Ouvrir les données spatiales, le défi de l’accessibilité
Le grand bleu vu du ciel
TOUT LE DOSSIER
du magazine Sciences Ouest
Doté d’impressionnantes capacités cognitives et sensorielles, ce mollusque marin étonne et intrigue les scientifiques comme le grand public depuis la nuit des temps.
Certains travaux scientifiques présentent un risque de mésusage qui remet en cause leur légitimité et interroge sur la responsabilité des chercheurs.
À Rennes, des chercheurs veulent proposer un modèle de paysage agricole qui permettrait d’allier rendement et protection de la biodiversité.
« On peut envisager les champs autrement que sous un angle productiviste », souligne Sébastien Boinot. C’est ce que s’efforce de faire l’équipe du projet Mult-Agrim1, que coordonne ce chercheur en agroécologie au laboratoire Ecobio2, à Rennes. Depuis juin, des scientifiques étudient des parcelles cultivées sous une multitude d’angles pour mieux comprendre les effets du paysage sur les fonctions des champs.
Car ces derniers ont plusieurs fonctions : agronomique (rendement), écologique (liée à l’activité des pollinisateurs ou à la fertilité des sols), environnementale (en jouant notamment un rôle sur la pollution des cours d’eau et l’érosion), ou encore socio-économique (revenu et santé des agriculteurs par exemple). Peu d’études considèrent cet ensemble de variables. Pourtant, pour Sébastien Boinot, « c’est la seule manière de comprendre quels types de paysages permettent aux champs d’assurer un maximum de fonctions ». Par exemple, le modèle chimique intensif, très performant sur le rendement, est catastrophique d’un point de vue écologique et environnemental. « Nous n’avons plus le choix, la biodiversité est en train de s’écrouler et les sols sont de moins en moins fertiles, il faut changer de système », poursuit le chercheur, qui veut montrer que production agricole et préservation de la biodiversité ne sont pas incompatibles. Pour cela, les scientifiques analysent des données récoltées sur 40 parcelles au sud de Rennes, étudiées selon deux variables : la densité de haies et la surface en agriculture biologique autour du champ.
Le travail est loin d’être terminé mais des résultats émergent déjà. « On remarque notamment que si les haies améliorent la conservation de la biodiversité dans les champs conventionnels, c’est bien dans les champs bio qu’elles permettent d’augmenter la multifonctionnalité », indique Sébastien Boinot. Intéressant, lorsque l’on sait que 70 % des haies ont disparu des bocages français depuis 1950 selon les comptes du ministère de l’Agriculture, et que la destruction s’accélère depuis quelques années.
1. Le projet, financé par l’Office français de la biodiversité (OFB), rassemble des chercheurs des unités de recherche rennaises Ecobio (CNRS, Université de Rennes) et Bagap (Inrae).
2. Écosystèmes, biodiversité, évolution.
De nombreuses menaces pèsent sur les espèces peuplant les mers et les océans.Dans les eaux bretonnes, des bandes d’oursins déciment les forêts d’algues installées depuis bien longtemps, mettant en péril ces écosystèmes.
Le 4 septembre, l’IPBES¹, aussi appelé le « Giec pour la biodiversité », a publié la première évaluation mondiale sur les espèces exotiques envahissantes et leur contrôle.
Le genre s’intègre progressivement dans les réflexions des politiques publiques de la ville. La doctorante Elsa Koerner a noté que les femmes s’approprient plus facilement les parcs et jardins. Et si végétalisation et genre étaient les clés de la ville de demain ?
Contrairement à une idée reçue, l’espace public n’est pas fait pour tout le monde. Il serait même conçu pour des hommes jeunes et en bonne santé, au détriment de l’accessibilité des enfants, des personnes âgées ou en situation de handicap, mais aussi de la sécurité des femmes. Elsa Koerner, doctorante en sociologie au laboratoire Espaces et sociétés de l’Université Rennes 2, a remarqué que les femmes sont nombreuses dans les espaces végétalisés comme les parcs et jardins, mais ne sont que de passage dans les milieux plus urbains, souvent occupés par les hommes. « Le tournant de la végétalisation des espaces, à l’heure du changement climatique, semble être l'occasion de réaménager les villes pour une plus grande diversité d’usagers », explique-t-elle. Sa thèse Cifre¹ touche à sa fin mais a déjà reçu un prix au printemps : le trophée du Campus innovation de Rennes².
Pendant trois ans, Elsa Koerner est allée à la rencontre de professionnels rattachés aux mairies de Rennes, Le Mans et Strasbourg. Ces trois villes collaborent avec l’entreprise rennaise Aubépine, spécialisée sur l’arbre et l’aménagement urbain, qui a employé la doctorante dans le cadre de sa thèse. À la question « L’égalité femmes-hommes a-t-elle déjà été abordée dans les projets de réaménagement de la ville ? » , les élus, jardiniers, paysagistes et urbanistes ont souvent répondu par la négative, et ce malgré l'existence de groupes de travail « genre et ville » à Rennes et à Strasbourg. Face à ce constat, la doctorante a suggéré aux collectivités de mieux sensibiliser les agents municipaux. « Il faut proposer des formations concrètes aux professionnels, à partir d’exemples de projets réalisés », soulève la chercheuse.
Elsa Koerner a aussi pu observer quelques expérimentations dans la ville. « La question du genre et de la végétalisation ont comme point commun la modification de l’espace public », explique la doctorante qui a étudié les interactions entre ces deux politiques pouvant être menées de front. « Quand il a fallu réaménager une cour d’école au Mans en ajoutant de la végétation pour éviter les îlots de chaleur, une élue a suggéré d’intégrer l’égalité des genres dans la réflexion. Une aire de jeux mixte a été installée, et a posteriori c’est ce dispositif qui a le plus marqué les agents municipaux », raconte-t-elle. Elsa Koerner se dit « féministe et militante ». Pour elle, cette recherche était une question d’engagement, pour une ville durable et égalitaire.
1. Convention industrielle de formation par la recherche.
2. Le prix « Territoire et espaces publics : approche industries créatives ».