les filles ».

Violette Vauloup

1. Clémence Perronnet, Claire Marc et Olga Paris-Romaskevich, CNRS Éditions (2024).

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« Mourir, quelle histoire ! », dans les coulisses de l’exposition

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N° 418 - Publié le 28 mars 2024
© A. AMET / CC-BY-SA

Du 16 mars au 22 septembre, l’exposition « Mourir, quelle histoire ! » s’installe au Musée de Bretagne, à Rennes. Co-produite avec l’Abbaye de Daoulas (Finistère) où elle a été présentée pendant six mois l’année dernière, elle s’intéresse aux rites funéraires à travers le temps et le monde, avec de nombreuses incursions sur les traditions bretonnes. « L’idée était de montrer ce que font les vivants pour les vivants face au deuil, retrace Laurence Prod’homme, co-commissaire de l’exposition, car aussi loin que l’on puisse remonter, aucune culture n'a jamais abandonné ses morts, sauf en temps de guerre ou d’épidémie. » Pendant les trois ans et demi de conception, cinq scientifiques ont été sollicités : deux historiens, un sociologue, une philosophe et une ethnologue. « Nous leur avons envoyé les grandes idées qu’on voulait développer et nos intentions d’objets à exposer », raconte la co-commissaire d’exposition. Une contribution nécessaire pour « s’assurer que l’on va dans le bon sens » malgré l’important travail de documentation des équipes muséales. Le visiteur retrouve d’ailleurs ces scientifiques au fil du parcours, sous la forme de capsules audio. Tous ont été interrogés sur les mêmes questions, comme « Que fait-on de nos morts ? » ou « Comment garder le souvenir des morts ? », pour lesquelles les réponses varient selon la discipline. « Ce genre de recul apporte une contextualisation précieuse sur un sujet si contemporain que la mort », ajoute Laurence Prod’homme.

Violette Vauloup

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